Devoir de Philosophie

Sartre: Etre et Néant

Publié le 16/01/2004

Extrait du document

sartre

Sartre: Etre et Néant

Le problème moral de l’existentialisme est qu’il est impossible de savoir, a priori, le contenu des meilleures actions possibles. S’il faut éviter de jouer un rôle, d’être de mauvaise foi, s’il faut assumer la contingence essentielle de l’existence, la justification de ce devoir être est elle-même problématique : la sincérité n’est-elle pas dans ce cas un modèle, une garantie injustifiable ? D’une part, l’ontologie nous dit ce que l’homme est, non ce qu’il devrait faire. D’autre part, le devoir d’authenticité de Sartre n’est pas un impératif en droit supérieur aux autres. L'exigence éthique se profile donc comme un problème dans l’horizon existentialiste.

sartre

« objet pourtant extérieur à elle, elle est hantée par cet objet désirable qu'elle n'est pas, et c'est seulement par cemouvement qui la porte au-delà d'elle-même qu'elle peut exister. Si la chose est ce qu'elle est, et si la conscience est tout le contraire d'une chose, alors il est par principeimpos sible à la conscience d'être ce qu'elle est: la réalité humaine, du fait qu'elle est conscience, est ce qu'elle n'est pas et n'est pas ce qu'elle est.

A tout moment, elle vise et se représente ce qu'elle n'est pas : les données dumonde.

Mais elle est toujours au-delà de ses moments par le mouvement même de visée et de saisie qui laconstitue.

Or coïncider avec elle-même, se donner la consistance et la permanence d'une chose, c'est-à-diredevenir aussi incontestable qu'une chose, c'est là le rêve de toute conscience.

Et c'est dans la mauvaise foi, qu'elleréalisera ce rêve. En s'opposant aux choses, en les « néantisant », la conscience transcende le monde. La conscience surgit dans le monde des choses, s'ouvre aux choses, et ainsi, ces choses, qu'elle n'est pas, luiapparaissent (dans la perception et la connaissance).

C'est donc en n'étant pas le monde des choses que la conscience peut être présence à ce monde.

Je ne suis pas la table que je perçois, car si j'étais elle, je ne la percevrais plus: la conscience constitue donc le monde en se constituant elle-même comme n'étant pas cemonde ; c'est ce que Sartre appelle « mouvement de néantisation de la conscience. » Exister, pour la conscience, c'est être par principe au-delà de ce qui se donne à elle, c'est échapper à son objet, et c'est cette capacitéd'échappement continuel, d'évasion vers autre chose que le donné, que Sartre nomme « transcendance ».

La néantisation et la transcendance sont donc une seule et même chose. Mais puisque la conscience doit sortir d'elle-même pour saisir les objets, cela veut dire que l'objet est toujours en dehors de la conscience, elle ne peut jamais coïncider avec lui : l'objet est donc à son tour transcendant à la conscience.

C'est pourquoi, paradoxalement, tout ce que la conscience transcende la transcende à son tour.

La conscience vise des objets du monde sans jamais pouvoir les atteindre : car en aboutissant aux choses, elle seconfondrait avec elles et s'abolirait comme conscience.

Le monde et les autres consciences qui habitent ce monderestent donc inaccessibles pour chaque conscience. Pour prendre une image, la conscience pour Sartre existe dans le monde comme un prédateur traqué.

Prédateur, parce que la conscience est néantisation, elle ne peut saisir les autres consciences qu'en les niant, en lessupprimant, elle ne peut donc se révéler elle-même que dans le conflit.

Mais la conscience est aussi traquée dans le monde par les autres consciences, qui sont déjà là dans le monde quand elle les vise: toute conscience est unetranscendance déjà transcendée par la conscience d'autrui, puisque nier autrui, c'est reconnaître qu'il était déjàlà.

La présence d'autrui signifie donc pour toute conscience une toujours possible mise en échec de sa transcendance par l'autre.

La transcendance n'est donc possible pour la conscience humaine qu'accompagnée desdimensions du conflit et de l'échec.

C'est pour nier ces dimensions, pourtant nécessaires, qui la déstabilisent, quela conscience aura recours à la mauvaise foi. Toute conscience de quelque chose est en même temps conscience d'elle-même Toute conscience est conscience de son objet, et elle ne peut jamais être objet pour elle-même.

Elle ne peut passe saisir elle-même.

Par exemple, un sprinter qui voudrait se voir partir sur l'écran géant du stade, sur lequeldéfilent les images en direct du départ de la course, serait condamné à manquer son départ.

Tout comme cesprinter, la conscience ne peut jamais viser l'image de son propre effort, elle ne peut jamais prendre son propremouvement intérieur pour objet. Et pourtant la conscience existe pour elle-même comme conscience.

Elle est existence pour soi, dit Sartre , ou pré sence à soi.

Mais c'est une présence immédiate, irréfléchie à soi, qui n'a jamais la valeur d'une connaissance de soi: cette présence immédiate à soi, Sartre l'appelle le « cogito pré-réflexif ».

Cela signifie qu'avant toute réflexion, la conscience doit être présence spontanée à soi pour exister comme conscience dans toutes ses activités : percevoir, se souvenir, imaginer, aimer...

Percevoir, c'est poser un objet dans son extériorité ; se souvenir, c'est poser une représentation mentale comme élément de mon passé; imaginer, c'est poser comme présence fictive une absence d'objet.

Dans toutes ses activités, dit Sartre , la conscience est « positionnelle d'objets ».

Mais la conscience, lors de ses activités, s'apparaît en même temps à elle-même, mais sans jamais se poser comme objet pour elle-même. Elle saisit qu'elle est, mais elle ne peut poser ce qu'elle est, et c'est pourquoi Sartre nomme « conscience non positionnelle d'elle-même » cette insaisissable apparition à elle-même de la conscience. La conscience saisit donc qu'elle est, elle est conscience de part en part, dit Sartre , toujours présente à tous ses actes, translucide.

Mais elle ne peut jamais se connaître elle-même, se saisir comme un objet, car si elle est tout pour elle-même, elle n'est rien en elle-même: en elle-même, elle n'est qu'un néant d'être.

est ce néant qu'elle se défendra dans la mauvaise foi. La conscience est néant d'être, mais ce néant en elle, c'est la liberté L'homme sait au moins de lui une chose, c'est qu'il est l'être qui peut examiner ses propres conduites et s'interroger. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles