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Le sceptique est-il un ignorant ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse: - Le terme sceptique vient du grec « skepsis » qui signifie observer, examiner, puis mettre en doute. Le sceptique est donc celui qui est incrédule par principe et qui met en doute toute affirmation. - L'ignorance se définit négativement comme le contraire du savoir. Le savoir est l'état qui consiste à tenir certaines proposition pour vraie avec certitude. Etre ignorant est donc un état qui consiste à ne pas posséder une telle certitude quant à la vérité ou la fausseté de certaines propositions. - En ce sens, il semble donc que le sceptique, celui qui met en doute, ne puisse que détruire la certitude et s'enfoncer du même geste dans l'ignorance. Cependant, le fait même d'examiner suppose un certain savoir: technique d'examen, mise en doute de ce qui est évident pour d'autre suppose le savoir des contre-exemples, des contre arguments.   Problématique: Le fait de considérer a priori toute proposition comme douteuse entraîne-t-il nécessairement la destruction de tout savoir, ou au contraire peut-il engendrer un savoir propre au sceptique?

« n'est qu'à ce prix qu'il pourra ensuite trouver une assise certaine à toute la connaissance.

En effet, nous devonscommencer par chasser nous préjugés avant de pouvoir nous mettre en quête de la vérité.

Il faut donc différencierle scepticisme comme doctrine du scepticisme méthodique, qui n'est qu'un moment négatif nécessaire à laconstitution du vrai savoir.

Le sceptique est, dans ce cas, loin d'être ignorant: c'est au contraire celui qui s'estengagé dans une démarche de connaissance, et qui a déjà effectué une partie du chemin.

Transition: L'ignorance spécifique au sceptique n'est pas une ignorance comme privation de savoir.

Elle est même nécessaire àla construction d'une connaissance certaine.

Cependant, il faut différencier « le sceptique » proprement dit de celuiqui use, au sein d'une recherche de la vérité, d'un scepticisme méthodologique comme d‘un premier moment négatifavant la construction d‘un savoir véritable.

Le sceptique au sens propre est celui qui reste dans le doute et qui nedépasse pas les apories de la raison.

Son incapacité à passer dans une phase positive de construction du savoir neproviendrait-elle pas d'une ignorance bien spécifique? III) Le sceptique ignore que la vérité nous est donnée par d'autres voies que celle de la raison: - Ce que nous pourrions reprocher au sceptique, c'est de s'acharner à vouloir tout examiner à l'aide de sa raison, etde ne vouloir tenir pour vrai que ce qui est rationnellement démontré.

En effet, il semble évident qu'un tel examenne puisse jamais aboutir, et que celui qui juge tout à l'aune de sa raison sera nécessairement conduit à rejeter touteaffirmation.

Il suffit d'examiner la manière dont procède la raison: celle-ci cherche la cause de chaque chose.

Demême, dans une démonstration, chaque proposition doit être précédée de principes antérieurs desquels elle estdéduite.

La raison est donc, par sa nature même, condamnée à une régression à l'infini.

Nous sommes donceffectivement incapables d'affirmer quoi que ce soit à l'aide de notre seule raison.- Mais cela ne doit pas cependant faire de nous tous des sceptiques.

Ces derniers ont bien perçus la faiblesse denotre raison, mais ils n'ont pas vus que nous disposions d'autres moyens de connaissance.

Ainsi, Pascal affirme danssa Pensée 110 (Lafuma) que « Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le coeur ».

Le cœur est cette faculté par laquelle la nature nous procure une connaissance immédiate des premiers principesindémontrables.

Nous savons par exemple que nous ne rêvons pas, même si nous sommes incapables de le prouverrationnellement.

C'est cette deuxième source de connaissance qu'ignore le sceptique et qui le conduit à des doutesaberrants.

- Cette ignorance amène d'ailleurs le sceptique à se contredire lui-même, ou plutôt à contredire sa théorie par sesactes.

En effet, nous ne pourrions pas vivre si nous ne faisions pas confiance à ces principes que nous intuitionsnaturellement.

Le sceptique, comme n'importe qui, vit en réalité selon ces principes.

Comme le dit Pascal dans laPensée 131: le sceptique dit ne rien connaître de la nature des choses extérieures, cependant il fuit devant le feu et ne doute pas un instant qu‘il risque la brûlure.

La nature soutient donc la raison impuissance, et ce n'est que parmauvaise foi que le sceptique peut feindre de n'accorder aucun crédit à ces connaissances naturelles.

Si le sceptique est ignorant, ce n'est pas parce qu' il ignorerait certaines vérités que d'autres possèderaient.

Lescepticisme implique bien plutôt une connaissance plus grande de ce point de vue: à la fois la connaissance de cesvérités et la connaissance de ce qui les rend douteuses.

Cependant, un reproche peut être fait au sceptique: c'estd'ignorer qu'il existe des sources de vérité autre que la raison.

Ceci dit, un sceptique répondrait simplement à cettecritique.

En effet, la fiabilité de ces autres sources de connaissance ne peut être prouvée, elle reste doncdéfinitivement douteuse.. »

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