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Une science du particulier est-elle possible ?

Publié le 25/06/2009

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« L'homme désire naturellement savoir «, dit Aristote dès les premiers mots de sa Métaphysique « : les pourquoi « incoercibles de l'enfant, la curiosité de l'adulte à l'affût des nouvelles, les patientes recherches du savant en quête de l'explication d'un phénomène, sont des effets divers de cette tendance foncière chez l'homme, de ce désir de savoir. Mais que désirons-nous savoir, ou, si l'on veut, qu'est-ce que savoir ? Toute connaissance mérite-t-elle d'être appelée savoir ou science ? ou faut-il réserver ce titre à une connaissance supérieure, et dire avec Aristote qu' « il n'y a de science que du général « ?

 

Tout d'abord, nous pouvons connaître des objets particuliers, et cette connaissance est le but, de la part de vrais savants, de nombreuses recherches. En premier lieu, il y a une connaissance de l'individuel : je connais des individus ; non seulement des hommes que je distingue entre tous, mais encore des animaux, des choses, des faits : je sais que la mercière du coin a ouvert son magasin à 8 h. 5, que j'ai rencontré et salué devant la mairie un ami de ma famille. Il est même des sciences qui n'ont pour objet que des réalités individuelles. S'il y a une géographie générale, la géographie proprement dite reste dans l'étude du particulier : il n'existe qu'une chaîne des Pyrénées, qu'une Garonne, qu'une plaine de la Beauce. L'historien aspire plus ou moins à découvrir les lois générales de l'évolution des sociétés ; mais son rôle propre est de reconstituer des faits uniques dans tout le cours des temps, comme la bataille de Cannes ou la journée du 18 brumaire. D'ailleurs, la science du général repose sur la connaissance de l'individuel. On ne saurait en douter pour les sciences de la nature. Elles partent nécessairement de l'individuel, seul réel : l'observation porte sur des objets particuliers, et si l'hypothèse généralise, l'expérimentation la contrôle en se référant de nouveau à des faits individuels. La connaissance de l'individuel est donc au moins l'instrument indispensable des sciences de la nature. Sans doute, les sciences mathématiques partent de définitions qui sont générales. Mais les notions mathématiques furent obtenues, à l'origine, par abstraction de données sensorielles concrètes et individuelles, et elles ne sont comprises que grâce à notre expérience perceptive. En sorte que la science la plus générale elle-même exige la connaissance de l'individuel.

 

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