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Le Rivage des Syrtes

Publié le 12/04/2013

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Plus que de raconter une histoire, ce que Gracq tente de faire dans Le Rivage des Syrtes, c'est de suggérer un uni vers étrange. D'où un goût du détail , des descriptions précises de l' état intérieur du héros, ainsi que certaines lenteurs, très étudiées, dans le mouvement même du récit. Né en 1910, marqué par le surréalisme, Julien Gracq (pseudonyme de Louis Poirier), s'est volontairement tenu à l'écart de la vie publique, refusant par exemple que ses romans soient publiés en format de poche.

« ~ - ------ EXTRAITS Le narrateur, Aldo, se lie avec Vanessa Aldobrandi, une belle et fascinante jeune femme de noble ascendance Le malaise où je m'étais trouvé plongé se dissipait mal.

Au sortir de ce sommeil bref, il me semblait retrouver la pièce inexplica­ blement changée.

Dans un soudain retour de peur panique, sous mon regard bien réveillé, les murs de la salle continuaient à bouger légèrement, comme si le songe eût ré­ sisté à crouler autour de cette chambre mal défendue .

A une fraîcheur aux épaules, je sentais que le vent léger où s'était engouf­ frée la pièce n'avait pas cessé de souffier, et je devinais soudain que les ombres dan­ santes oscillaient sur les murs avec la flamme même de ma lanterne, et que la porte derrière moi s'était depuis quelques secondes ouverte sans bruit.

Je me retournai tout d'une pièce et sursau­ tai en froissant de ma joue la robe d'une femme.

Un rire léger et musical éclata dans le noir, qui me rejeta à la mer, me roula dans une dernière vague de songe.

Je crispai les mains sur la robe, et re levai les yeux sur le visage noyé dans l'ombre.

Vanessa était devant moi.

« Ce colosse perclus, ( ...

) cette ruine habitée sur laquelle ce nom, aujourd'hui dérisoire, d' Amirauté mettait comme l'ironie d'un héritage de songe.

» Captivé par le Tangri, volcan au pied duquel se trouve la ville de Rhages, capitale du Farghestan, Aldo décide de s'en approcher.

Ce faisant, il provoque un incident diplomatique qui aura des conséquences fatales -Le Tiingri ! dit doucement Fabrizio pâle comme la cire, en enfonçant ses ongles dans mon poignet, comme devant une de ces puissances très rares dont le nom est prière, et qu'il est permis seulement de recon­ naître et de nommer .

- Droit dessus ! Plus près! lui murmurai-je à l'oreille d'une voix qui résonna étran­ gement gutturale et dure.

Mais F abrizio ne son­ geait pas à virer de bord.

Il était trop tard maintenant -plus tard que tout.

Un charme nous plaquait déjà à cette montagne ai­ mantée.

Une attente extraordinaire, illu­ minée , la certitude qu'allait tomber le dernier voile suspendait ces minutes hagardes.

De tous nos nerfs tendus, la flèche noire du navire volait vers le géant illuminé.( ...

) Soudain, à notre droite, du côté de Rhages, le rivage vibra du cillem ent précipité de plusieurs éclairs de chaleur .

Un froissement lourd et musical déchira l'air au-dessus du navire , et , réveillant le tonnerre caverneux des vallées de montagne, on entendit se répercuter trois coups de canon.

Éditions José Corti, 1951 « La lagune clapotait inépuisablement contre le bordage ...

» NOTES DE L'ÉDITEUR «L'imaginaire est ce qui tend à devenir réel.

»A ndré Breton.

typique du x1xe siècle ; mais à la place, il propose -et expose, avec le couple Aldo-Vanessa - un retour au mystère de l 'amo ur médiéval.

étrange, hors du temps et de l'Hi stoire; dans une sorte de clair-obscur, maintenu tout au long de ce vaste " poème en prose " par la magie des images et l'envoûtement d ' un sty le très concerté, il entretient un climat de mystère et- c'est un de ses mots clés -de suspense : nous vivons, parfois jusqu'à l'angoisse, l'attente d'une catastrophe vaguement pressentie mais impossible à situer et à contrôler, comme « La poésie est tout ce qui crée un état d'absence violente.

»Julien Gracq.

En ce sens, tout Le Rivage, dans sa forme comme dans les thèmes abordés, n'est qu ' un long morceau de poésie .

L'amour dans Le Rivage est vu sous un jour tout nouveau.

Gracq s'insurge en effet contre la « psychologisation » de l'amo ur, « Orsenna est là où les choses ont abouti.

» Marino, compagnon d'Aldo.

« Le roman se déroule avec une noble ordonnance qui l'a fait comparer au "prélude wagnérien d'un opéra qui ne serait pas joué" .

C'est que, pour Julien Gracq, l'essentiel n'est pas de conter une ave nture mais de s uggérer un univers 1 Lapi-Violl e1 2, 3 , 4, 5 burin s de C amill e Josso.

éditi ons Darag nés, Pa ris.

1956 / B .N .

si l'auteur voulait nous faire éprouver, jusqu'au plus profond de notre être, la condition de l'homme devant le destin.

» Lagarde et Michard.

GRAC Q02. »

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