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Un roman doit-il chercher à faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs ?

Publié le 11/09/2011

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Si le romancier se doit de créer l’illusion de réel, c’est parce que le lecteur attend de sympathiser avec le personnage, c’est-à-dire de sentir avec lui, de communiquer avec lui. Pour cela, le romancier le romancier se doit de faire oublier au lecteur que le personnage est fictif. Ainsi, il va le doter d’une identité précise, le déterminer afin de lui donner une consistance. Dans Les Âmes grises de Philippe Claudel, le romancier nous livre, au début du texte, de très nombreuses informations sur le personnage principal. Pierre-Ange Destinat est défini par un nom complet, situé dans le temps « 1917 « et dans l’espace « habite à V. «, doté d’un métier « procureur «.

« Un roman doit-il faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs ? Stendhal disait que le roman était un « miroir que l'on promenait le long du chemin ».

Par la métaphore du miroir, ilmontrait la dimension réaliste principale, selon lui, dans le roman.

Cependant, Stendhal à aussi été le premier àponctuer ses romans d'intrusions d'auteur afin de se moquer de ses personnages et d'anéantire l'illusion du réel.

Parconséquent, on peut se demander si, « un roman doit chercher à faire oublier au lecteur que ses personnages sontfictifs ».

Le romancier se doit-il donc de créer à tout prix des effets du réel afin que le lecteur soit transporté dansun univers fictionnel ou au contraire est-il plus judicieux pour lui de briser cette illusion afin de rappeler sans cesseque le lecteur n'est confronté qu'à des hommes de papier, des conventions littéraires ? Nous verrons tout d'abordqu'il peut être important pour le romancier de donner l'illusion du réel par sa création des personnages réalistes puisnous observerons qu'un roman peut aussi gagner à détruire l'illusion réaliste en construisant des personnages dont ladimension fictive est clairement revendiquée.Lorsqu'il crée son personnage, le romancier doit chercher à lui donner une dimension réaliste pour que le lecteurpuisse croire à l'existence de celui-ci.Pour parvenir à faire oublier au lecteur qu'un personnage est fictif, un romancier dispose de nombreux moyens.

Toutd'abord, il peut, par exemple, fonder sa fiction sur la présence de personnages historiques.

Ainsi Alexandre Dumasdans La reine Margot fait revivre Henri de Navarre, Marie de Médicis ou encore Marguerite de Valois : le lecteur estalors immédiatement disposé à oublier la dimension fictionnelle du personnage et croit avec naïveté à la sincérité detous les propos raconter.

Les romanciers naturalistes ont choisi une autre voie : ayant pour ambition de peindresans artifices le réel, ils placent et construisent des protagonistes placés sous le signe de la médiocrité.

Zola dansLa Curée, fait de Maxime le fils de Saccard, un adolescent lâche, pervers et sans-gêne.

A la fin du roman, alors qu'ilà consommé l'inceste avec Renée, il se range du côté de Saccard et abandonne sa belle-mère à l'accusationmaritale.

Loin du héros conventionnel, Maxime apparaît au lecteur comme un homme digne d'exister dans la vieréelle.

Ainsi le caractère fictionnel du personnage est effacé pour renforcer sa crédibilité.Si le romancier se doit de créer l'illusion de réel, c'est parce que le lecteur attend de sympathiser avec lepersonnage, c'est-à-dire de sentir avec lui, de communiquer avec lui.

Pour cela, le romancier le romancier se doit defaire oublier au lecteur que le personnage est fictif.

Ainsi, il va le doter d'une identité précise, le déterminer afin delui donner une consistance.

Dans Les Âmes grises de Philippe Claudel, le romancier nous livre, au début du texte, detrès nombreuses informations sur le personnage principal.

Pierre-Ange Destinat est défini par un nom complet, situédans le temps « 1917 » et dans l'espace « habite à V.

», doté d'un métier « procureur ».

Par conséquent, lepersonnage, loin d'être une abstraction, est pourvu d'une épaisseur tout d'abord social.

De plus le personnageromanesque est muni, le plus souvent, d'une personnalité et de sentiments, qui lui offrent une épaisseurexistentielle.Si le romancier doit chercher à faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs, c'est enfin pour que lemessage, la portée morale de son texte soient plus activement reçus.

Pensons à Laclos dans Les liaisonsdangereuses.

Tout est fait pour que nous croyions à l'existence des protagonistes Merteuil est dotée d'une histoire(jeune fille éduquée de manière sévère et austère), Valmont de sentiments ambigus (amour/mépris pour Tourvel),Tourvel d'une conscience qui la trouble.

Ainsi, ancrés dans l'univers galant du CVIIIè siècle et dotés d'une « parlure» propre, les personnages existent dans notre esprit, c'est pourquoi nous recevons d'autant plus fortement la leçoncontenue dans Les liaisons dangereuses.

Puisque nous avons compati à la douleur de Tourvel, que l'ont senthumaine, nous sommes disposés à nous interroger sur les méfaits de la passion amoureuse.Ainsi, le réalisme du personnage romanesque est essentiel pour entraîner notre approbation et notre sympathie.Néanmoins, la création réaliste est un piège : le romancier cherche à faire croire au lecteur qu'il est en face du réel.Pour dénoncer cette illusion, certains écrivains n'hésitent pas à la briser afin de nous rappeler sans cesse le statutacadémique des héros. Le romancier peut refuser de tromper le lecteur en détruisant l'illusion.

Il manifeste alors une forte confiance en sonlecteur.

En effet, en insistant sur le caractère fictif de ses protagonistes, il lui fait partager ses secrets d'écriture.Le lecteur voit dans le texte même comment se construit le personnage littéraire.

Dans L'Immortalité de Kundera, leromancier met en profondeur la figure de l'écrivain.

La répétition des marques de la première personne « Agnès estl'héroïne de mon roman », « cette nostalgie a accouché du personnage auquel j'ai donné le nom d'Agnès » soulignebien que le personnage n'existe que dans l'esprit créatif et imaginatif du romancier.

Tel un dieu il est celui quifaçonne ; à l'image du poète, il fait le personnage et montre ses astuces au lecteur.De plus en brisant cette illusion réaliste, le romancier invite le lecteur à porter un regard critique sur la fiction.

Ill'invite à ne pas se laisser tromper.

Les intrusions d'auteur, chères à Stendhal par exemple, en sont un bon exemple.En effet, le lecteur pourrait être tenté de voir en Fabrice un personnage noble et grand, un héros donc.

Mais le. »

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