La Sécurité sociale.
Publié le 17/10/2012
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Jean MAGNIADAS
Conférence présentée le 9 octobre 2003
à l’Institut CGT d’histoire sociale
Histoire de la Sécurité sociale
I.
Origines lointaines
Le besoin de se protéger contre les risques est ancien.
Il a longtemps été renvoyé à la charité, à la
solidarité familiale dont les limites apparaissent rapidement.
C’est un besoin antérieur au mode de
production capitaliste.
Dans les sociétés anciennes avoir beaucoup d'enfants constituait la meilleure garantie des vieux jours,
la solidarité entre les générations était assurée à l'intérieur de la famille.
Les collectivités religieuses
vont quadriller l'Europe d'un réseau d'hôpitaux et d'hospices, les corporations et le compagnonnage
organiseront la solidarité, ainsi que les nobles, les propriétaires terriens.
Les artisans nourrissaient et
logeaient leurs serviteurs, les vieux travailleurs et leurs ouvriers.
L’État monarchique créa, sous Saint-
Louis, l'Hôpital des Quinze-Vingt et, sous Louis XIV, les Invalides pour les militaires.
Ces activités se
placent sous le signe de la charité ou de l’assistance, sauf pour les corporations où existe une notion de
solidarité.
Au total, la réponse aux risques subis par les populations restait faible, aléatoire, sauf pour
les mines, la Marine royale et l’armée.
La première réponse cohérente au problème de la pauvreté vient de l'Angleterre élisabéthaine,
précurseur avec ses lois successives donnant aux pauvres
1 une certaine protection.
La plus importante
de ces lois date de 1601 et demeure en vigueur jusqu’en 1834.
Elle confère un droit à l'assistance à
tous les membres d'une paroisse et à celle-ci l'obligation de l'assister en argent s'il s'agit d'un enfant
ou d'un invalide, sous forme de travail s’il s’agit d'un indigent valide (à domicile ou dans des ateliers
collectifs).
Ce droit est remis entre les mains de l’Église et des notables.
Celui qui refusait d'exécuter
le travail relevait de la prison.
Cette réglementation permettait, non seulement d'entretenir les
pauvres, mais de neutraliser les
« déviants », et tentait de les intégrer dans le monde du travail.
On
réprimera la mendicité.
La stigmatisation de l’état de chômeur, associé à la paresse, fait partie de
l’héritage de ces pratiques.
Les mesures de protection des pauvres aussi répressives qu’elles soient susciteront bien des
controverses.
Les économistes classiques, Adam Smith, Ricardo, Malthus, fondateurs du libéralisme
économique, reprochent aux lois sur les pauvres de multiplier leur nombre, en favorisant une natalité
excessive, provoquant la baisse des salaires et le chômage.
Au total, la pensée libérale du XIX
e siècle s'opposa à toute aide systématique destinée à compenser les
risques sociaux, alors que la ‘’liberté du travail’’ et la concurrence contribuaient à augmenter le nombre
des indigents : le travail devient une marchandise.
C'est l'enfer du paupérisme.
Le gâchis de force de
travail va finir par nuire à l'exploitation capitaliste qui exige une force de travail stable, en bonne
santé.
1 Marx relève que la législation, qu’il qualifie de sanguinaire, appliquée en Grande Bretagne, a un caractère férocement répressif à
l’encontre des pauvres contraints à mendier, dont Thomas More, leur contemporain, dira qu’on les força à vagabonder et à voler
et il relève que la législation française lui sera parallèle.
(Le Capital LI T.III p.
178)..
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