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RIMBAUD: Au Cabaret-Vert

Publié le 06/06/2010

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RIMBAUD: Au Cabaret-Vert cinq heures du soir Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi. − Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines De beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table Verte : je contemplai les sujets très naïfs De la tapisserie. − Et ce fut adorable, Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, − Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! − Rieuse, m'apporta des tartines de beurre, Du jambon tiède, dans un plat colorié, Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse D'ail, − et m'emplit la chope immense, avec sa mousse Que dorait un rayon de soleil arriéré. Octobre 70.

 

 

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« Enjeu : Comment Rimbaud, du haut de ses seize ans, exprime-t-il l’intensité que lui procure le Cabaret-Vert enmélangeant poésie et vie ? PLAN1.

La marche de la liberté2.

Un bonheur simple3.

L'obsession amoureuse des adolescents Introduction du poème d’Arthur Rimbaud : « Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir » (1870)À l’aube du mois d’octobre 1870, renouvelant ses fugues, Arthur Rimbaud, âgé de seize ans, quitte à nouveau saville natale et se lance dans une pérégrination qui le mène à Charleroi.

Le poème « Au Cabaret-Vert, cinq heures dusoir » narre l’entrée du jeune poète dans la ville belge, où il fait une halte pour se ressourcer dans une auberge.L’établissement a réellement existé sous le nom « La Maison-Verte » (R.

Goffin a retrouvé sa trace) et tous lesmeubles y étaient effectivement peints en vert.

La dimension autobiographie du sonnet de Rimbaud, qui fait partiedu second cahier du « Recueil Demeny » ou « Cahier de Douai », est donc clairement revendiquée.

Par conséquent,le raccourci entre le narrateur et l’auteur peut s’effectuer sans trop de risques, et ce d’autant plus que d’autresindices convergent vers cette impression de réel qui transparaît à la lecture.

Le texte relate le moment de détenteque le poète s’accorde, après huit jours de marche, et qui lui procure un intense sentiment de bonheur et de bien-être.

Le décor du cabaret, la serveuse avenante, le repas commandé sont autant d’éléments qui vont participer àl’évocation d’un instant joyeux et décontracté, emprunt d’un caractère libératoire. Le plan s’articule autour du traitement d’une forme traditionnelle, à savoir le sonnet, forme fixe par excellence,composée de quatorze alexandrins répartis en deux quatrains et deux tercets.

Le poème marque une rupture avec lesonnet traditionnel en ce qu’il ne respecte pas l’organisation des rimes attendue : au lieu d’appliquer des rimesembrassées dans les deux quatrains, Rimbaud emploie des rimes croisées, qui plus est différentes d’une strophe àl’autre.

La forme régulière suit en principe la disposition suivante : ABBA, ABBA, CCD, EDE, mais l’agencement desrimes dans les deux tercets que Rimbaud emploie est aussi admise.

De plus, la tradition classique veut que les deuxquatrains soient séparés des deux tercets par une pause marquée, en général, à l’aide d’un indice typographiquecomme le point final, mais Rimbaud relie les deux parties à l’aide d’un enjambement qui passe par-dessus un vers enincise (v.

9).

Si les irrégularités observées renouvellent la forme du sonnet et témoignent d’un esprit moderniste,d’une poésie audacieuse, elles concourent aussi à des effets de style.

Premièrement, la transgression du sonnetclassique s’opère dans le but de créer un effet de réalisme, comme si l’auteur, en se défaisant de certaines règles,allégeait son poème et le rendait plus vivant.

Le moment de bien-être évoqué par Rimbaud est, en effet, transmisdans un style prosaïque évident qui repose aussi bien sur le vocabulaire que sur le rythme ou la versification.Deuxièmement, les libertés que l’auteur prend, notamment au niveau des rimes et avec l’unification des deux blocsdu poème, permettent de créer une ambiance chaleureuse, à la fois riche et homogène : elle est rendue par uneperception extérieure (décor, serveuse, mets) et intérieure (sens de Rimbaud), qui souligne d’autant plus l’effet deréalisme puisque l’enthousiasme découle de plaisirs simples.

Le choix du lexique joue un rôle prépondérant dans lamise au point du climat jovial, quasi euphorique, qui se dégage du texte.

Finalement, en conclusion, il faut rappelerque le sonnet traditionnel exige de l’auteur un effet d’attente qui aboutisse, dans le dernier vers, à une chute.

À cetégard, Rimbaud clôt son poème sur une touche lyrique qui va donner un ton sensiblement plus évanescent aupoème, comme si l’auteur voulait franchir le seuil des plaisirs matériels qui s’offrent à lui et laisser le lecteur sur l’idéed’une quête de bonheur immatérielle. 1) Effet de réalisme Embrayeurs spatio-temporels qui vont fixer le déroulement de la scène dans une réalité précise :- « Au Cabaret-Vert » (répété à deux reprises : titre ; v.

3) ; « cinq heures du soir » (titre) ; « Depuis huit jours »(v.

1) ; « Octobre 1970 » (date du poème) Usage du pronom personnel à la première personne qui place Rimbaud (et non un narrateur distant, d’où l’effet deréalisme) au cœur de la scène :- « J’avais » (v.

1) ; « J’entrais » (v.

2) ; « Je demandai » (v.

3) ; « J’allongeai » (v.

5) ; « Je contemplai » (v.

6) Registre bas (termes courants, populaires qui reflètent la réalité quotidienne) :- « Bottines » (v.

1) ; « tartines de beurre et du jambon » (v.

3-4) ; « tartines de beurre, du jambon » (v.

10-11) ;« Tétons énormes » (v.

8) ; « Celle-là » (v.

9) ; « gousse / D’ail » (v.

12-13) ; « Chope » (v.

13) ; « Mousse » (v.. »

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