La résistance communiste en Europe pdenfant la seconde guerre mondiale

La résistance communiste en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale La révolution russe de 1917 met en place le premier régime communiste de l'Histoire. Avec la création du Kominterm les soviétiques veulent diffuser la révolution communiste dans l'Europe. Malgré l'échec de la vague révolutionnaire, de nombreux partis communistes se forment et gagnent en influence dans les pays d'Europe. Seulement la méfiance des Etats démocratiques face au régime soviétique et la montée en puissance de l'Allemagne nazie freinent l'expansion des partis communistes en Europe. L'occupation progressive de l'Europe par les nazis dès 1940 met en suspens l'avenir des partis communistes. La résistance est l'activité clandestine qui entravent les desseins de l'occupant et qui s'inscrit souvent dans le contexte d'une organisation. Comment la résistance communiste pendant la Seconde Guerre mondiale est-elle devenue un des principaux acteurs de la résistance européenne ? I Un engagement progressif des communistes dans la Résistance en Europe A) Au Début de la guerre, une situation défavorable à une résistance communiste 1. Les partis communistes ont perdu de leur influence La plupart des partis communistes en 1939 est dissoute, les cadres et responsables sont souvent en exil ou prisonniers. Jusqu'en 1939 les communistes ont été en opposition avec les politiques de laisser faire face à la montée du nazisme des Etats. En Allemagne la résistance ouvrière de gauche est la 1ère résistance face à Hitler. Le parti rentre en clandestinité dès janvier 1933 et la mise en place de la dictature. Les communistes sont les premiers à être victimes de la répression nazie. En France le parti est profondément isolé, dissolution par Daladier en Septembre 39. En Pologne répression intense des communistes dès l'entre-deux guerre. 2. Le pacte germano-soviétique augmente l'isolement des communistes L'antifascisme des communistes européens rentrent en contradiction avec le pacte signé par l'URSS le 23 août 1939. Il désoriente les partis. L'isolement des communistes s'intensifie ils sont vus comme des ennemis de l'intérieur dans les pays occupés. En Belgique les premiers mouvements de résistance considèrent les communistes comme des ennemis. Dans les pays occupés ils continuent à subir une forte répression. Fort décalage entre les directions des partis et les militants. La plupart des leaders communistes garde une attitude réservée pour ne pas rentrer en contradiction avec l'URSS. B) L'opération Barbarossa lance la Résistance communiste 1. Le réveil des cadres La direction des partis essaient de reconstituer les réseaux sans se livrer à des actes de résistance. En France l'influence du PCF recommence surtout dans les milieux ouvriers et dans le Nord. Mise en place de la propagande. En Allemagne les anciens cadres essaient de reconstruire le parti. Les derniers partis communistes sont interdits : ex Belgique 1941. Les partis communistes rentrent dans la résistance. 2. Le début de la mobilisation générale Les partis ont mobilisé leur énergie contre l'occupant allemand. En Yougoslavie, en 1941 l'agression allemande a blessé l'orgueil national, les Yougoslaves décident de rentrer en résistance. Les mouvements de Résistance regroupent d'abord les communistes ayant combattus dans les Brigades internationales. Avec l'instauration du travail obligatoire (STO) la Résistance communiste gagne en influence grâce aux réfractaires. Les actions se limitent d'abord à la propagande et au sabotage. Des groupes antifascistes italiens clandestins réfugiés en France fondent en octobre 1941, à Toulouse, un comité unitaire pour la lutte en Italie, qui inclut les communistes. C) La résistance communiste devient un mouvement prépondérant dans la Résistance en Europe. 1. Conditions propices à l'accélération de la résistance communiste Tradition du militantisme des communistes, premiers antifascistes. Avec durcissement des conditions d'occupation la résistance s'accélère. La chute de Mussolini et l'envahissement du pays par l'Allemagne entraine le réel développement de la résistance italienne. L'amnistie prononcée par le nouveau gouvernement italien amène à la libération de nombreux détenus politiques, dont des communistes italiens, prêts pour beaucoup à reprendre la lutte. Revers de l'Allemagne et victoires de l'URSS relancent la mobilisation communiste. Moscou incite les partis communistes à rentrer et à se rebeller. 2. La domination communiste installée. Dans la plupart des pays occupés les résistants dominent les différents mouvements de résistance. En France les communistes deviennent le moteur de la Résistance intérieure. En Pologne occupée, le Parti ouvrier polonais lève une force armée. En Yougoslavie les britanniques et les forces soviétiques se coordonnent et soutiennent les partisans communistes de Tito qui est considéré comme le chef du maquis. Tito constitué une vraie armée et attaque frontalement les Allemands. La libération des pays occupés est présentée comme liée au sort de l'URSS. II L'organisation de la lutte communiste en Europe A) Les structures de la résistance communiste 1. Les communistes s'organisent Mise en place de comités populaires: associations de secours et de solidarité. Les résistants communistes s'organisent dans des mouvements. En France le PC crée le Front National ainsi que les Francs-tireurs et partisans qui ont un poids très important dans la résistance intérieure. En Belgique le PC anime le Front de l'indépendance. A l'Est les mouvements se doublent d'une branche armée. En Pologne le Parti ouvrier : force armée, l'Armée du Peuple. En Grèce, le Parti communiste forme l'Armée populaire de libération nationale une la branche armée du Front de libération nationale. 