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LE ROMAN ROMANTIQUE

Publié le 25/05/2012

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Le roman romantique avait été préparé de longue date. Après Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Staël et Chateaubriand avaient opéré la transformation ou le développement du genre. Thèses philosophiques, autobiographie sentimentale, impressions pittoresques, ces trois éléments, ajoutés parfois, et le plus souvent substitués à la description des moeurs et à la psychologie analytique, avaient à peu près détruit l'objectivité du roman, et n'y avaient laissé que comme un voile au travers duquel transparaissait l'individualité librement étalée. Ainsi Senancour s'est déflni dans Obermann (1804), qui est déjit le roman parfait selon le type romantique : il n'y manque que le style, qui est celui des idéologues dont Senancour est le contemporain et le disciple. Sur ce fond d'expression analytique, grise et sèche, s'appliquent des paysages tournés en états d'âme et des couplets lyriques où l'émotion intime déborde : Senancour à son heure, entre Rousseau et Lamartine, a fait un "Lac".

« r t très riche de pensée : voisine de Cabanis et de Destutt de Tracy par certaines théories, par d'autres elle touche à Sainte-Beuve et à Sand, ct par d'autres enfin elle nous semble devancer Gautier ct Baudelaire.

On y trouve de l'ennui délirant, du socialisme, de l'exotisme, de curieux essais de domination sur le moral par le choix des états physiques ou l'emploi des stimulants et des liqueurs, d'originales déterminations de -la valeur symbolique des diverses sensations et comme une esquisse d'un symbolisme des couleurs et des parfums.

Mais l'essentiel est une théorie fonda­ mentale qui marque l'originalité de Senancour à égale distance de Sand et de Stendhal.

Profondément irréligieux, Obermann sent, avec une extrême acuité, l'angoisse des problèmes métaphysiques.

Le monde et la vie n'ont pas de sens : et comment vivre sans savoir pourquoi l'on vit? Pour Chateaubriand et pour la plupart des romantiques, l'inquiétude est d'ordre sentim!éntal ; chez Senancour, c'est l'intelligence surtout qui est tourmentée , il s'agit moins de jouir que de savoir.

Mais s'il veut savoir, c'est pour agir IhrP,, c'est être soi; la vertu, comme le bonheur, c'est de conserver, de concentrer, de cultiver le moi; il faut empêcher le monde extérieur de pénétrer ce moi, de l'altérer, de le dissou­ dre; et il faut développer toutes les puissances de ce moi, toutes légitimes, dès lors que naturelles.

La vertu, c'est l'effort de l'être pour réaliser sa loi; c'est l'effort vers l'ordre.

Mais où prendre cette loi ·t La volonté dépend de l'intelligence .

pour vouloir, il faut comprendre; pas d'énergie sans connaissance.

Le mal d'über­ mann, c'est que, ne croyant plus à la religion, ne pouvant rien par sa raison, il s'épuise, se ronge, use sa vie dans l'ennui; il n'agit point, parce que la vic et le but de la vie lui sont incom­ préhensibles.

Il ne trouve entln d'autre action possible que l'action littéraire, qui consiste à décrire son mal.

Cette singulière pein­ ture d'une volonté impuissante pour des raisons métaphysiques n'eut aucun succès en J 804, : le roman de Senancour dut attendre 1830 pour être en vogue, je ne dis pas pour être compris, car les romantiques y virent surtout l'inertie désespérée qu'ils sen­ taient en eux, sans regarder aux doctrines et au tempérament qui faisaient Obermann tout à fait distinct de René ou de Lélia.

Il y a de tout dans le roman de Senancour; mais la tradi­ tionnelle observation de psychologie s'y produit sous le sentiment et la métaphysique.

Dans un chef-d'œuvre plus récenl, on retrouvait des qualités que, depuis Marivaux, les romanciers semblaient avoir délaissées.

Adolphe (f8f6) est un roman d'analyse, d'une précision aiguë et puissante, où 13enjamin Constant a noté toutes les phases d'un amour douloureux, les palpitations et les sursauts d'un amour qui. »

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