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RETOUR DE KANT A LA MÉTAPHYSIQUE TRADITIONNELLE

Publié le 21/03/2011

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   Ces conclusions métaphysiques, on pourrait dire religieuses, de la Critique de la raison pratique indiquent très nettement les dispositions morales de Kant en cette dernière période de sa vie et le terme où s'acheminait sa pensée. Son esprit revient avec une complaisance obstinée aux croyances de sa jeunesse. Elles n'avaient jamais cessé de lui être chères ; mais dans sa préoccupation rationaliste, dans son désir de voir clairet de n'affirmer qu'avec certitude, elles restaient à l'horizon de sa pensée, sans en occuper le champ, objet lointain d'admiration, de respect et d'espérance. Mais en avançant en âge, il semble que Kant ait éprouvé de plus en plus le besoin de s'en rapprocher ou de les rapprocher de lui. Il faut qu'il fasse de ces belles espérances un objet de doctrine. Sans doute son rationalisme, au moins en intention, ne faiblit pas : l'incertain, ou mieux l'indémontré, reste tel. 

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« représentation.

Cette finalité est la beauté, à l'étude de laquelle Kant consacre la moitié de sa troisième Critique.

Ily a aussi finalité quand l'ensemble des lois qui président à la formation d'un objet semblent avoir dans le concept decet objet la raison de leur unité.

Une telle finalité ne se voit nettement que dans les êtres organisés, dans lesvivants, où le concept du tout semble déterminer les parties.

Mais quand une fois l'esprit l'a constatée dans ces casprivilégiés, il la généralise, l'étend à toute la nature et adopte volontiers ces axiomes : rien n'est en vain; tout a sonbut.

One telle conception serait inconciliable avec celle du mécanisme que l'entendement nous impose, si l'on ne sesouvenait qu'elles ne sont pas affirmées au môme point de vue.

L'entendement, en affirmant le mécanisme, énonceles lois objectivement nécessaires des phénomènes ; le jugement, en affirmant la finalité, énonce la loisubjectivement nécessaire de notre interprétation des choses, loi qui a sa raison dans l'impuissance où nous sommesde retrouver les causes mécaniques d'où résultent les plus hautes productions de la nature.

Où le mécanisme nouséchappe, la finalité nous aide à comprendre. Sous cette réserve qu'il n'y a là qu'une interprétation subjective, Kant admet que l'on peut ou doit se donner unevue générale du monde d'après l'idée de finalité.

Sa conception se ramène à deux thèses essentielles.

D'abord lemonde peut être conçu comme une hiérarchie de fins dont la plus haute, celle qui donne son sens à l'ordre del'univers, ne peut être qu'une fin absolue.

C'est l'homme, en tant qu'être moral.

L'homme ne peut être la fin de lanature qu'autant qu'il s'en affranchit.

La moralité seule le rend à lui-même.

En ce sens, si la nature prépare ou dumoins permet, en s'y subordonnant, la moralité, nous avons dans ce point de vue de la finalité un moyen deconcilier, au moins subjectivement, dans notre représentation, la nature et la liberté, l'ordre physique et l'ordremoral; et nous comprenons comment la moralité peut être réalisée par le vouloir de l'homme dans le règne de lanature, ce qui était un postulat de la morale.

En second lieu, comme l'idée de finalité implique l'idée d'une causeintelligente, l'idée d'une finalité de la nature et d'une hiérarchie de ses fins nous conduit à concevoir une causeintelligente du monde, et, par cette voie encore, nous revenons à Dieu, auquel en définitive conduisent toutes lesavenues de la philosophie kantienne. Kant nous rappelle sans cesse que ce sont là des considérations subjectives.

Mais d'abord d'en éprouver ainsi lebesoin, de vouloir à tout prix une métaphysique, ne fût-elle que représentative, et de restituer sous cette forme lesconceptions traditionnelles, c'est un trait bien significatif.

