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Les sanctions de la loi sont-elles une violence comme une autre ?

Publié le 15/11/2005

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Dans les régimes contemporains, la violence doit être cachée, c'est ce que montrent les précautions que l'on prend pour qu'un acte n'apparaisse pas comme un acte de violence arbitraire contrairement aux châtiments et sévices qui, dans l'âge féodal, manifestaient la puissance du seigneur. b)                 Ainsi, si la sanction pénale a une fin, cette fin n'est pas toujours très claire. D'un point de vue judiciaire, la sanction doit viser la paix civile, mais elle peut aussi servir de fait à maintenir un ordre ou un rapport de force injuste. La part de violence de la sanction n'est jamais une violence qui n'a pas une utilité. Si la violence est jugée non efficace pour susciter l'obéissance alors elle sera abandonnée, la violence n'est pas l'essentiel de la sanction. Contrairement à l'acte violent irréfléchi, la violence de la sanction est très réfléchie, elle se situe dans une réflexion sur l'économie des peines. Il ne s'agit pas de satisfaire des pulsions mais de faire en sorte que les hommes obéissent aux lois. Mais la violence est ce qui fait des lois de véritables commandements, « sans le sabre les mots ne sont que palabre » écrit Hobbes. Autrement dit, sans châtiment, et sans la crainte qu'il suscite, les individus n'obéiront pas. Bien sûr, une telle conception n'est pas nécessairement exacte, il y a d'autre raisons d'obéir que la crainte.

Analyse du sujet :

 

  • Il est important de remarquer tout d'abord que la loi peut désigner aussi bien la loi positive, c'est-à-dire la loi d'un Etat particulier, que, de façon moins évidente, la loi morale.
  • En effet, seules les transgressions aux lois civiles et aux lois morales sont susceptibles d'être sanctionnées. Transgresser les lois naturelles nécessaires à notre conservation c'est s'exposer à la nécessité, il n'y a pas de sanction au sens où la sanction fait intervenir un individu ou une instance particulière.
  • C'est une fonction de l'Etat de faire respecter la loi civile ; or, pour s'en assurer, l'Etat use de la force : on parle de répression, de peines, de sanctions, ce qui fait apparaître un rapport de force. Ces peines consistent toujours en des peines infligées à l'individu jugé coupable d'un acte de transgression à la loi, ces sanctions sont des actes de violence. Le sujet semble admettre que la sanction a toujours quelque chose d'une violence, ce qui est incontestable puisque l'individu n'a pas le choix : il est obligé, contraint dans la sanction.
  • La sanction morale, le tourment du criminel, ce qu'il peut ressentir, est plus difficile à envisager comme une violence car la sanction n'est pas émise par une instance externe mais par une instance interne : la conscience.
  • Il faut enfin noter qu'il s'agit de la sanction de la loi et non pas au nom de la loi, ce qui nous indique que celui qui a pour charge de faire appliquer la loi doit s'effacer comme individu, contrairement à un acte de violence quelconque.

 

 

Problématisation :

 

La sanction est un acte violent, qui, contrairement à un acte de violence arbitraire, a non seulement une cause, mais est justifiée par cette cause. Il faut donc pour comprendre la particularité de la sanction pénale, considérer la manière dont est appréhendée la sanction par celui qui la commet, celui qui en est la « victime «, et les éventuels spectateurs de cet acte violent pour en comprendre la particularité. La violence justifiée, et donc acceptée, est-elle encore un acte de violence ? Est-ce que la fin de la sanction pénale suffit-elle à la distinguer des autres formes de violence ? La sanction morale est-elle du même ordre que la sanction pénale sur ce sujet ?

 

« faire de cet acte de violence un acte de violence particulier.

Autrement dit, ce n'est pas celui quicommet l'acte qui décide s'il s'agit d'une réponse légitime ou d'un acte de violence.

Un acte violentest ressenti d'autant plus comme violent si, vis-à-vis de celui qui le subit, il n'est pas juste.

Parexemple, si je dois réparer une faute commise et que j'accède à la raison de cette sanction enprenant conscience de l'éventuel litige que j'ai commis, alors la réparation ne m'apparaîtra pas commeforcée. b) Néanmoins, je peux considérer qu'une sanction est injuste alors qu'elle est juste mais aussi le contraire.

Le fait que la sanction soit rendue par une procession officielle peut me faire me sentirresponsable de quelque chose que je n'ai pas commis.

La violence de l'Etat n'est en tout cas pasressentie, y compris par ceux qui la subissent comme une violence comme une autre.

Max Weberécrit dans Le Savant et le Politique : « Il faut concevoir l'État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire déterminé [...], revendique avec succès pour son proprecompte le monopole de la violence physique légitime.

». c) Vis-à-vis de ceux qui connaissent, et donc assistent, à la violence dans la sanction pénale. La violence n'apparaît pas comme une violence mais souvent comme une justice.

Si une personnequelconque transgresse les lois, et donc les règles il est juste qu'il soit sanctionné, soit parce que lesautres les respectent, soit par vengeance.

Dans le cas de la sanction comme substitution de lavengeance, la part de violence est importante, elle est ce qui satisfait le désir de vengeance.

Cettepart doit donc apparaître, mais elle doit aussi être normalisée pour débarrasser la sanction de tout cequi pourrait dévoiler une quelconque partialité. 3.

Le but de la sanction pénale est la sanction morale soit une sanction sans violence.

a) La violence étant quelque chose de subjectif, qui se situe dans celui qui la subit, il convient de prendre le point de vue de celui qui subit la sanction.

Le coupable doit se sentir coupable pourappréhender l'acte de violence comme autre chose qu'une violence comme une autre mais comme unacte référé à l'infraction ou au crime commis. b) La justice dans sa procession théâtrale peut réaliser ce prodige de faire que la sanction apparaisse comme un acte qui n'est commis par personne en particulier mais au nom de la justice.

Deplus, il s'agit, dans le sujet proposé, de la sanction de la loi et non pas de la sanction au nom de la loicomme nous l'avons noté dans notre analyse. c) Pour en revenir à la sanction morale et plus précisément au lois morales qui suscitent une obligation, sa transgression peut être suivie d'une mauvaise conscience.

Or, la justice dans lasanction pénale cherche à susciter chez le criminel la conscience de la souffrance qu'il a lui mêmeengendrée.

La sanction n'est plus seulement une violence, ni une sanction de la part d'une puissancequelconque mais une véritable sanction légitime qui peut entraîner la possibilité d'une rédemption oud'un rachat. Conclusion :La sanction n'est pas un acte de violence comme un autre.

Celui qui a pour charge de l'appliquer n'est pas unindividu mais un Etat, qui a le « monopole de la violence légitime ».

De plus, s'il y a toujours de la violence dans lasanction, la sanction ne vise pas seulement à venger, elle a une fonction gouvernementale.

Les sanctions doiventapparaître le moins possible comme des simples violences car sinon c'est l'ordre politique et judiciaire qui est remisen cause et une fois que la crainte disparaît rien ne garantit plus l'obéissance.

Le moyen pour cela est de faireapparaître les sanctions justes, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elles le soient.

On peut faire naître le sentimentde mauvaise conscience pour des actes qui ne sont pas injustes, l'assentiment du sanctionné n'est donc pas mêmesuffisant pour faire de la sanction autre chose qu'un acte de violence arbitraire.. »

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