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Sans autrui, puis-je être humain ?

Publié le 11/03/2004

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L'homme est, tout au long de sa vie, entouré par cette présence, parfois indésirable, parfois inquiétante : autrui. Notre société, comme celles des singes dont l'homme est le lointain héritier, tend à codifier les rapports que nous avons avec nos congénères, et on finit par définir l'homme comme un animal sociable. La question se pose alors de savoir si l'on peut être humain sans autrui. Peut-on réellement maintenir notre humanité sans les autres. Ou sont-ils indispensables ? D'ailleurs, quand peut-on réellement parler d'absence d'autrui ?

Analyse du sujet : La notion d'humanité pourrait-elle s'appliquer à une conscience solitaire ou suppose-t-elle au contraire l'intersubjectivité et l'appartenance à une société ? Autrement dit, l'individu isolé peut-il être autre chose qu'une abstraction ? Un Dieu ou une bête comme le dit Aristote.    Conseils pratiques : Mettez en lumière le caractère relationnel de l'existence humaine tant au niveau de la conscience qu'à ceux du langage, du travail, ou des échanges par l'exemple.

« permettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins :sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plusle vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, quidépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale.« Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentimentdu bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de cessentiments qui engendre famille et cité.

»Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéderà sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et lessentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne estmoins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », quel'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, deviser le bonheur, d'entretenir avec les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital.Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réaliténaturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pasautosuffisant : il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie du corps.

Pas plus que la mainn'existe réellement sans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.

C'est d'elle qu'il reçoit son humanité,son développement, son statut moral.« Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement lebesoin, parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute,ou un dieu »Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain.L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (formebarbare pour les Grecs), elle n'est pas liée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définitd'abord par référence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmesmois et adorant les mêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaîtrepersonnellement.

L'idéal politique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travailet les nécessités vitales, disposant de loisirs) et unis par la « philia ».Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique», ce ‘est pas au même sens que les Grecs.

La polis n'est pas une communauté économique, au contraire :elle naît quand on peut s'affranchir de la contrainte économique et disposer de loisirs.

Ainsi les esclaves nesont-ils pas citoyens, ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité»).

Le travail est ressenti comme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté.Enfin Aristote polémique avec Platon.

Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef defamille, le chef politique, le maître d'esclaves.

Ces types de gouvernement ne différent que par le nombred'individus sur lesquels ils s'exercent.

Or, Aristote restitue des différences, selon que l'autorité s'exerce sur unêtre déficient, comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme etl'enfant, ou encore entre égaux, ce qui est le cas proprement politique.Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux.

Par suite, il n'a aucune mesure avec lepouvoir paternel.

Dans une communauté politique, nul ne peut se prévaloir d'une supériorité de nature pourgouverner : ainsi chaque individu sera-t-il alternativement gouvernant et gouverné.

L'idéal de la « polis »exige que chacun puisse, en tant qu'homme libre, égal aux autres, prétendre au pouvoir pour un laps de tempsdéterminé.Les modernes renieront, en un sens, l'enseignement d'Aristote, en faisant de l'individu souverain un êtreautonome, indépendant, capable de décider pour lui-même de ses actions.

Toute la tradition politique dontnotre monde est issu rejettera l'idée que : « La cité est antérieure à chacun de nous pris individuellement.

». »

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