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Rugova, Ibrahim

Publié le 07/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Rugova, Ibrahim (1944-2006), homme de lettres de langue albanaise et leader pacifiste de l’indépendance du Kosovo, président du Kosovo de 2002 à 2006.

2 UN INTELLECTUEL KOSOVAR ENGAGÉ DANS LA LUTTE POUR L’INDÉPENDANCE

Né à proximité de la ville d’Istok, dans l’ouest du Kosovo, Ibrahim Rugova est le fils d’un commerçant exécuté par les communistes yougoslaves à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Il entreprend des études de littérature au département des études albanaises de l’université de Priština, qu’il poursuit à Paris (1976-1977) à l’École pratique des hautes études (Sorbonne), sous la direction de Roland Barthes. De retour dans la capitale kosovare, il se spécialise en théorie et critique littéraire, obtient un doctorat de littérature en 1984 et entame une carrière universitaire.

Ibrahim Rugova se distingue en publiant des poèmes contre le régime communiste yougoslave et, en 1988, il est élu président de l’Union des écrivains, qui devient l’organe central de l’opposition albanaise à l’autorité serbe au Kosovo. L’année suivante, alors que la Serbie de Slobodan Milošević annonce une réforme de la Constitution abolissant le statut d’autonomie du Kosovo, il fait partie des 215 intellectuels du Kosovo signataires d’un appel contre cette réforme.

3 UN PRÉSIDENT SANS PALAIS OPPOSÉ À LA LUTTE ARMÉE

En 1990, le Congrès de la Ligue des Communistes yougoslaves (l’ancien parti unique) reconnaît le pluralisme politique et Ibrahim Rugova participe à la fondation de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), qui devient la principale formation politique de la communauté albanaise. En 1991, alors qu’éclate le conflit yougoslave, il s’efforce d’en tenir le Kosovo écarté, et oppose au régime de Belgrade une stratégie non violente, tout en favorisant la constitution d’institutions parallèles. En 1992, lors d’élections semi-clandestines, il est élu président d’un État kosovar autoproclamé, et devient le représentant de la lutte pour les droits des Albanais du Kosovo.

Après les accords de paix de Dayton (1995), qui mettent fin à la guerre civile yougoslave, mais ignorent cependant la question du Kosovo, les critiques se font vives contre les résultats de la politique de résistance passive du leader pacifiste. Alors que l’intransigeance et la répression serbes se durcissent, la nécessité du recours à une stratégie militaire s’impose au sein de la communauté albanaise. Quoique réélu président du Kosovo en 1998, Ibrahim Rugova est contraint de céder l’initiative à l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Il ne joue qu’un rôle marginal dans les négociations que les diplomaties européenne, yougoslave et kosovare mènent en février 1999 à Rambouillet (France) dans une ultime tentative de mettre fin aux combats entre les forces serbes et les troupes de l’UCK. À la suite de l’échec des négociations et de l’offensive de l’OTAN contre la Serbie, il est assigné à résidence par l’autorité serbe. Il se réfugie en Italie et ne revient au Kosovo qu’en 2000, après le retrait des troupes serbes.

4 LA REVANCHE DU LEADER DES ALBANAIS MODÉRÉS

En dépit du discrédit qu’a jeté sur lui sa rencontre controversée avec Slobodan Milošević en mai 1999, en pleine guerre du Kosovo, il parvient à s’imposer sur la nouvelle scène politique kosovare et à redonner l’avantage aux indépendantistes albanais modérés. Membre du Conseil d’administration civile créé pour soutenir la Mission des Nations unies au Kosovo (Minuk) — la province est placée sous contrôle international en juin 1999 — il reprend la conduite de la LDK qu’il mène à la victoire lors des élections municipales d’octobre 2000. À l’issue des élections législatives de novembre 2001, qui voient la LDK remporter 46,29 p. 100 des suffrages, Ibrahim Rugova peine à se faire élire président du Kosovo par le Parlement, faute de majorité parlementaire. Un compromis trouvé avec l’administrateur de l’ONU permet finalement son élection en mars 2002. Alors que le Kosovo est toujours officiellement sous souveraineté yougoslave, il œuvre pour la reconnaissance d’un État indépendant et neutre, mais il décède des suites d’un cancer du poumon en 2006.

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