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SCHOPENHAUER: Que la métaphysique est l'intelligence du monde

Publié le 22/02/2012

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schopenhauer
Le monde et notre propre existence se posent nécessairement à nous comme un problème. Pour Kant (notons qu'il admet tout cela sans démonstration), ce n'est pas en comprenant à fond le monde lui-même qu'on peut obtenir la solution du problème; on doit au contraire chercher cette solution dans quelque chose de tout à fait étranger au monde (tel est, en effet, le sens de l'expression : « au-delà de toute expérience possible »); dans la recherche de la solution on doit exclure toute donnée dont on puisse avoir une connaissance immédiate quelconque (car qui dit « connaissance immédiate » dit expérience possible interne ou externe); la solution ne doit être cherchée que d'après des données acquises indirectement, c'est-à-dire déduites de principes généraux a priori. Cela revient à exclure la source principale de toute connaissance et à condamner la seule voie qui conduise à la vérité. Dès lors, il n'est pas étonnant que les essais dogmatiques ne réussissent point; il n'est pas étonnant non plus que Kant ait su démontrer la nécessité de leur échec; en effet, on avait, au préalable, déclaré que « métaphysique » et « connaissance a priori » étaient identiques. Mais pour cela il aurait fallu commencer par démontrer que les éléments nécessaires pour résoudre le problème du monde ne devaient absolument pas faire partie du monde lui-même, on devait au contraire les chercher en dehors du monde, là où il est impossible d'arriver sans le secours des formes a priori de notre entendement. Tant que ce dernier point reste indémontré, nous n'avons aucune raison pour récuser, dans le plus important et le plus grave de tous les problèmes, la plus féconde et la plus riche des sources de notre connaissance, je veux dire l'expérience interne et externe, et pour n'opérer dans nos spéculations qu'à l'aide de formes dépourvues de contenu. Voilà pourquoi je prétends que c'est en acquérant l'intelligence du monde lui-même que l'on arrive à résoudre le problème du monde. Le monde comme volonté et comme représentation (1819, 1844). Traduction Burdeau. Paris, Éd. Alcan, 1924, T. II, p. 16 et 17.

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