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Sappho ou Sapho

Publié le 18/04/2012

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Poétesse grecque, créatrice du lyrisme érotique (Lesbos 620 avant J.-C. – 580 avant J.-C.). Bien qu'elle ait eu la réputation d'être homosexuelle (saphisme), la légende raconte qu'elle se jeta dans la mer au cap de Leucade à cause de l'indifférence de Phaon dont elle était tombée amoureuse.

 

« Sappho eut toutes les souffrances, inguérissables, celles dont on ne peut pas vouloir guérir : de la femme et du poète.

Femme.

Poète.

Inséparables.

Surtout pas « poétesse », mot rabaissant au métier.

Comment dire? femme-poète, poète-femme? toute pré et post-position est erreur.

Il faudrait un mot­ cycle coupé dans la bande : « ..

ète-femme-poète-fem ..

», des mots répétés à être un, ronde enfantine, cercle magique.

A l'origine de la poésie intime : une femme.

Sappho se choisit.

Dans les g.ooo vers qu'elle écrivit, il n'y avait pas qu'elle pourtant.

De nombreuses pièces de circonstance, de commande, nous avons des traces.

Assez pour dire, au risque de paraître sacrilège, que les regrets sur « les chefs-d'œuvre à jamais perdus » sont superflus.

Je crois aux anthologies - surtout naturelles - pour transmettre la vérité d'un poète.

Les 6oo vers qui nous restent de Sappho étaient presque tous dignes d'être sauvés.

Ceux-là surtout qui nous la rendent.

En elle, elle a choisi, femme, ce qui importait.

Ses amours? Plus que de l'amour, sa poésie est celle d'une solitude, et d'une attente.

Et pour la première fois, depuis l'antiquité, nous pouvons accueillir Sappho, librement.

Nous avons retrouvé la liberté -exceptionnelle alors dans le monde ancien -des femmes d'Eolie, et celle même des corps sous les vêtements courts, et de la presque nudité pour l'eau, les jeux, l'air, le soleil.

Notre temps ne s'arrête plus au genre d'un complément du verbe aimer.

Au-delà de la chair, nous pouvons, maintenant seulement, connaître Sappho et nous connaître en elle.

Séléné s'est enfuie et les Pléiades.

Il est minuit, le temps passe et je suis couchée toute seule.

Séparée.

Dans sa solitude et son impuissance physique et métaphysique Non, je n'essaierai pas, moi qui n'ai que deux bras, de toucher le ciel ...

Sappho porte en elle un univers déchiré.

L'amour, est-ce Eros, « monstre qui caresse et mord », ou Aphrodite, l'alliée, la sœur avec qui elle a couché - en songe? La mort, un mal « sinon.,.

les dieux mourraient aussi », ou ce rêve d'eau fleurie de lotus dont le désir l'a prise? ...

Deux âmes sont en moi et je ne sais que Jaire.

Et c'est dans une poésie de limpidité et d'harmonie qu'elle se donne ainsi.

Il faudrait en parler minutieusement, parce qu'elle est simple : simplicité voulue par la musique qui l'accom­ pagnait, simplicité des mots de chaque jour, jamais abstraits, nourris par la sève des racines encore vivantes.

Heureux poètes qui n'avaient pour dictionnaire que la nature des choses, qui enten­ daient bouger les verbes.

Eolienne, Sappho a donné l'air pour encre de ses vers : « J'écris mes vers avec de l'air ...

».

Impalpable, élémental, poussière de musique, c'est là sa voix même, que les traductions n'ont pas conduite jusqu'à nous.

Intuitives, attentives, elles auraient pu tenter de délivrer pourtant, quelquefois, un écho.

Autour de la source chante une Jraz'cheur dans les branches et des feuilles frissonnantes coule le sommeil.

Sappho du temps de Bouddha et de Jérémie, voisine de Solon et de Nabuchodonosor, fille de ces îles où la mer brasse avec les secrets de Minos les monstres et les femmes jetés -sirènes?­ Sappho s'enchante de l'éclat, enchante la souffrance d'être, ~'être ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas, nous porte en elle.

Sa voix est notre silence .

..

.

et la nuit aux mille oreilles redit à travers la mer la mer qui nous sépare ce que toutes deux nous savons.

EDITH MORA. »

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