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Les sciences construisent-elles leur objet ?

Publié le 27/02/2008

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c) Ainsi, du point de vue de l?antiréalisme, le physicien construit voire invente des entités et des processus, en vue de prévoir et de produire des événements. Le terme « atome », par exemple, n?est pour l?antiréaliste qu?une manière abrégée de désigner une classe de procédures expérimentales. Cela ne signifie aucunement que les atomes existent effectivement dans la nature indépendamment de l?homme qui en parle. Passant du registre scientifique au registre métaphysique, un philosophe comme Berkeley ira même jusqu?à soutenir que le monde matériel n?est qu?une représentation des sujets humains, qu?il n?a pas d?existence autonome et qu?il disparaîtrait en conséquence si tous les hommes disparaissaient. On est bien obligé, dès lors qu?on considère l?antiréalisme comme une thèse valide, de considérer que les sciences construisent bel et bien leur objet. Problème : Toutefois, si la science construisait totalement son objet, et si la réalité n?était rien de plus que le fruit de l?imagination du sujet pensant, la science pourrait entièrement modeler la réalité. Si le monde n?est rien de plus que la représentation que s?en font les humains, alors il suffit à ces humains de changer leur représentation du monde pour changer le monde. Pourtant, nous constatons bien que cela n?est pas possible, et que, par ailleurs, une réalité extérieure contraint les théories scientifiques à certaines nécessités. Transition : L?incapacité de l?homme à changer le monde en changeant sa représentation de celui-ci ne nous invite-t-il pas à penser que ce monde existe indépendamment de nous ?   La science considérée comme une interprétation humaine du réel extérieur.

« Transition : L'impossibilité d'invoquer un verdict absolu en matière scientifique et les multiples remises en cause des théories scientifiques réfutent-elles le réalisme scientifique ? La science considérée comme un outil. 2.a) L'histoire des sciences tend à infirmer le réalisme.

Si l'on prend par exemple les systèmes astronomiques, nousconstatons que le système astronomique de Ptolémée, qui plaçait la Terre au centre de l'univers, était dans sesprévisions quasiment aussi efficace que celui de Copernic qui, de son côté, était basé sur le fait que le soleil étaitau centre du système, la Terre tournant autour.

Tous deux permettaient de faire des prévisions sur la trajectoiredes astres.

Le système de Ptolémée s'est pourtant révélé faux par la suite et a été remplacé par celui de Copernic.Cet exemple nous prouve qu'on ne peut pas concevoir la science comme une accumulation continue deconnaissances et que la vérification des prédictions ne permet pas de confirmer qu'un système correspond au réel.Bien au contraire, le fait que deux énoncés contradictoires permettent des prédictions identiques aurait tendance ànous pousser à considérer que ces énoncés ne correspondent pas du tout au réel, puisqu'ils peuvent tout deuxdécrire une même réalité et être pourtant différents.

b) Comme l'écrit Einstein : « la physique décrit la “réalité”.

Or, nous ne savons pas ce qu'est la “réalité”, nous ne laconnaissons qu'à travers la description qu'en donne la physique ! » (Lettre à Schrödinger du 19 juin 1935) Texte: Einstein et de Léopold Infeld, La théorie est une interprétation du réel « Les concepts physiques sont des créations libres de l'esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire,uniquement déterminés par le monde extérieur.

Dans l'effort que nous faisons pour comprendre le monde, nousressemblons quelque peu à l'homme qui essaie de comprendre le mécanisme d'une montre fermée.

Il voit le cadran etles aiguilles en mouvement, il entend le tic-tac, mais il n'a aucun moyen d'ouvrir le boîtier.

S'il est ingénieux, il pourrase former quelque image du mécanisme, qu'il rendra responsable de tout ce qu'il observe, mais il ne sera jamais sûrque son image soit la seule capable d'expliquer ses observations.

Il ne sera jamais en état de comparer son imageavec le mécanisme réel, et il ne peut même pas se représenter la possibilité ou la signification d'une tellecomparaison.

Mais le chercheur croit certainement qu'à mesure que ses connaissances s'accroîtront, son image dela réalité deviendra de plus en plus simple et expliquera des domaines de plus en plus étendus de ses impressionssensibles.

