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LA: Ronsard, 'Quand vous serez bien vieille'

Publié le 29/06/2012

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ronsard

Tout art est un anti-destin. La poésie est célébrée pour sa magie, son charme, qui enchante l'esprit humain, ''direz...émerveillant''. La poésie fait revivre les moments heureux, ''du temps'', un peu mélancolique. La poésie agit comme un charme, également sur les servantes. Elle les réveille, un peu comme un sésame. Les servantes sont un chœur, la poésie a donc le pouvoir de contamination sur les esprits. La poésie a la possibilité d'évoquer et de révoquer différemment: ''vives...'', toute l'horreur d'un avenir désespérant. La poésie a des fonctions de louer et d'immortaliser dans les œuvres de pérennité la beauté de l'être humain, de la femme, le poète lui même, elle se réfléchit elle même. ''dévidant et filant'', Tibulle, dans les Élégies, ''lors vous n'aurez servantes...immortelle'' chœur antique, c'est un hommage aux poètes grecques. '' fantôme sans os'', évoque la descente aux Enfers, hommage à Homère et à Virgile, ''roses'' à lui même, faisant référence à son poème ''mignonne, allons voir''.

ronsard

« Sonnets pour Hélène (1578), II, 24 « Quand vous serez bien vieille… » Ronsard Texte étudié Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,Assise auprès du feu, dévidant et filant,Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :"Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !" Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,Déjà sous le labeur à demi sommeillant,Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,Bénissant votre nom de louange immortelle. Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain.Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. Lecture analytique Introduction Ce sonnet est régulier, il est bâti sur la structure ABBA ABBA CCD EED.

Son intérêt est de mettre en avant une variation du motif du carpe diem, profite de l'instantprésent.

Dans cette poésie, la femme est victime d'une anticipation peu flatteuse, nous voyons en effet Hélène décrite comme une vieille femme.

Nous sommes loin dela comparaison avec la rose.

Ainsi, Ronsard l'invite-t-elle à répondre à son amour pendant qu'il en est encore temps et qu'elle est en mesure de profiter de la vie.

Nousavons dans le cadre des deux quatrains et du premier tercet, l'anticipation de la vieillesse d'Hélène et de la mort du poète, puis dans le deuxième tercet, une invitationà profiter de la vie et à répondre aux sentiments du poète.

Dans un premier temps, nous étudierons les détails de la demande amoureuse, et en second lieu, lacélébration de la poésie. I - La demande amoureuse Le poète donne une image négative d'Hélène.

En effet sa beauté est passée ainsi que le suggère l'imparfait, « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle ».Ronsard insiste sur l'image de la vieillesse et le moment où elle songera avec tristesse à sa jeunesse perdue, « Quand vous serez bien vieille » ou encore, « vous serezau foyer une vieille accroupie ».

Nous pouvons souligner l'insistance avec laquelle le poète évoque la vieillesse d'Hélène, « bien vieille » et les occurrences du mot.L'adjectif « vieille » devient sa caractéristique essentielle, voire sa seule qualité, « une vieille accroupie ».

Cela justifie son empressement à solliciter l'amour de lajeune femme.

Mais cette dernière apparait comme une femme dédaigneuse devant l'amour qui lui est offert, « Regrettant mon amour et votre fier dédain ».

Il luiprésente ce dédain comme une erreur qu'elle regrettera amèrement, ainsi que l'amour du poète mort, sorte de revanche imaginaire et posthume de l'auteur.

Sa vie devieille femme est monotone, elle est seule, sans enfant, avec la seule présence de domestiques endormies : »Déjà sous le labeur à demi sommeillant ».

Ses occupationssont aussi monotones, « dévidant et filant », et elle ne pourra éprouver que de la nostalgie à l'égard de cette époque où le poète l'aimait et la célébrait : »Direz chantantmes vers, en vous émerveillant », « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. Le poète lance son appel à la jeune femme, « Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie ».

Il cherche ainsi à insister sur lecaractère fugitif de sa beauté, de sa jeunesse et de la vie en général.

Cette invitation à l'amour s'appuie donc encore une fois sur le constat du temps qui passe, maisici le poète fait valoir en plus la puissance de sa poésie qui peut prolonger la beauté en lui donnant une sorte d'immortalité. II – La célébration de la poésie La poésie est l'objet d'une célébration tout au long du sonnet.

Ronsard se consacre à peu près autant de vers qu'à Hélène.

Il célèbre ainsi tout au long du poème sapropre gloire.

Il ne se met pas en scène au moment de sa vieillesse, c'est son fantôme.

Sa mort semble agréable, « Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ».Hélène est accroupie et seule tandis que le poète repose parmi des arbres consacrés à Vénus.

Il n'hésite pas à se citer au vers 4 et il parle encore de son nom au vers 7,alors qu'Hélène n'est pas nommée.

Elle ne pourra l'être que si elle cède aux avances de Ronsard.

Il évoque sa gloire et sa survie posthume, par le biais des servantes,« qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant », par le biais d'Hélène, « Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant ».

Seul le nom du poète tire la servante de satorpeur et Hélène de son ennui. L'orgueil de Ronsard est ici prétexte à faire valoir que sa gloire pourrait rejaillir sur Hélène si elle devenait le sujet de ses poèmes, à condition bien entendu qu'ellecède à ses avances.

Ainsi la servante en bénissant le nom de la jeune femme de louange immortelle.

Il s'agit des vers du poète dits par la servante, elle ne fait en faitque transférer son admiration sur la femme aimée par le poète, ce dernier étant mort.

Grâce à lui, la jeune femme gagnerait l'éternité littéraire et sa beauté seraittoujours célébrée.

Elle doit donc, selon Ronsard, répondre à son amour pendant qu'il en est encoure temps : « vivez… n'attendez à demain ». Conclusion Le carpe diem (cueille le jour) est un motif emprunté au poète latin Horace : c'est une invitation à profiter du moment présent, à suivre les pulsions de sa nature maissans excès avec équilibre et raison, car il ne s'agit pas de trouver le plaisir à tout prix conformément à la philosophie épicurienne.

D'une façon originale, Ronsardmêle deux thèmes connus : le carpe diem d'une part, l'immortalité que prodigue la poésie d'autre part.

Le poète évoque sa mort sous ce jour très positif del'immortalité littéraire de l'artiste.

Cependant, il utilise pour séduire un moyen peu fréquent : faire peur à la jeune femme en lui montrant une vision réaliste etangoissante de sa vieillesse, afin qu'elle choisisse les vertus de la poésie pour vaincre le côté éphémère de l'existence.

La poésie est donc aussi un appel à vivre leprésent pour vaincre la mort.. »

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