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Sciences & Techniques: Placebo

Publié le 23/04/2012

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Le contrôle que le cerveau peut exercer sur le corps est exploré depuis plusieurs décennies. Au fil des ans, il se confirme que des non-médicaments comme les placebos peuvent avoir les mêmes effets que les vrais. Et que le système nerveux est intimement lié à la défense contre la maladie. Mais on ignore encore les mécanismes intimes qui lient la pensée et le corps. "Les mécanismes par lesquels une pensée peut avoir une influence sur le fonctionnement de l'organisme, le déclenchement, le cours et la guérison d'une maladie, demeurent largement inconnus. Pourtant, le fait est indéniable : l'imagination peut créer aussi bien que guérir un certain nombre de maladies. Mais, si ce fait est observable, son interprétation reste un mystère", écrit J.J. Aulas dans les Médecines douces (1).

« Mais les taux varient selon les domaines : Près de 70 de résultats positifs pour le mal de tête, 58 pour les troubles digestifs, voilà des taux qu'envieraient bien des vraismédicaments.

Et des taux particulièrement instructifs, parce qu'ils révèlent incidemment la différence fondamentale entre mal de têteet migraine, par exemple.

La migraine, en effet, cède moitié moins bien au placebo. On relève en tout cas que le placebo a une efficacité particulière dans le domaine de la douleur .

Ainsi, dans les douleurs postopératoires, 72 des patients sont soulagés par la morphine et 40 d'entre eux le sont par le placebo.

On arrive à faire baisser lestaux de cholestérol , à traiter l'insomnie et à obtenir 50 d'amélioration dans des cas d'arthrites rhumatoïdes, et l'on obtient même un effet sur les tumeurs cancéreuses (6). De plus, le placebo, cette insignifiante boulette d'amidon, peut entraîner bien des effets secondaires : bouche sèche, nausées,sensation de lourdeur, migraine, difficulté de concentration, somnolence, bouffées de chaleur, relaxation, endormissement...

(7).

Ainsi,comme le dit Aulas : "Le placebo peut éventuellement devenir un "nocebo"" (8). Ensuite, l'efficacité du placebo n'est pas constante dans tous les cas, et elle peut même être totalementabsente.

En témoigne l'expérience, cuisante pour certains, qui fut réalisée en 1986, à l'initiative duministère des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, dans les plus rigoureuses conditionsd'objectivité.

Y participèrent des spécialistes hospitalo-universitaires de douze centres hospitaliers,l'INSERM, des statisticiens de pointe...

et des médecins homéopathes.

L'expérience était simple ; ellevisait à vérifier si, oui ou non, des médicaments homéopathiques modifiaient la reprise du transit intestinalchez des patients ayant subi une intervention digestive sans risques de complications.

On prit six cents patients, et on les divisa en quatre groupes.

Au premier, on ne donna rien, au deuxième, on donna un placebo, au troisième et auquatrième, des granules homéopathiques (opium 15 CH et raphanus 5 CH).

Résultats identiques dans les quatre groupes : le placeboet les granules homéopathiques n'avaient pas plus d'effet que leur absence (9). Donc, on ne peut jamais être certain de l'effet placebo (ce qui eût économisé bien de l'argent à la Sécurité sociale).

Il se produit ou nese produit pas, selon des circonstances qui restent à déterminer.

On comprend que, pour certains médecins, le mot "placebo" soitpresque indécent et, en tout cas, tabou. Et quand le placebo agit, que se passe-t-il donc ? Des effets de suggestion, soit ; mais alors, qu'est-ce que la suggestion ? Il faut laprendre très au sérieux, parce qu'on a vu, rapportent Lachaux et Lemoine, "un homme de bonne foi faire un coma impressionnant de vingt-quatre heures et admis en service de réanimation après avoir absorbé deux boîtes de placebo", même pas une bouchée de pain.A ne délivrer donc que sous surveillance médicale et à inscrire au tableau C. En réalité, ce serait le cerveau lui-même qu'il faudrait enfermer dans une pharmacie fermée à clé.

L'immense masse de données aujourd'hui disponible en neurologie et en endocrinologie a permis de vérifier et d'affiner une intuition, fondée expérimentalement dès1936 par Hans Selyé, fondateur de la "médecine psychosomatique".

Le cerveau exerce une action constante et directe sur lessystèmes nerveux, central et périphérique, respiratoire, cardio-vasculaire, endocrinien, digestif et génito-urinaire, ainsi que sur lesdéfenses immunitaires. Au centre du cerveau un chef imparfaitement compris Dans les interprétations les plus communément admises des interactions cerveau-corps, dites psychosomatiques, le rôle majeur estattribué à l'hypothalamus.

Sis dans le troisième ventricule, il contrôle l'équilibre interne, le métabolisme des graisses, la circulation sanguine , la sexualité et les émotions ; il est suzerain de l'hypophyse et chef d'orchestre du système neuroendocrinien.

C'est ce qu'ont démontré d'innombrables travaux depuis près d'un demi-siècle.

Ainsi, quand on le stimule électriquement, on déclenche soitune agressivité irrépressible soit une euphorie profonde.

Mais on n'a pas établi son rôle dans des "effets parasites" comme ceuxqu'induisent le placebo ou l'hypnose.

Pourtant, ce rôle existe. Le chef d'orchestre de ces différentes actions semble être l'hypothalamus, comme en témoigne l'exemple suivant.

En cas d'agression,situation de danger, changement brutal de l' environnement , choc physique, l'hypothalamus donne l'ordre à l'hypophyse de sécréter une neurohormone, la corticotrophine, ou ACTH, destinée à stimuler les glandes surrénales afin de produire de l'adrénaline et de lanoradrénaline, excitateurs musculaires et nerveux.

Celles-ci fourniront alors rapidement à l'organisme les moyens de réagir àl'agression ; adrénaline et noradrénaline circulent par voie sanguine.

Le système nerveux , lui aussi, se met à produire de la noradrénaline.

Cette première phase est suivie d'une autre, qui constitue en quelque sorte une fin de cycle : les surrénales sécrètentensuite une autre hormone, le cortisol, qui va agir sur l'hypophyse, puis sur l'hypothalamus, pour interrompre leur activation.

Ce n'estpas simplement un calmant (en fait, c'est un anti-inflammatoire, qui modère la réaction d'alerte), car il élève le taux de glucose dans lesang, ce qui favorise l'effort cérébral enclenché.

Comme le cortisol favorise aussi la dégradation des protéines, il libère ainsi les acidesaminés nécessaires à la réparation des cellules éventuellement endommagées.

De plus, il élève la tension artérielle, ce qui entretientl'état d'alerte. On connaît de nombreux autres mécanismes démontrant le rôle de l'hypothalamus.

On vient d'en découvrir un nouveau, qui éclairebeaucoup mieux le rôle de cet organe dans la défense contre la maladie (et ses éventuels ratés). Ce rôle était déjà largement esquissé dans le mécanisme du sommeil et de la fièvre.

On sait, en effet, que celle-ci est déclenchéedans le cerveau par l'entrée de l'interleukine-1 que libèrent les macrophages.

Ceux-ci sont les gros globules blancs qui jouent un rôleessentiel dans l'immunité ; ils gobent les corps étrangers, bactéries, cellules étrangères ou infectées et les digèrent.

A partir d'un. »

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