REMBRANDT : LA SAINTE FAMILLE

« REMBRANDT LA SAINTE FAMILLE 1640 Peintre hollandais Analyse ♦'Les sujets religieux sont rares dans l'art hollandais du XVIIe siècle; le protestantisme n'appréciaitpas laprésence de la peinture dans les églises qu'il voulait dépouilléeset sans orne ment.

Rembrandt fait partie des quelquesartistes de cette époque qui ont illustré des épisodes bibliques. On peut même avancerque plus que tout autre chose, outre bien sûr la représentation de l'homme, le traitement des thèmes religieux l'a fasciné.

Au début, ses scènes religieuses sont d'un réalisme violent, presque brutal.

Mais après cette période « baroque », son style s'apaise : il dépeint des événements paisibles, et parallèle ment le format de ses tableaux s'agrandit, ce qui amplifie la narration.

Dans le Nouveau Testa ment, ilprivilégie lesreprésentations de la Sainte Famille, où l'intensité des sentiments humains est mise en valeur par la tranquillité de l'atmosphère environnante.

Ici, la scène se dérouledans un intérieur hollandais qui tient lieu à la fois d'ate lieret de chambre àcoucher. Rembrandt, selon l'usage de l'époque, insère ses personnagesdans leur univers quotidien, dont les éléments servent de relais à la lumière et ont bien souvent une portée symbolique. Dans cetableau, Marie allaite l'Enfant ; Anne, sa mère âgée, tient la Bible d'une main et de l'autresoulève le tissu qui recouvre la tête de l'Enfant. Elle reconnaît le Sauveur annoncé dans l'Ancien Testament ;une lumière vive éclaire cet instant. picto MUSEE DU LOUVRE 432 PARIS XVIIe siècle Huile sur bois 41 x34 cm Détail Dans sa deuxième épître aux Corinthiens (3, 14-16), saint Paul écrit des juifs refusant le Christ : « Lorsqu'ils lisent l'Ancien Testament, ce voile demeure toujours sur leur cœur, sans être levé, parce qu'il ne s'ôte que par Jésus-Christ. » Selon latradition chrétienne, en effet,l'Ancien Testament annonce le Nouveau et ne se com prend bien que par la venue du Christ. Devant la fenêtre ouverte, Joseph est comme étranger à l'événement qui se déroule dans la pièce ; au mur sont accrochés les outils du char pentier, et lui-même est occupé à fabriquer un joug — élément symbolique qui fait référence à Isaïe (9, 3-6) : « Car le joug qui pesait sur ton peuple, la barre posée sur ses épaules, le bâton de son oppresseur, tu les as brisés... Car un enfantnous est né...

» Au fond, on entrevoitun lit, une chaise. À l'avant-plan, une splendide cheminée achève le décor. Dans l'ensemble du tableau la gamme des colons utilisés s'étage du marron chaud au rouge et au jaune. L'œuvre D Le tableau, signé et daté REMBRANDT -1640, était àl'origine arrondi dans sapartie supérieure. Il fait partie de la collection du Louvre, avec d'autres œuvres de Rembrandt dont Matthieu l'Évangéliste signé etdaté de 1661 etBethsabée avec la lettre de David de 1654. Rubens et Rembrandt •A-Les œuvres de Rubens et de Rembrandt reflètent la division politico-culturelle des Pays- Bas au xvir siècle. Rubens travaillait dans le cli mat international de la Flandre espagnole tandis que Rembrandt évoluaitdansl'ambiance mercan tile de la République de Hollande. Rubens menait lavie d'un diplomate cosmopolite alors que Rem brandt devait lutter continuellement pour s'assu rer argent et notoriété.

Rubens en contact avec les cours de Mantoue, Madrid et Paris acquit une autorité et un prestige exceptionnels comme l'un des plus grands représentants du baroque.

Rem brandt réalisa des gravuresd'inspiration reli gieuse, et des portraits de la plus intense profon deur psychologique. L'opposition entre les deux peintres est facilement perceptible si l'on observe lamanière profondément différente dont ils ont traité des tableaux d'un même sujet. Du même peintre : PICTO 427 à 441 © Nardini Editore, 1991.

VPC Larousse-Laffontpour l'éditionfrançaise,1991 Photo Lauros -Giraudon, Paris. »