2. La composition des mouvements se diversifie En Europe de l'Ouest les femmes et les enfants s'impliquent dans les mouvements de résistance communistes. Ils permettent de leurrer plus facilement les occupants. En Europe de l'Est les communistes cherchent à mobiliser les populations en jouant sur les sentiments de nationalisme. Les Partisans yougoslaves ont pour avantage de constituer la seule force de résistance authentiquement« yougoslave « : ils parviennent en effet à attirer des membres issus de différentes nationalités yougoslaves. En Allemagne les communistes créent des cellules dans les entreprises et les usines pour attirer des résistants. B) Les moyens de lutte 1. La résistance civile Refus de se laisser faire, maintien de la tradition, doctrine et solidarité. Lutte politique, patriotique : presse, tracs, contre-propagande, envoie de renseignements à Moscou. Manifestations et grèves sont organisées par des mouvements ouvriers pour déstabiliser les occupants et relever le moral des populations. En Allemagne les groupes communistes essaient de se rapprocher des milieux militaires pour pousser les soldats à déserter et à s'allier aux soviétiques. 2. La résistance militaire Les mouvements de résistance communistes mènent aussi une lutte armée avec les opérations de sabotage, les attentats, les attaques de soldats allemands. Organisation de réseaux d'évasion. La guérilla est surtout présente en Europe de l'Est et dans les Balkans. En Pologne formation l'Armée du Peuple. En Yougoslavie de véritables batailles rangées opposent les partisans de Tito aux divisions allemandes. Le mouvement de résistance communiste en Grèce stoppe le trafic du chemin de fer pendant plus d'un mois. La guérilla communiste parvient à reprendre des territoires. 3. Répression et conditions de la résistante Dans l'ensemble des pays occupés par l'Allemagne, les communistes sont à partir de 1941 une cible privilégiée de la répression et de la déportation. Règles draconiennes de sécurité, discipline et structure gage d'efficacité. Cloisonnement entre les contacts, la clandestinité devient le seul gage de sécurité pour certains. L'alourdissement de la répression resserre les liens entre les différentes formes de militantisme et crée des figures héroïques de résistants. La résistance belge renonce à attaquer les collaborateurs à cause de la forte répression. Les mouvements de résistance allemands sont souvent éphémères à cause de la très forte répression de la Gestapo. C) La dimension internationale de la résistance communiste 1. Aide des pays capitalistes Les Britanniques et les Américains voient dans les mouvements de Résistance communistes une aide occasionnelle. Envoie d'armes et de capitaux. G-B devient une plaque tournante de la Résistance. Royal Navy aide Tito à rentrer en Yougoslavie. SOE : (Special Operations Executive) organisation britannique, créée en juillet 1940 : aide aux résistants, sabotage et recrute des unités spéciales. OSS (Office of Strategic Services) organisation américaine qui soutient les partisans italiens, roumains ... par renseignement, envois d'officiers, propagande. 2. Relations avec l'URSS Moscou incite à la relance de la résistance communiste après l'agression allemande. L'URSS pousse les communistes à intensifier les actions de guérilla, les attentats et les sabotages. Les résistants communistes aident les soviétiques en fournissant des renseignements sur l'armée allemande et grâce à des actions de sabotage. Les divergences avec les Alliés et l'URSS portent préjudice aux mouvements de résistance intérieure comme en Pologne ou en Yougoslavie. Comité national pour une Allemagne libre créé en juillet 1943 à Moscou. Soutient l'Armée populaire en Pologne. 3. Liens entre les résistances communistes Les résistants allemands s'engagent également systématiquement dans la résistance des pays où ils se trouvaient: URSS, Slovaquie, Yougoslavie, Grèce, Pologne, Albanie, Danemark, Italie, Belgique... Le Mouvement de libération nationale albanais, contrôlé par les communistes, bénéficie du soutien logistique et militaire des Partisans yougoslaves de Tito. Liens forts entre Résistance communiste française et belge francophone. III Le poids de la Résistance communiste à la fin de la guerre A) Les réactions de la résistance communiste face aux autres mouvements de Résistance 1. La résistance communiste s'allie autres mouvements pour une victoire finale Certains mouvements de résistance communistes s'allient aux autres mouvements de résistance intérieure. Belgique : tous les groupements armés s'unifient en juin 1944: Forces belges de l'intérieur. Communistes italiens envisagent de mener une « révolution prolétarienne « espoirs coupés court par Comité de libération nationale en décrétant que l'objectif de la lutte antifasciste est de construire un État démocratique en Italie. La résistance communiste s'allie aux autres partis dans le CLN. En France communistes sortent de leur isolement et rentrent dans le Conseil National de la Résistance pour l'unification de la Résistance intérieure mais gardent fort pouvoir. 2. Ou une rupture totale entre les mouvements communistes et non communistes Dans les Balkans occupés, la résistance prend également l'aspect d'une guerre civile entre les factions communistes et non communistes pour le contrôle de la résistance nationale. En Grèce deux mouvements se disputent le pays : l'EDES, royaliste, et l'ELAS, communiste. Les communistes yougoslaves se trouvent bientôt en conflit avec les Tchetniks, résistants nationalistes serbes, la guerre de résistance en Yougoslavie se double d'une véritable guerre civile. En Pologne l'Armée du Peuple ne vient pas en aide aux autres mouvements de résistance lors de la répression allemande de Varsovie. B) La résistance communiste dans le processus de libération 1. L'aide des mouvements communistes pour faire basculer le rapport de force Les résistants communistes ont eu un impact réel sur la guerre. Les attaques des partisans yougoslaves mettent en péril les lignes de communication allemandes avec Grèce. Les victoires de Tito influencent le cours de la guerre à l'Est et dans la Méditerranée. Résistants sont une source non négligeable de renseignements et un appui précieux pour les sabotages stratégiques qui aidèrent les offensives alliées comme le débarquement en Normandie ou l'opération Bagration en Biélorussie. 2. La libération se fait conjointement avec les forces alliées. En 1944, Tito « autorise « l'Armée rouge à rentrer en Yougoslavie ce qui oblige l'Armée allemande à battre en retraite. Et ainsi permet aux Partisans de Tito de prendre Belgrade presque par leurs propres moyens. En Pologne l'arrivée de l'Armée Rouge permet aux résistants communistes de prendre le pouvoir et de finir de chasser les Allemands. Dans les pays de l'Ouest après le débarquement et la fuite du gros des troupes allemandes des maquis communistes se soulèvent et arrivent à libérer des partis du territoire. C) L'influence de la résistance communiste à l'Armistice en Europe. 1. Les mouvements de résistances communistes sont soit exclus du pouvoir... La résistance communiste grecque domine très largement les autres mouvements à la fin du conflit mondial. Les Britanniques, qui souhaitent prévenir une prise de contrôle par les communistes, débarquent et soutiennent les royalistes qui gagneront le pouvoir à la fin d'une guerre civile sanglante. En Pologne comme dans la plupart des pays de l'Est les mouvements de résistance communistes sont majoritaires à la fin de la guerre mais l'Armée Rouge place à la tête du gouvernement ses partisans. Tout le pouvoir est alors accaparé par Moscou. 2. ...soit y participent Dans plusieurs pays occidentaux, les communistes deviennent à la fin de la guerre, grâce à leur implication dans la résistance, des acteurs essentiels de la vie politique : tout en demeurant des alliés de l'URSS, les partis communistes restent des partis de premier plan. Le PCF n'a pas réussi à fédérer les forces résistantes, mais reconnaissance de leur impact national. Le PCF rentre dans la sphère gouvernementale. Les communistes italiens se garantissent une place de premier plan grâce à leur forte implication dans la lutte antifasciste. Le Parti communiste italien participe aux gouvernements provisoires successifs. 3. L'exception de la Yougoslavie Staline tient sa promesse de quitter la Yougoslavie à la fin des combats en mai 1945.Tito à la fin de la guerre acclamé comme le seul chef maquisard à avoir libéré son pays par la guérilla. Accepte en mars 1945, à la demande des Britanniques, de reconnaître l'existence d'un conseil de régence, mais détient dans les faits la totalité du pouvoir à la fin du conflit. Les communistes proclament la République, celle-ci est dirigée par les Partisans de Tito. Conclusion : Au début de la guerre rien ne laisse présager l'ampleur de la résistance communiste en Europe. Les communiste sont isolés, déstructurés et ont perdu de leur influence notamment à cause du pacte germano soviétique. La fin du pacte fait rentrer les communistes dans la Résistance jusqu'à en devenir un des acteurs principaux. Les communistes s'organisent et mettent en place une résistance civile et militaire. Les résistances communistes ne se limitent pas à une dimension nationale mais ont des liens vers l'international. En Europe de l'Ouest les mouvements communistes s'allient aux autres mouvements de résistance tout en gardant une forte influence. En Europe de l'Est et dans les Balkans les mouvements communistes et non communistes se déchirent. La Résistance communiste a participé le long de la guerre au renversement du rapport de force en faveur des Alliés et aident à la libération du territoire. Seulement à l'armistice tous ne se trouvent pas dans la même position pour la reconstruction des gouvernements. En Extrême Orient où les territoires sont occupés par les japonais, des mouvements de résistances communistes naissent aussi. Comme le Viêt Minh : le parti communiste nationaliste vietnamien qui chasse les japonais hors du territoire lors de la révolution d'Août 1945. Bibliographie : John Keegan : La deuxième Guerre mondiale Collection tempus 1989, 810 pages François Marcot : Dictionnaire historique de la Résistance, collection Bouquins 2006, 1187 pages Alya Aglan, Le temps de la Résistance, Collection essais sciences 2008, 380 pages Antoine Sidoti : Partisans et Tchetniks en Yougoslavie durant la Seconde Guerre mondiale, Collection CNRS Histoire 2004, 384 pages