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Robert Schumann

Publié le 22/02/2012

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Né à Zwickau dans un milieu littéraire, Schumann connut une vie ponctuée d'événements douloureux. Il avait seize ans quand son père, éditeur et auteur en proie à des troubles mentaux, mourut, provoquant le suicide d'une des filles de la famille. A cette lourde hérédité Schumann opposa une passion exaltée pour la poésie et la musique. Poussé par sa mère, il fit pourtant des études de droit pendant des années avant de perfectionner sa pratique du piano avec un maître renommé, Wieck, dont la fille Clara, étonnante virtuose, sera la femme de sa vie. Dans son parcours d'autodidacte, Schumann commit en 1832 une grave erreur. L'essai d'un appareil censé améliorer sa dextérité lui paralysa la main droite, brisant ses rêves de soliste. Après une grave dépression et la fondation d'une revue musicale, il demanda la main de Clara Wieck. Devant le refus farouche du père, il s'investit dans la composition, produisant quelques-uns de ses chefs-d'oeuvre pour piano. En 1840, le mariage enfin célébré lui amena la sérénité : Schumann composa plus de deux cent lieder, une première symphonie, des quatuors, et Clara parcourut l'Europe en concertiste de renom. Après de nouveaux déboires à Leipzig, la mort de son ami Mendelssohn affecta l'état mental de Schumann qui continuait à composer ardemment Manfred... En 1850, il prit la direction de l'Orchestre de Düsseldorf mais la folie le gagna et après une tentative de suicide, il mourut à l'asile d'Endenich, entouré de Clara et du jeune Brahms.
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« Aussi, n'est-ce qu'en se faisant violence à lui-même qu'il consentit à satisfaire au désir des siens de le voirembrasser une carrière libérale.

De l'époque de son inscription à l'Université de Leipzig en 1828 à celle de sonmariage en 1840, la vie de Schumann n'est qu'une longue lutte.

Lutte pour convaincre sa famille de la nécessité dele rendre à sa véritable vocation.

"Si jamais j'arrivais à faire quelque chose de bon ici-bas, ce serait dans lamusique." Cette lutte-là, le verdict du vieux Wieck qu'il est allé consulter y met un terme qui comble ses vOeux.

La mère cède,Robert sera pianiste et va s'employer sous la direction de Wieck à rattraper le temps perdu.

Un sort providentielpeut-être pour le compositeur voulut que, dans son zèle, Schumann ayant inventé de se lier un doigt de la maindroite pour vaincre sans lui les difficultés pianistiques, un engourdissement définitif s'ensuivit dès l'automne de 1831.Schumann, alors, se tourne vers la composition et se met à l'étude de l'harmonie et du contrepoint sous la directiond'Henri Dorn.

C'est à la même époque qu'il commence d'éprouver pour la fille de son maître, la jeune Clara Wieck, unsentiment que ni ses passagères fiançailles avec Mlle de Fricken, ni sa tendre amitié pour Anna-Robena Laidlav nedevaient sérieusement menacer.

En revanche, Wieck voit avec déplaisir se nouer entre sa fille et son élève des liensqui avaient lentement passé de la tendre camaraderie au plus pur sentiment d'amour.

Dès la première demande enmariage en 1836, il se cabre et argue de la trop précaire situation matérielle de Schumann pour lui refuser la main deClara. C'est de cette double conquête de celle qui devait être sa compagne jusqu'aux jours sombres de l'internement àEndenich, et de la maîtrise de son art, que la production de Schumann entre 1832 et 1840 porte témoignage.

Cetteproduction, extraordinairement abondante, est exclusivement pianistique.

Le piano auquel il avait songé à demanderles satisfactions du virtuose (les premières Oeuvres, Variations sur le nom Abegg, Toccata, etc.

en portent lamarque) et grâce auquel il s'était attiré des succès si flatteurs dans les salons, Schumann en fait alors le confidentfidèle de ses peines, de ses joies et de cette angoisse qui, à la faveur d'une première crise de neurasthénieconsécutive à la mort de sa sOeur unique et de son beau-frère en automne 1833, s'est insinuée pour toujours danssa solitude.