Il pourra aussi croire à l'existence d'une limite idéale de la connaissance que l'esprit humain peutatteindre.

Il pourra appeler cette limite idéale la réalité objective.

» Dans ce texte, il s'agit de s'interroger sur les rapports entre la théorie et la réalité.

Les concepts que nous utilisonspour expliquer la réalité ne sont pas guidés et fournis par le réel, mais sont des constructions de l'esprit humain.

Unetelle thèse va alors conduire à s'interroger sur la question de la vérité.

Afin de mieux le comprendre, on peut partirici de l'analogie : On a beau répéter qu'il nous est impossible d'ouvrir le boîtier, la tentation est grande de s'imaginerle contenu de la montre, son mécanisme.

Or c'est bien là ce qui peut retenir notre attention dans la lecture de cetexte.

Il ne s'agit pas d'une interdiction provisoire, conjoncturelle, mais d'une impossibilité principielle : nous nepouvons voir la réalité physique telle qu'elle est en elle-même, indépendamment de tout sujet observant.

Bref, nousn'avons pas d'accès à la chose en soi.

La théorie ne pourra plus dès lors être pensée comme une copie de la réalité(ou alors une copie sans modèle, une copie qui n'imite rien) mais bien comme un modèle d'interprétation,d'intelligibilité des phénomènes.

Est-ce à dire qu'il n'y aura jamais aucune connaissance de la réalité, que si toutesles théories ne sont que des interprétations, aucune ne vaut plus que l'autre ? vous pouvez montrer en quoil'affirmation selon laquelle nous n'avons pas accès au réel en soi ne conduit pas nécessairement à de tellesaffirmations.

Pour reprendre l'analogie utilisée dans le texte, il y a des images du mécanismes qui rendent beaucoupmieux compte que d'autres la manière dont la montre fonctionne.

Enfin, il convient d'insister sur la fin du texte quiachève le passage d'un point de vue réaliste naïf à un point de vue idéaliste méthodologique puisque la notion devérité est définie comme limite idéale de la connaissance de l'esprit humain.

Le rappel de l'impossibilité de toutecomparaison entre la description théorique et la chose elle-même opère en effet une sortie de la compréhensionclassique de la vérité comme adequatio intellectus et rei (adéquation de l'esprit et de la chose).

Mais la réalitéobjective n'est pas la réalité en soi.

L'homme ne connaît en effet de la réalité que ce qu'en disent les théories, il n'a aucun accès à la réalité en soi, maisc'est lui-même qui écrit ces théories.

En réalité, il est probable que les théories scientifiques n'aient pas à êtrelittéralement comprises : ce ne sont en fait que des instruments pour classer, prédire et agir sur les phénomènes.Les entités qu'elles mentionnent ne sont que d'utiles fictions intellectuelles.

Cette position constitue celle quesoutiennent les antiréalistes, qui opposent à la thèse de la théorie-reflet soutenue par les réalistes celle de lathéorie-outil.

La science est alors ramenée à un simple instrument permettant de faire des prévisions.c) Ainsi, du point de vue de l'antiréalisme, le physicien construit voire invente des entités et des processus, en vuede prévoir et de produire des événements.

Le terme « atome », par exemple, n'est pour l'antiréaliste qu'une manièreabrégée de désigner une classe de procédures expérimentales.

Cela ne signifie aucunement que les atomes existenteffectivement dans la nature indépendamment de l'homme qui en parle.

Passant du registre scientifique au registremétaphysique, un philosophe comme Berkeley ira même jusqu'à soutenir que le monde matériel n'est qu'unereprésentation des sujets humains, qu'il n'a pas d'existence autonome et qu'il disparaîtrait en conséquence si tousles hommes disparaissaient.

On est bien obligé, dès lors qu'on considère l'antiréalisme comme une thèse valide, deconsidérer que les sciences construisent bel et bien leur objet.Problème : Toutefois, si la science construisait totalement son objet, et si la réalité n'était rien de plus que le fruitde l'imagination du sujet pensant, la science pourrait entièrement modeler la réalité.

Si le monde n'est rien de plus. »

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