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La représentation esthétique est-elle mensongère ?

Publié le 01/08/2005

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2 Le poète est un menteur.   « Poètes et menteurs. - Le poète voit dans le menteur son frère de lait qu'il a privé de son lait ; aussi ce dernier est-il demeuré misérable et n'est-il lui-même pas parvenu à la bonne conscience. » NIETZSCHE, Gai savoir, § 222.    Transition : La représentation esthétique, n'ayant pour but que d'imiter la réalité, elle se trouve nécessairement éloignée de la vérité. Cependant la représentation artistique n'est elle qu'une imitation n'est -elle pas créatrice d'une autre réalité ?   Deuxième partie : La représentation esthétique est créatrice d'une réalité et d'une vérité plus élevées.   2.1 L'art révèle la vérité enfouie sous les apparences.   « L'art dégage des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et instable la vérité contenue dans les apparences, pour la doter d'une réalité plus haute créée par l'esprit lui-même.

La représentation esthétique doit être comprise comme étant ce que permet d’exprimer l’art. L’art dans ce cas est considéré comme étant porteur de signification mais aussi comme étant un vecteur, un intermédiaire dans la mesure où la représentation implique un objet. Par exemple par un tableau le peintre pourra représenter la solitude ou la tristesse ou bien encore la joie, dans ce cas nous dirons que l’art est un moyen pour lui d’exprimer ses émotions, de les faire ressortir, de les rendre saisissables. La représentation esthétique devrait donc être le reflet des pensées ou des émotions de l’artiste. Une correspondance s’instaure entre cette représentation et ces pensées ou émotions, une représentation artistique sera dite vraie dans la mesure où elle est juste c’est-à-dire exprime correctement ce qu’éprouve ou pense l’artiste. L’art peut également avoir pour objet la réalité et dans ce cas la valeur d’une représentation artistique sera proportionnelle à la ressemblance qu’elle aura avec la réalité. L’analyse des différents objets de l’art nous amène à en souligner la vérité, entendue dans le sens d’une correspondance entre la représentation et son objet. Peut-on qualifier une œuvre d’art de mensongère ? La représentation artistique a beau avoir pour finalité d’exprimer des idées, des émotions ou des objets réels, il n’en reste pas moins qu’elle n’est qu’une représentation et ne peut donc pas prendre la place de son objet. Comme le rappelle le tableau de Magritte «  ceci n’est pas une pipe « la pipe représentée sur le tableau n’est pas une pipe, un écart émerge donc entre la réalité et la représentation esthétique. En ce sens si la vérité doit être comprise comme étant une correspondance la représentation esthétique ne pourra être dite vraie puisqu’il réside toujours une différence entre elle et son objet, entre la pipe et le tableau représentant la pipe. La correspondance s’avère donc imparfaite et le tableau peut être dit irréel ou faux. Pour autant la représentation esthétique n’a-t-elle pour fonction que de « coller « le plus possible à la réalité ? Dans ce cas elle ne pourra être qu’approximative et ne pourra jamais être dite vraie. La vérité d’une représentation esthétique doit-elle être différenciée de la vérité correspondance qui prend pour critère la réalité ?

« abandonne à l'entendement la sphère de la réalité où celui-ci est chez lui ; qu'il aspire à engendrer l'idéalen le faisant surgir de l'union du possible et de la nécessité.

Qu'il en mette l'empreinte dans les fictions etdans la vérité, dans les jeux de son imagination et dans la gravité de ses actes, dans toutes les formessensibles et spirituelles, et que silencieusement il le projette dans l'infini du temps.

» SCHILLER. Transition : La représentation esthétique est au service d'une autre vérité que la vérité correspondance. Mais ne risque-t-elle pas alors de sombrer dans l'absurde et de perdre sa fonction en tant qu'elle doit nouspermettre d'exprimer notre rapport au monde ? Troisième partie : La représentation esthétique doit avoir un sens et ne doit pas être coupée totalement du réel. 3.1 L'art doit être porteur de signification et servir la vérité. « L'art dépourvu de sens commence à perdre en même temps son droit à l'existence, du moins après que tout ce qui résistait jusqu'à une époque récente l'ait perdu.

A la question du pourquoi de son existence, il n'y auraitd'autre réponse que ce que Goethe appelait le résidu de l'absurde que contiendrait tout art.

Ce résidu monte à lasurface et dénonce l'art.

De même qu'il possède au moins une de ses racines dans les fétiches, de même il régressedans le fétichisme par son progrès inexorable, devient pour lui-même aveugle fin en soi et s'expose comme fausseté,sorte de délire collectif dès que son contenu de vérité objectif, en tant que sens, commence à vaciller.

» ADORNO,Autour de la théorie esthétique. 3.2 La représentation esthétique rend la vie plus supportable et ne sert que dans un deuxième temps la vérité. « L'art doit surtout et avant tout embellir la vie, nous rendre donc supportables et, si possible, agréables aux autres : cette tâche sous les yeux, il nous modère et nous tient en bride, crée des formes de civilité, lie desêtres sans éducation à des lois de convenance, de propreté, de courtoisie, leur apprend à parler et se taire au bonmoment.

L'art doit ensuite dissimuler ou réinterpréter toute laideur, chaque trait pénible, horrible, dégoûtant, qui necessera de reparaître en dépit de tous les efforts, conformément à l'origine de la nature humaine ; il doit surtoutprocéder ainsi au sujet des passions, des douleurs et des angoisses de l'âme, il doit, dans la laideur inévitable ouinsurmontable, laisser transparaître son côté significatif.

Après cette grande, cette trop grande tâche de l'art, ce qui se dit proprement de l'art, celui des oeuvres, n'est qu'un appendice.

Un homme qui sent en soi unesurabondance de ces vertus d'embellissement, d'occultation et de réinterprétation, cherchera finalement à sedécharger encore de ce superflu dans des oeuvres d'art ; dans certaines circonstances, tout un peuple fera demême.

- Mais d'ordinaire, on prend maintenant l'art par l'autre bout, on se raccroche à sa queue, et on se figure que l'art des oeuvres d'art est le vrai, que c'est à partir de lui qu'il faudra améliorer et transformer lavie - fous que nous sommes ! À commencer notre repas par le dessert et à savourer douceurs sur douceurs, quoi d'étonnant si nous nous gâtons l'estomac et même l'appétit pour la bonne chère solide et nourrissante, àlaquelle l'art nous convie ! » NIETZSCHE, Humain, trop humain, II, 174. CONCLUSION La représentation esthétique n'est pas mensongère en tant qu'elle est irréductible à une imitation du réel.

La vérité qu'elle vise est ailleurs.

Pour autant elle ne doit pas impliquer un détachement complet d'avec le réel car dansce cas l'artiste risque de se fourvoyer dans l'absurde, et donc de ne pas être reconnu puisque son oeuvre seraitincommunicable.

L'oeuvre d'art doit être porteuse de sens et le décalage existant entre l'art et la réalité est expliquépar une nouvelle définition de l'art : l'art est interprétation du réel.. »

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