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J.-J. Rousseau contre le Misanthrope de Molière

Publié le 09/03/2011

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rousseau

Mais voici le tournant du siècle. Ce sera pareillement un tournant dans l'histoire du Misanthrope.

Un misanthrope va s'emparer de la littérature française et la jeter hors de ses voies traditionnelles. Sa sensibilité ombrageuse se substituera aux qualités qui depuis toujours avaient fait l'attrait et assuré le pouvoir de nos livres et de notre théâtre : son éloquence paradoxale ébranlera nos jugements les mieux établis. Molière, si peu dévot qu'il puisse être, appartient à un siècle tout imprégné de christianisme : il sait que le mal est inhérent à notre nature. Contre ce dogme Jean-Jacques Rousseau vient proclamer la grande utopie, d'où sortiront, avec la Révolution, tant de bouleversements qui se continuent sous nos yeux : la croyance à la bonté de la nature humaine. En raillant un misanthrope, Molière lui fait, à lui Jean-Jacques, une injure personnelle. Qu'il y eût une pièce à écrire sur le cas du misanthrope, il en convient ; mais elle devait être l'apologie sans réserve de la misanthropie, le réquisitoire sans pitié contre l'institution sociale, seule responsable de tout le mal qui s'observe dans le monde.

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