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Rousseau: liberté et nature

Publié le 10/01/2004

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Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent, sains, bons, et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d'un commerce indépendant. Mais, dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre, dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.

Le thème de ce texte est l'origine du travail social dans sa forme aliénée ("esclavage").    Le problème est le suivant : comment l'humanité est-elle passée de l'état de nature, en lequel on peut supposer les hommes libres ("commerce indépendant"), à l'état social actuel, où règne la dépendance généralisée des hommes les uns vis-à-vis des autres ?    La thèse de Rousseau consiste à affirmer que l'origine de cette dégradation est l'apparition d'une nouvelle forme d'activité, qui n'existait pas à l'état de nature : activité collective destinée à extraire de la nature les produits nécessaires à la subsistance de l'humanité.  

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« qualificatifs positifs, mais tempérée par la deuxième partie de la formule. En effet, Rousseau ne prétend pas que la condition de l'individu naturel était absolument bonne et heureuse. Il ne prétend pas non plus que la condition de l'homme en société est absolument et irréductiblement mauvaise. - "Le travail devint nécessaire" : le travail désigne ici deux choses qui sont liées entre elles. D'abord, la dépendance des travailleurs les uns vis-à-vis des autres, ensuite, la contrainte mutuelle qui en résulte. Pourquoi "nécessaire" : parce que le projet d'accumuler des richesses, des "provisions", empêche de revenir à lasituation initiale, où chaque homme ne cherchait à tirer de la nature que ce qui lui suffisait individuellement. C - EN QUOI L'ESCLAVAGE ET LA MISERE PEUVENT-ILS ACCOMPAGNER L'ACCROISSEMENT DES RICHESSES ? Il y a un paradoxe apparent dans la question.

Une première analyse montre en effet que l'accroissement desrichesses favorise le développement du bonheur et de la liberté de l'homme. Bonheur, parce que le fait de disposer de biens matériels nombreux permet à l'homme de se détacher de sadépendance immédiate à l'égard de la nature. L'animal, lui, ne peut que s'adapter plus ou moins bien, et en quelque sorte pauvrement , à ce que peut lui offrir lanature (cf.

la disparition de certaines espèces). De plus, la qualité de la vie change : l'homme découvre des jouissances qui ne sont plus platement naturelles. Liberté ensuite, parce que si les richesses augmentent, la rivalité des hommes diminue, à condition que ladistribution sociale des richesses soit équitable . Cependant, il y a un revers de la médaille.

Plus les hommes inventent de nouveaux produits, de moins en moinsnaturels, plus ils se croient perdus si ces produits viennent à manquer. D'où une misère psychologique constante, même chez ceux qui ont le plus de biens. De plus, l'organisation politique de la société, loin de chercher à corriger les inégalités de richesse, s'emploie aucontraire, sous des formes toujours nouvelles, à maintenir la propriété privée des biens, sans se préoccuper de ladifférence des individus à cet égard.

D'où la misère matérielle. Quant à l'esclavage, il provient lui aussi de l'accroissement des richesses.

D'abord, poussés par le désir de nouvellesproductions, les hommes déjà dépendants dans le travail, accroissent la nécessité de cette dépendance.

Ils sontinterdépendants, c'est-à-dire dépendants de leurs désirs mutuels. Ensuite, ceux qui sont propriétaires du plus grand nombre de richesses, peuvent devenir propriétaires des outils deproduction -en clair, des usines.L'esclavage est alors vertical : des hommes sont sous la dépendance de ceux qui détiennent les instruments deproduction des biens qui sont pourtant vitaux pour tous . III - LES REFERENCES UTILES. PLATON, La République, livres III et IV. MARX, Le Capital, livre I Le manifeste du parti communiste . IV - LES FAUSSES PISTES. Faire de ce texte un manifeste pour le retour à l'état de nature. Faire de ce texte une critique irrémédiable de l'état social, où l'affirmation que le bonheur humain est impossible ensociété.. »

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