Sans mémoire, que serait notre perception du temps ?

• Que l'on prenne le problème comme l'on veut, que l'on dise avec Saint-Augustin qu'il n'y a que le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur, que l'on admette avec Kant que le « temps n'est pas quelque chose qui existe en soi « qu'il n'est donc pas autre chose « que la forme du sens interne, c'est-à-dire de l'intuition de nous-mêmes et de notre état intérieur. « (Critique de la raison pure) ; il n'en reste pas moins que c'est la mémoire qui nous permet de saisir la durée, la continuité du temps, le rapport entre les instants qui se succèdent. • Le temps peut bien s'écouler, je ne pourrais pas le mesurer si je n'avais pas conscience de ce que j'étais hier, de l'instant qui vient de passer. Sans mémoire aucune, le temps ne serait qu'un éternel instant sans passé ni futur. Sans mémoire, je ne pourrais rien apprendre. Je ne pourrais même pas savoir qui je suis. C'est pourquoi Bergson parlant des « mouvements, envisagés en eux-mêmes « dit qu'ils « sont des indivisibles qui occupent la durée, supposent un avant et un après, et relient les moments successifs du temps par un fil qui ne doit pas être sans quelque analogie avec la continuité de notre propre conscience. « (Matière et mémoire).