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Les Ressorts Du Comique Dans Fin De Partie De Samuel Beckett

Publié le 16/10/2010

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Samuel Beckett est un écrivain, dramaturge et poète. Il est l’auteur de « Fin de partie » créée en français le 1er avril 1957. Ses ½uvres principales sont «  En attendant Godot », « la trilogie: Molloy, Malone meurt, l’Innommable » et « Fin de partie ». Son nom est généralement associé au théâtre de l’absurde. Il appartient donc au mouvement de l’absurde et au genre du théâtre de l’absurde, terme formulé en 1962 par l’écrivain Martin Esslin. Ce genre traite fréquemment de l’absurdité de l’homme et de la vie en général. Beckett a cette particularité avec Eugène Ionesco d’exposer une philosophie dans un langage lui-même absurde, réduisant les personnages au rang de pantin, détruisant entre eux toute possibilité de communication . Nous allons voir les différents ressorts de comique dans «  Fin de partie » . Dans un premiers temps nous identifierons et analyserons les différentes formes de comiques. Puis dans un second temps leurs buts majeurs . Pour faire rire au théâtre, il existe différents procédés qui reposent sur des moyens divers. Le comique de gestes fait parti de l’un d’eux. Ce comique de gestes est mis en avant par des positions ridicules, des expressions du visage prononcés, le ton de la voix , mais aussi parfois par des costumes extravagants ou ridicules. Nous connaissons des comiques de gestes qui ressemblent a des stéréotypes, comme les coups de bâtons , ou le lancer de tarte à la crème , provoquant le rire chez les lecteurs ou spectateurs de la pièce. Dans «  Fin de partie » , nous pouvons dire que le comique de gestes est incarnée par Clov . Clov est un personnage exposant la souffrance à l’état pure . Il est raide, bloqué, sa démarche est vacillante. C’est un être dont le déplacement est difficile. Chacun de ses gestes amène à la démesure et à l’excès entraînant un rire mécanique du spectateur face à un comédien jouant une pièce à lui tout seul sans même prononcé un seul mot . La pièce de Samuel Beckett n’est pas conçue de façon classique, il n’y a pas d’acte ni de scènes bien distinctes. On peut néanmoins percevoir une chronologie de ce qui pourrait s’appeler des « scènes » Dans cette scène Clov découvre qu’il a une « puce », « Clov (avec angoisse, se grattant). J’ai une puce! » , nous avons face à nous un homme aux gestes maladroits se grattant avec démesure tout en sortant de scène , puis refait son apparition avec «  un carton verseur à la main » , nous voyons un excès par l’objet utilisé , tout est grand et impressionnant . «  Clov dégage sa chemise du pantalon, déboutonne le haut de celui-ci, l’écarte de son ventre et verse la poudre dans le trou. Il se penche, regarde, attend , tressaille, reverse frénétiquement de la poudre, se penche, regarde, attend », cette didascalie impose le rire au public , de part sa répétition de mouvements saccadés et maladroits mais aussi par sa mise en scène , d’un personnage versant en énorme quantité une poudre blanche à l’intérieur de son propre pantalon provoquant par le mouvement et l’agitation un nuage abondant de fumée , mais aussi par la tenue du personnage extrêmement grande pouvant permettre d’introduire un « carton » d’insecticide sur lui . Cette démesure fait rire, mais ces gestes maladroits et répétitifs , nous les retrouvons nous aussi dans notre vie de tous les jours, ce rire que l’on porte sur ce personnage , et en faite un rire sur nous, nous nous moquons de nous même . Le second procédé comique que nous étudierons sera le comique de paroles, ou de mots . Les auteurs de théâtre, de comédies usent et abusent de la langue française, pour faire de cette langue un vrai jeu de mots. Ils jouent sur les mots, sur les sons , sur la langue, sur les répétitions afin de provoquer le rire de l’interlocuteur. Beckett nous fournit durant toute son ½uvre une quantité impressionnante de comique de mots . Pour illustrer ce comique , nous allons étudier la suite de la scène de la « puce » : «  - Hamm : tu l’as eue ? - Clov : on dirait. ( il lache le carton et arrange ses vêtements.) A moins qu’elle ne se tienne coite. - Hamm: Coïte ! Coite tu veux dire. A moins qu’elle ne se tienne coite. - Clov : ah ! On ne dit pas coïte ? - Hamm: mais voyons ! Si elle se tenait coïte nous serions baisés. » Nous avons ici à faire à plusieurs comiques de mots . Tout d’abord avec la ressemblance visuelle des deux mots «  coite, coïte » , puis ressemblance auditive amenant Samuel Beckett à jouer avec la répétition de ce mot provoquant presque une certaine mélodie ou refrain dans le texte pouvant faire rire . Mais le comique se retrouve principalement sur la différence de sens que ces mots ont entre eux , malgré leur ressemblance de sonorité . Coite signifie être figé, sans vie alors que coïte veut dire donner la vie , ce sont des opposé . Beckett ramène à cette opposition de façon vulgaire un synonyme « baisés ». Hamm rétablit donc du sens en produisant un mélange de termes heureux entre vulgarité et mot soutenu .Nous pouvons constater le même type d’exemple dans une