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Rosa Luxemburg, Die Rote Fahne (extrait).

Publié le 14/04/2013

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Rosa Luxemburg, Die Rote Fahne (extrait). Après l'armistice du 11 novembre 1918, les spartakistes du parti communiste allemand, décident à Berlin de mener l'insurrection pour tenter de mettre en place la révolution sur le modèle bolchevique. Publié dans leur journal Die Rote Fahne le jour même de son assassinat, ce dernier article de Rosa Luxemburg, qui refuse de fuir sous la charge des troupes allemandes, s'insurge contre la répression sanglante qui s'abat sur les prolétaires. En dénonçant les exactions des troupes du colonel Reinhardt, ministre prussien de la guerre, elle se consacre elle-même martyr du socialisme. « L'Ordre règne à Berlin « de Rosa Luxemburg « L'ordre règne à Varsovie «, « l'ordre règne à Paris «, « l'ordre règne à Berlin « ! Tous les demi-siècles, les gardiens de « l'ordre « publient ainsi dans un des foyers de la lutte mondiale leurs bulletins de victoire. Et ces « vainqueurs « qui exultent ne s'aperçoivent pas qu'un « ordre «, qui a besoin d'être maintenu périodiquement par de sanglantes hécatombes, va inéluctablement à sa perte. Cette « Semaine spartakiste « de Berlin que nous a-t-elle apporté, que nous enseigne-t-elle ? Au coeur de la mêlée, au milieu des clameurs de triomphe de la contrerévolution, les prolétaires révolutionnaires doivent déjà faire le bilan des événements, les mesurer, eux et leurs résultats, au grand étalon de l'histoire. La révolution n'a pas de temps à perdre, elle poursuit sa marche en avant, -- par-dessus les tombes encore ouvertes, par delà les « victoires « et les « défaites « -- vers ses objectifs grandioses. Et le premier devoir de ceux qui luttent pour le socialisme internationaliste, c'est d'étudier avec lucidité sa marche et ses lignes de force. Pouvait-on s'attendre, dans le présent affrontement à une victoire décisive du prolétariat révolutionnaire, pouvait-on escompter la chute des Ebert-Scheidemann et l'instauration de la dictature socialiste ? Certainement pas, si l'on fait entrer en ligne de compte tous les éléments qui décident de la réponse. Il suffit de mettre le doigt sur ce qui est à l'heure actuelle la plaie de la révolution : le manque de maturité politique de la masse des soldats qui continuent à se laisser abuser par leurs officiers et utiliser à des fins contre-révolutionnaires est à lui seul la preuve que, dans ce choc-ci, une victoire durable de la révolution n'était pas possible. D'autre part, ce manque de maturité n'est lui-même que le symptôme du manque général de maturité de la révolution allemande. Les campagnes, d'où est issu un fort pourcentage de la masse des soldats, continuent de n'être à peu près pas touchées par la révolution. Jusqu'ici, Berlin est à peu près isolé du reste du Reich. Certes en province, les foyers révolutionnaires -- en Rhénanie, sur la côte de la mer du Nord, dans le Brunswick, la Saxe, le Wurtemberg -- sont corps et âme aux côtés du prolétariat berlinois. Mais ce qui fait défaut, c'est la coordination de la marche en avant, l'action commune qui donnerait aux coups de boutoir et aux ripostes de la classe ouvrière berlinoise une tout autre efficacité. Ensuite -- et c'est de cette cause plus profonde que proviennent ces imperfections politiques -- les luttes économiques, ce volcan qui alimente sans cesse la lutte de classe révolutionnaire, ces luttes économiques n'en sont encore qu'à leur stade initial. Il en résulte que, dans la phase actuelle, on ne pouvait encore escompter de victoire définitive, de victoire durable. La lutte de la semaine écoulée constituait-elle pour autant une « faute « ? Oui, s'il s'agissait d'un « coup de boutoir « délibéré, de ce qu'on appelle un « putsch «. Mais quel a été le point de départ des combats ? Comme dans tous les cas précédents, le 6 décembre, le 24 décembre : une provocation brutale du gouvernement. Naguère l'attentat contre les manifestants sans armes de la Chausseestrasse, le massacre des matelots, cette fois le coup tenté contre la Préfecture de police, ont été la cause des événements ultérieurs. C'est que la révolution n'agit pas à sa guise, elle n'opère pas en rase campagne, selon un plan bien mis au point par d'habiles « stratèges «. Ses adversaires aussi font preuve d'initiative, et même en règle générale, bien plus que la révolution. [...] Source : Badia (Gilbert), Rosa Luxemburg, textes, Paris, Éditions sociales, 1969. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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