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Le savoir de l'historien est-il vérifiable ?

Publié le 21/03/2005

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Quelles sont les exigences, quels sont les moyens de la vérification ?

« Vérifier « c'est, au sens le plus général, contrôler la véracité, l'exactitude d'une affirmation ou d'une hypothèse. En un sens plus restreint, la vérification scientifique consiste à mettre en évidence expérimentalement les résultats ou les phénomènes prédits par la théorie. Pour être probante, la vérification doit suivre des procédures précises. De quels moyens l'historien dispose-t-il ? Quelle difficulté particulière, liée à l'objet même de sa recherche, s'oppose à la vérification de son savoir?

« III.

Savoir et comprendre. Ces difficultés pratiques et théoriques ne signifient pas que le savoir de l'historien n'ait aucune valeur objective : ilfaut se garder du relativisme historique. • Contre le relativisme.Il importe d'abord de ne pas se servir des difficultés de vérification pour affirmer que l'objectivité de l'historien n'estqu'un leurre ou que toutes les interprétations se valent, ou encore pour nier un événement dont il ne reste pardéfinition aucun témoin vivant. • Un savoir ouvert.À l'inverse, l'historien doit toujours tenir compte de ces lacunes inévitables pour ne pas figer son savoir en dogmedéfinitif : de nouvelles interprétations doivent être possibles dès lors qu'elles sont fondées et sérieuses. • Savoir ou comprendre ?Enfin, on peut souligner que le travail de l'historien n'est pas tenu de prendre pour modèle le savoir du physicien,puisqu'il étudie un phénomène humain : il ne s'agit donc pas seulement de connaître le réel mais aussi decomprendre le sens d'une époque ou d'un événement qui fait partie de notre patrimoine, c'est-à-dire de notreidentité.Faire de l'histoire, c'est d'abord comprendre le passé : Dilthey a bien montré que l'histoire devait développer uneapproche spécifique qui se distingue de l'explication physique.

Comprendre c'est intégrer le fait que les événementssont l'aboutissement de jugements de valeurs, qu'ils constituaient, pour ceux qui les ont vécus, un sens qu'il s'agitde retrouver.Dilthey dira: «Dans les sciences de l'esprit [...] l'ensemble de la vie psychique constitue partout une donnéeprimitive et fondamentale.

Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.» Dilthey, Idées concernantune psychologie descriptive et analytique (1894). • Dilthey, avec la distinction entre «expliquer» et «comprendre», essaie de penser une distinction entre: lessciences de la nature (qui tâchent d'écarter le flou interprétatif), et les sciences de l'esprit (qui admettent leurcaractère interprétatif propre, sans perdre pour autant leur statut de science).

Contrairement aux ambitions du xviiesiècle, les sciences de l'esprit (qu'on appellera plus tard les «sciences humaines») doivent s'affranchir du modèlegéométrique pour constituer leur scientificité propre. Conclusion. On peut donc affirmer sans hésitation que le savoir de l'historien est ouvert à des vérifications, mais il convient denuancer cette réponse de deux façons : d'une part ces vérifications ne seront jamais aussi complètes que cellesque peut exiger le physicien; d'autre part leur précision et leur ampleur varient selon les traces dont disposel'historien.

Il y a là un élément de hasard ou de chance qui échappe même au plus objectif et au plus scrupuleux deshistoriens.. »

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