C'est alors une floraison inouïe de musique à laquelle la "Reine des facultés" comme l'appelait Baudelaire,la "Voyante aux yeux bandés" ainsi que Schumann la nommait lui-même, l'Imagination, préside en maîtresse absolue.Dans ces Oeuvres qui constituent la fleur de la création schumanienne et qui ont nom Carnaval, Davidsbündler,Kreisleriana, Fantaisie en ut, Humoresque, Novelettes, un art nouveau s'affirme qui épouse avec une incroyablesouplesse les plus mystérieux mouvements, les intuitions les plus subtiles de l'âme romantique.

Leur langageaphoristique traduit un état non moins neuf de la sensibilité.

Les motifs en tant que "signes", les harmonies en tantque climat ou états psychologiques y déterminent des formes et des procédés de composition où il n'est pas interditde voir une préfiguration de certains phénomènes d'imprégnation que l'on a pu relever plus tard chez Debussy, voirechez Stravinski.

Que cet art ait trouvé dans la miniature la forme la plus appropriée à son dessein d'exprimer l'infini,ne l'a pas empêché d'atteindre à la grandeur lorsque Schumann en est venu à affronter les vastes moules héritésdes classiques.

Du moins en cette première période où Schumann, à la suite de Schubert, trace à la Sonate unparcours épique et porte, avec les Études symphoniques, le thème varié à la hauteur d'une épopée. Clara conquise, le génie de Schumann se découvre de nouveaux horizons.

La poésie enclose dans les miniaturespianistiques enveloppe les vers de poètes aimés cependant que les tendances orchestrales sensibles dans lesSonates et les Études symphoniques vont se manifester sur le plan qui leur est propre.

Et ce sont les admirablescycles de lieder où ce frère musicien des Novalis et des Hölderlin traduit si délicatement Heine, Rückert et Lenau,c'est, un an plus tard, la Première symphonie, exultante d'un radieux bonheur.

Et là encore, une forme est trouvéequi est faite du plus joyeux consentement aux données de l'imagination et de la spontanéité. Il est indéniable que, par la suite, ce geste libérateur ne s'est pas poursuivi avec une égale vigueur.

L'admiration, àcertains égards bien compréhensible, de Schumann pour Mendelssohn, l'ambiance bourgeoise et provinciale danslaquelle il a vécu à partir de son mariage, les critiques de ces philistins dont il avait vainement entrepris de secouerle lourd conformisme en créant en 1834 la Neue Zeitschrift für Musik, gazette dans laquelle il défendit ses idéesd'une plume brillante, l'induisirent, semble-t-il, à faire quelques concessions.

Dans une étude remarquable et qui estpeut-être bien la seule à nous donner une vue juste du "cas" Schumann, le regretté Willy Schmid a parfaitementdiscerné ce qui, dans une Oeuvre pourtant toute chargée de la plus magnifique sève comme est le Quintette,s'écarte du jet original pour se conformer au moule consacré par l'académisme.

De la lecture passionnée du Clavecinbien tempéré jaillissait avec une géniale ingénuité l'élan initial de la Huitième Novelette.

Dans le schème des Trios dela maturité se glisse, inopportune, la silhouette de Mendelssohn.

Avec une fermeté pleine de clairvoyance, Liszt,d'un mot discret mais sans réplique, le fait sentir à Schumann qui réagit, vivement, troublé par cette remarquecomme par la voix de sa plus intime conscience. Mais dans cette Allemagne provinciale où Schumann va poursuivre une honorable carrière de Kapellmeister, lesapparitions d'un Liszt, d'un Chopin ou d'un Berlioz sont rares.

Il faut en revanche satisfaire aux goûts plus ou moinsentachés de pédanterie du public de Leipzig, de Dresde ou de Düsseldorf, et compenser par les mérites ducompositeur ce que le chef d'orchestre a d'un peu apathique, d'un peu terne.

C'est alors que le divorce romantiqueentre l'artiste et la société qui l'entoure commence de faire sentir ses effets sur la production de Robert Schumann.Des chOeurs sont là, des chOeurs d'hommes et des chOeurs mixtes dont il faut alimenter le répertoire et hélas !satisfaire parfois le goût pour la sentimentalité et la bonne humeur un peu vulgaire.

Il y a aussi des poètesmédiocres qui tournent autour du musicien dans l'espoir qu'il ne trouvera pas leurs vers indignes de sa musique.

Il ya enfin ces mélomanes et ces critiques bourgeois obtus qui s'emploient à entretenir une sourde opposition envers lesplus nobles aspirations de Schumann et qui parviendront presque à le persuader que ses plus géniales innovationssont le fait de l'inexpérience et d'un amateurisme de jeunesse.. »

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