D'autre part, on se demande, à voir la complaisance aveclaquelle Kant s'attarde à ces considérations, s'il ne leur attribue pas au fond plus de vérité qu'il ne le croit lui-même.Et, au fait, en tant que ces vues concordent avec les conclusions objectives (bien qu'objets d'une foi purementmorale) de la Critique de la raison pratique, ne reçoivent-elles pas de cet accord une certaine objectivité ? Enfin çàet là, dans cette troisième Critique, quelques mots donnent à entendre que ce qui est présenté comme simplefiguration pourrait bien avoir une signification plus haute.

Il y est parlé d'un principe commun plus profond où sereconstitueraient le mécanisme et la finalité, principe qu'une intelligence intuitive, —ce que la nôtre n'est pas, —pourrait apercevoir.

Donc la finalité est autre chose qu'une représentation purement subjective.

Cette métaphysiquede la finalité n'est subjective que dans sa forme.

C'est l'expression symbolique d'une vérité.

Elle est vraie, mais nousne pouvons l'exprimer que dans le langage de l'homme. La doctrine du salut.

— Ce n'était pas encore assez.

Kant n'avait sauvé du naufrage critique qu'une partie de sespremières croyances : celles qu'il avait reçues de l'enseignement philosophique.

Il lui restait à sauver celles qu'ilavait reçues de l'enseignement religieux.

Il avait à intégrer le catéchisme au système de la raison.

C'est là l'objet del'un de ses meilleurs ou plutôt de ses plus intéressants ouvrages et des plus personnels, la Religion dans les limitesde la simple raison (1793). Kant s'y est proposé d'examiner ce que la raison peut reconnaître pour sien dans la religion, c'est-à-direnaturellement dans la religion chrétienne, et ce qu'elle en peut garder sans entrer en conflit avec elle-même.

Il estinutile d'observer que cette enquête est conduite dans un esprit d'extrême sympathie et avec le désir de retenir etde rationaliser le plus grand nombre possible des données de la foi religieuse.

Il cède en cela tout d'abord au besointout personnel d'envelopper dans le système de sa pensée philosophique tous les éléments de sa vie intérieure, tousles principes actifs de son caractère et de sa moralité.

Mais d'ailleurs, ces données de la foi, son système déjà lesréclamait.

Dans les conclusions de la Critique de la raison pratique, Dieu était affirmé comme le garant du triomphede la moralité.

Il faut donc admettre qu'il s'y intéresse, qu'il la veut, et dès lors on est en droit de considérer lesdevoirs comme des commandements de Dieu et c'est là, observe Kant, le point de vue religieux, ou même c'esttoute la religion.

Ajoutez maintenant que les postulats de la raison pratique ne déterminent pas toutes lesconditions, transcendantes ou autres, de la moralité.

Ils concernent la possibilité du souverain Bien; il faudraitconsidérer aussi la possibilité de la vertu.

Et c'est alors, en cherchant les conditions du salut, — du salutproprement moral, — qu'on est amené, selon Kant, à adopter, en les transformant quelque peu, les donnéesessentielles de la religion chrétienne.

Le caractère impératif du devoir implique que notre nature ne se porte pasd'elle-même à la sainteté.

Il y a donc bien en nous ce mal radical que les chrétiens nomment le péché originel et ilest nécessaire que nous produisions en nous cette régénération absolue, cet homme nouveau qu'appelle l'Écriture.Gomment le pourrions-nous si nous ne nous en donnions un exemplaire idéal, et si nous n'en affirmions, en quelquesens que ce soit, le réalité : delà l'idée nécessaire de l'Homme-Dieu, par le moyen duquel seul nous pouvons noussauver.

Si quelque secours d'en haut, tel que la grâce, n'est pas nécessaire, c'est un point sur lequel Kant hésite.Mais ce qui est indispensable, c'est assurément l'Église, ou la société des bonnes volontés s'appuyant dans lapratique du bien, etc... Il n'y a pas lieu de se demander quelle valeur objective Kant attribue à ces conceptions.

Les unes sont desconditions qu'il nous appartient de réaliser; les autres sont de simples secours subjectifs, comme l'idée de l'Homme-Dieu, dont Kant se garde bien d'affirmer la réalité historique.

Il réduit en somme à des impies concepts immanents, à. »

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