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Rousseau: Morale et politique

Publié le 11/01/2004

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rousseau
C'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable : ce sont nos misères communes qui portent nos coeurs à l'humanité, nous ne lui devrions rien si nous n'étions pas hommes. Tout attachement est un signe d'insuffisance : si chacun de nous n'avait nul besoin des autres, il ne songerait guère à s'unir à eux. Ainsi de notre infirmité même naît notre frêle bonheur. Un être vraiment heureux est un être solitaire : Dieu seul jouit d'un bonheur absolu ; mais qui de nous en a l'idée ? Si quelque être imparfait pouvait se suffire à lui-même, de quoi jouirait-il selon nous ? Il serait seul, il serait misérable. Je ne conçois pas que celui qui n'a besoin de rien puisse aimer quelque chose ; je ne conçois pas que celui qui n'aime rien puisse être heureux. Il suit de là que nous nous attachons à nos semblables moins par le sentiment de leurs plaisirs que par celui de leurs peines ; car nous y voyons bien mieux l'identité de notre nature et les garants de leur attachement pour nous. Si nos besoins communs nous unissent par intérêt, nos misères communes nous unissent par affection.

Rousseau cherche ici à expliquer l'origine du bonheur. A travers une série de raisons liées les unes aux autres, il montre que paradoxalement, notre bonheur provient des misères qui nous affectent. Ce sont elles qui nous portent vers autrui et qui renforcent nos liens avec lui. Le bonheur est donc pour Rousseau un état qui suppose un lien social.    Ce texte invite donc à s'interroger sur la nature et les conditions du bonheur : suppose-t-il, comme une condition nécessaire, la société ? L'état social, qui impose un certain nombre de contraintes, est-il véritablement en mesure de permettre le bonheur de chacun ? Celui-ci n'est-il pas davantage le fait de l'individu, qui, par sa conduite de vie personnelle, peut espérer accéder au bonheur ?    

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« La dimension affective est à nouveau soulignée par le texte : plus que nos besoins, sur lesquels repose un lienintéressé, déterminé par le calcul, ce sont nos peines et nos souffrances qui nous unissent "par affection" (ligne15).

La nature du lien social qui conditionne notre bonheur, est donc passionnelle. B) ETUDE CRITIQUE Rousseau défend ici l'idée que le bonheur est indissociable de notre caractère sociable.On pourrait questionner ce lien : le bonheur n'est-il pas d'abord une affaire de sagesse dans la conduite de notreexistence ? Peut-on ancrer le bonheur dans un lien affectif, par définition fluctuant et aléatoire ?Ces interrogations peuvent être nourries par les analyses d'Aristote qui associe le bonheur à la sagesse, ou cellesdes stoïciens qui pensent le bonheur comme le résultat d'une quête individuelle, exigeant que le sage se retire de laCité. IV - REFERENCES UTILES Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : sur la pitié et la sociabilité.Rousseau, Emile : sur le bonheur.Aristote, Ethique à Nicomaque : sur le bonheur de la vie contemplative.Sénèque, De la vie heureuseEpictète, Manuel : sur les conditions d'accès au bonheur.V - LES FAUSSES PISTES Manquer les liens établis par Rousseau entre imperfection, lien social, passion. VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Le texte comporte des difficultés malgré une lecture aisée. ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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