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SARTRE Jean-Paul, La Nausée

Publié le 22/02/2012

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Antoine Roquentin travaille à la rédaction d'un mémoire qui traite de la vie d'un aristocrate du XVIIIe siècle. Célibataire à trente-cinq ans, il vit retiré à Bouville, après avoir vécu une vie de voyages dont, très vite, il s'est lassé. La Nausée est le journal qu'il a entamé lorsqu'il s'est aperçu, en ramassant un galet au bord de la plage, que les objets ou la perception qu'il en avait avaient changé. Il se demande s'il n'est pas en train de devenir fou. Une transformation s'est opérée et Roquentin va, par le biais de son journal, tenter de déterminer la nature de celle-ci. Les objets les plus ordinaires semblent animés d'une vie propre. Lorsqu'il ramasse une feuille de papier, il n'a plus le sentiment de se saisir d'un objet inanimé mais bien d'être touché, comme si celui-ci s'était transformé en animal vivant. Le monde inanimé des choses provoque en lui une impression d'écoeurement douceâtre, de nausée. Le seul rempart qu'il ait réussi à opposer à cette agression est l'ambiance du café Mably où la musique et l'atmosphère bruyante semblent le protéger. A la bibliothèque, son étude sur Monsieur de Rollebon le laisse indifférent; déçu par les résultats hypothétiques de son travail, il observe les autres lecteurs et plus particulièrement l'«Autodidacte». Ce clerc de notaire a la particularité de vouloir lire tous les livres de la bibliothèque en en suivant l'ordre alphabétique. ?
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« une fiction... Pistes de lecture Une œuvre accomplieJean-Paul Sartre est né à Paris en 1905.

La Nausée est sa première œuvre littéraire publiée.

Proposé sous le titreMelancholia aux éditions Gallimard et rebaptisé La Nausée lors de sa publication, ce livre fut considéré par la critiquecomme une réussite si accomplie que beaucoup doutèrent de la faculté, pour l'auteur, de progresser dans le genre.Ce que la critique ignorait alors, c'est que, depuis des années, Sartre écrivait pour lui-même (presque aucune desœuvres antérieures à La Nausée n'a été publiée à ce jour).En 1916, Sartre entre au lycée de La Rochelle et rencontre Paul Nizan avec qui il suivra les cours de l'Ecole Normaleen 1926.

Cette même année, il fait la connaissance de Simone de Beauvoir et termine son agrégation en 1929.

Ilmènera ensuite de front une carrière de professeur de philosophie et d'écrivain et ne quittera l'enseignement qu'en1945, année de la fondation de la revue Les Temps modernes.Dès cette époque, l'œuvre d'art envisagée comme seule forme de salut — le même sentiment anime Roquentin dansLa Nausée — laisse peu à peu la place à un engagement politique qui se traduit tantôt par des actions ponctuelles(mai 68), tantôt par une littérature militante (l'affaire Henri Martin, 1953).

Lors de la rédaction de La Nausée, Sartrene se soucie pas encore de l'engagement historique; ce qui est essentiel, c'est l'œuvre d'art.

Ce journal d'un hommequi se sent peu à peu happé par les désillusions évolue suivant un double principe; d'une part, la découvertemétaphysique de l'absurde de l'existence, c'est-à-dire que l'existence est un défaut de l'être, et, d'autre part, lamise en question et la démythification de principes tels que l'aventure, l'humanisme, les instants parfaits (lamadeleine de Proust), les gens bien pensants, etc. L'œuvre d'art comme seul salutLa découverte de l'existence que fait Roquentin, bien que d'ordre philosophique, se place sur le plan de la sensation.Ce qui a changé, ce n'est pas le monde mais la manière dont le héros le perçoit.

D'abord effrayé par ce qu'il croitêtre la manifestation d'une maladie mentale qu'il va chercher à analyser (c'est le but de son journal), il va peu à peuconsidérer la nausée comme partie de lui-même.

Ce dégoût résulte de sa perception des objets comme existants,c'est-à-dire doués de qualités.

Les objets touchent, bougent, refusent de se laisser nommer (à force d'observer uneracine, Roquentin ne saura plus la nommer), les choses ne se laissent plus fixer.

La nausée vient de ce sentiment deflou, de flasque, de flottement des objets qui, peu à peu, s'animent jusqu'à en devenir agressifs (les bretelles duserveur, le galet).

Roquentin découvre la résistance passive des choses qui, dès qu'il les observe de près, ne sontjamais totalement elles-mêmes.

L'essentiel, c'est la contingence.

Exister, c'est être là simplement, mais cela nesignifie pas que l'on puisse déduire les choses.

Elles sont, gratuitement.

L'existence ne se laisse pas penser de loin.Et l'homme, tout comme le monde, est là, sans plus.

La seule justification de l'homme, le seul acte qui puisse luiaccorder l'opacité et le poids des choses, est sans doute l'œuvre d'art que Roquentin se proposera d'écrire. L'homme face à la nauséeFace à cette découverte, toutes les illusions que l'homme s'invente s'effondrent.

Les rêves d'Anny n'existaient pas,elle voulait agir, profiter de situations privilégiées afin de créer des moments parfaits et lorsqu'elle retrouveRoquentin, c'est pour lui avouer l'échec de son entreprise.

Mêmes espoirs, mêmes illusions en ce qui concernel'Autodidacte, amoureux éperdu du genre humain et de la culture qu'il emmagasine par ordre alphabétique et quifinira par être chassé de la bibliothèque pour pédérastie.

Ne parlons pas de l'esprit d'aventure et des voyages dontRoquentin est revenu.

L'aventure n'est même pas au coin de la rue un dimanche après-midi, ce n'était qu'uneillusion.

Quant aux gens de bien, ceux-là mêmes qui s'exhibent à la sortie de la messe, tellement sûrs d'eux-mêmeset de leur respectabilité, Roquentin ne voit en eux que des salauds.

Si l'histoire est un leurre, les mythes unedérision, l'aventure une dangereuse illusion, les instants privilégiés une fausse route, que reste-t-il à l'homme quipuisse justifier son existence?C'est par le biais de la musique qui dissipe la nausée de Roquentin que celui-ci découvre une porte de salut.

Sil'existence est gratuite, l'homme peut la justifier parla création.

La Nausée de JEAN-PAUL SARTRE Né à Paris.

Jean-Paul Sartre (1905-1980) est reçu au concours de l'École Normale supérieure à l'âge de dix-neufans.

Agrégé de philosophie en 1929, il a poursuivi une carrière dans l'enseignement, interrompue par la guerre,jusqu'en 1945.

Mis en congé illimité, il s'est ensuite consacré au journalisme et aux voyages.

Intellectuel militant degauche, il a pris position sur les événements contemporains.Son oeuvre philosophique a profondément marqué l'après-guerre avec la publication de l'Eire et le Néant en 1943.

Iln'y définit pas la liberté comme l'aptitude à disposer de son destin pour en changer le cours, mais comme unengagement possible de l'homme qui donne un sens à sa situation.

L'exercice de cette liberté de s'identifier avec lui-même peut faire prendre conscience à l'homme du tragique de l'existence et l'entraîner dans le désespoir.

Seul lesens de la solidarité, qui fait de l'existentialisme un humanisme, peut arracher l'homme au nihilisme absolu, à laconviction de son néant. Du 29 janvier au 21 février 1932, Antoine Roquentin tient son Journal pour essayer d' « y voir clair ».

Il s'est installéà Bouville pour y travailler à un livre d'histoire.

Mais, dans cette petite ville morne, les dimanches sont monotones.. »

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