discutions entre Nagg et Nell , « Nagg : tu m’entends ? - Nell : oui . Et toi ? - Nagg : Oui. ( un temps.) Notre ouïe n’a pas baissé. - Nell : notre quoi ? - Nagg : notre ouïe. - Nell : Non . ( Un temps) As-tu autre chose à me dire ? » Nous avons toujours un jeu de mots, de repetitions et de son , amenant à l’expression « nous sommes face à un discours de sourds » . Le rire du spectateur contre ce personnage se retourne contre lui, puisque nous deviendrons tous des êtres âgés , par conséquent notre corps, notre ouie , notre odorat ne serra plus comme aux premiers jours et nous nous retrouverons face à cette situation . Beckett ne fait pas que jouer avec le sens des mots ou leurs sons, il s’amuse avec les genres , passant du langage enfantin «  gros bobo » au langage soutenue «  une intelligence, revenue sur terre, ne serait-elle pas tentée de se faire des idées à force de nous observer ? » ; le langage enfantin ne laisse pas espérer de raisonnement ni une quelconque logique, alors que la suite de la réplique montre un raisonnement qui peut sembler correcte, ce changement de registre amène au rire . Mais il passe aussi du registre vulgaire au soutenu. Nous allons maintenant étudier le comique de situation . Ce comique intervient lorsque la situation en elle-même devient drôle. La situation devient comique généralement par la mise en difficulté d’un des personnages. A travers le roman de Beckett le comique de situation se caractérisera principalement , par une situation inattendue, nous amenant à la gène. «  Clov : Et ce pipi ? - Hamm : ça se fait. », Hamm se trouvant au centre de la scène s’urine déssus , c’est une situation grotesque à première vue, mais il nous montre clairement qu’il est en dessus de la condition d’homme, le rire provoqué par cette situation, rire souhaité par l’auteur nous parait d’un coup désagréable . Les personnages rient d’eux même , mais le rire des ces personnages est en faite une attaque violente au public qui est pris comme cible face à une situation dérangeante face à une situation décalée . Ensuite nous verrons le comique de caractère qui se traduit par un théâtre ou l’auteur met en scène des personnages qui ont des défauts , des vices . Ces défauts sont accentués à l’excès volontairement pour faire rire . Un exemple frappant de la littérature française utilisant ce procédé est Molière avec l’ Avare, qui se soucie du moindre Louis d’or . Dans «  Fin de partie » , Clov et Hamm incarnent le comique dans sa dimension la plus classique . Ces deux personnages sont des caricatures . Hamm représente le chef, mais il n’a rien d’un chef. Néanmoins on le pense chef car il a un rôle actif . Il détient la parole mais ne reste que le bouffon , il fait croire a une intelligence qu’il n’a pas , construit des raisonnements incomplets et dépourvus de sens . Ces deux personnages s’humilient au point de nous mettre mal à l’aise . Et pour terminer nous analyserons le comique de m½urs . Ce comique se trouve dans l’ensemble d’une pièce de théâtre . Ce procédé est la dénonciation des vices de son temps par le dramaturge. Il souhaite par sa comédie montrer les défauts de son époque et les ridiculisé par de multiples moyens comme la satire. Beckett aborde tout au long de son ½uvre des thèmes forts. Il parle de la procréation , du maintient de la vie. Il s’attaque aux valeurs morales, et à la nature même de l’homme. Ces deux personnages qu’il a crée rient , mais ce n’est que cynique . Ils rient, ils rient sur scène , ils rient d’eux même , ils nous imposent le rire , afin de rire de nous .C’ est une perpétuelle agression du rire qui nous ai faite durant toute la lecture de l’½uvre. Hamm nous fait rire en nous imposant sa vision dégradante et pessimiste de l’homme . L’homme n’est selon lui égale qu’à une « puce » , l’ humanité est rattachée à la « baise » , cette méchanceté de Hamm nous impose une vision tragique de la condition humaine , mais nous fait rire par l’excès de ses propos «  - Rien n’est plus drôle que le malheur  - si si c’est la chose la plus comique au monde » . Hamm impose une prière aux autres personnages, « Nagg : Notre Pére qui étés aux … - Hamm : Silence ! En silence ! Un peu de tenue ! Allons y . ( attitudes de prieres. Silence. Se décourageant le premier.) Alors ? - Clov ( rouvrant les yeux ) Je t’en fous ! Et toi ? - Hamm : Bernique ! ( a Nagg) Et toi ? - Nagg : Attends ( un temps. Rouvrant les yeux.) Macache ! - Hamm : Le salaud ! Il n’existe pas ! » Nous avons ici une forte dénonciation de la pensée de Beckett sur la religion , dite toujours avec une touche d’ironie amenant sa vision avec douceur . Samuel Beckett a construit son ½uvre autour de tous les ressorts du rire qui existent . Il se sert de ce rire , nous manipule avec son rire pour nous faire passer sa philosophie langagière de l’absurde sur la communication dans ce que l’on pourrait appeler un couple, mais aussi face à des thèmes importants de la vie, comme la procréation, l’humanité . Il nous fait rire de personnages qui passent du grotesque, au cynisme , de l’enfance à la voix de l’intelligence , pour nous agresser nous même par notre propre rire .

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