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Serbie-et-Monténégro

Publié le 05/04/2013

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serbie

1   PRÉSENTATION

Serbie-et-Monténégro, en serbe Srbija i Crna Gora, ancien pays du sud-est de l’Europe, situé dans la péninsule des Balkans, composé des républiques de Serbie et du Monténégro, qui a existé de 2003 à 2006. Sa capitale était Belgrade, qui se trouve en Serbie.

Le territoire de la Serbie-et-Monténégro était bordée au nord par la Hongrie, à l’est par la Roumanie et la Bulgarie, au sud par l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et l’Albanie, et à l’ouest par la mer Adriatique, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine.

Constituée en avril 1992, la République fédérale de Yougoslavie (RFY) était issue de l’éclatement de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, trois des six républiques qui la composaient ayant fait sécession en 1991 (Croatie, Slovénie, Macédoine) et une en 1992 (Bosnie-Herzégovine). En attente de reconnaissance internationale officielle, la nouvelle fédération avait été désignée par l’ONU par le nom de République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) ; elle était connue également sous les noms de Fédération de Serbie et Monténégro, et de République fédérale de Serbie et Monténégro. En mars 2002, un accord avait été signé entre le président fédéral et les présidents de la Serbie et du Monténégro afin de remplacer la République fédérale de Yougoslavie (RFY) par un État de Serbie-et-Monténégro, proclamé en février 2003. En juin 2006, le Monténégro proclama son indépendance, ce qui contraint la Serbie à faire de même. Avec la naissance de ces deux États distincts, la Serbie et le Monténégro, l’ancienne Yougoslavie fut définitivement dissoute (la Voïvodine et le Kosovo demeurant des provinces autonomes serbes).

2   GÉOGRAPHIE

La Serbie-et-Monténégro comprenait environ 50 p. 100 du territoire de l’ex-Yougoslavie. La superficie totale du pays était de 102 173 km². La Serbie, au nord, couvrait 86 p. 100 de la superficie de l’État. Au sud-ouest, le Monténégro possédait près de 199 km de côtes pierreuses le long de la mer Adriatique.

3   POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1   Démographie

Avant leur séparation, la Serbie-et-Monténégro comptait 10 832 545 habitants (en 2006), soit une densité de 106 habitants au km2.

En 1995, le taux de croissance annuelle de la population était de 1,3 p. 100, avec un indice de fécondité de 2 enfants par femme. Pour la période 1995-2000, la part des moins de 15 ans dans la population totale était estimée à 22 p. 100, celle des individus âgés de 65 ans et plus, à 11 p. 100. L’espérance de vie moyenne était de 73 ans. Comme toutes les données chiffrées concernant les pays de l’ex-Yougoslavie, celles-ci sont à considérer avec circonspection.

En outre, la dégradation des conditions de vie liée à plusieurs années de conflit avait entraîné une grande partie de la population (un tiers selon certains observateurs) à vivre en dessous du seuil de pauvreté.

La population de la RFY appartenait au groupe des Slaves. Les Serbes étaient numériquement les plus importants (62 p. 100 de la population), suivis par les Albanais du Kosovo (17 p. 100 de la population). Les Monténégrins représentaient près de 5 p. 100 de la population, la minorité hongroise, concentrée dans l’ancienne province autonome de Voïvodine, dans le nord, 3 p. 100 de la population. Les Musulmans, c’est-à-dire des Slaves islamisés constituant, selon les critères yougoslaves, une nationalité, représentaient 2 p. 100 des habitants. Cependant, le conflit yougoslave a bouleversé ces données ; alors que de nombreux Croates et de Musulmans ont fui la Serbie, près de 400 000 Serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine étaient venus y trouver refuge.

3.2   Villes principales

La RFY comptait environ 52 p. 100 d’habitants en milieu urbain. Les principales villes étaient Belgrade, la capitale (1 136 786 habitants) ; Novi Sad (178 896 habitants), port fluvial et capitale de la province de Voïvodine ; Niš (161 376 habitants), centre industriel au sud-est de la Serbie ; Kragujevac (146 607 habitants), ville industrielle et ancienne capitale de la Serbie ; Podgorica (100 000 habitants), capitale du Monténégro ; Priština (108 083 habitants), capitale de la province du Kosovo ; Subotica (100 219 habitants), grand marché agricole en Voïvodine.

3.3   Institutions et vie politique

République fédérale, la RFY avait des institutions au niveau fédéral et au niveau des deux républiques constituantes (Serbie et Monténégro), qui possédaient chacune leur propre gouvernement, avec un président et une Assemblée. En avril 1992, l’Assemblée fédérale de la RFY avait rédigé et adopté une Constitution d’inspiration démocratique. La Constitution de l’État de Serbie-et-Monténégro avait été adoptée le 4 février 2003.

3.3.1   Organisation des pouvoirs

Le pouvoir législatif appartenait à l’Assemblée fédérale, qui comptait 126 députés (91 pour la Serbie, 35 pour le Monténégro). L’Assemblée fédérale, dont les membres étaient élus au suffrage universel pour quatre ans, fixait le budget et décidait de la politique étrangère ; elle élisait le président de la République, détenteur du pouvoir exécutif, pour un mandat de quatre ans. Il nommait le Premier ministre et commandait les forces armées.

En raison de la position dominante occupée par la Serbie dans la fédération, le gouvernement serbe était à maints égards bien plus puissant que le gouvernement fédéral.

3.3.2   Partis politiques

Les principaux partis politiques serbes étaient le Parti radical serbe (SRS, ultranationaliste), le Parti démocratique de Serbie (DSS, conservateur), le Parti démocrate (DS, centriste), G-17 Plus (centriste), le Parti socialiste de Serbie (SPS), le Mouvement du renouveau serbe (SPO) et l’Alliance civique de Serbie (GSS, libéral). Les principaux partis politiques monténégrins étaient le Parti démocratique des socialistes (DPS), le Parti social-démocrate (SDP), le Parti socialiste populaire (SNP), pro-yougoslave, l’Alliance libérale (LSCG), indépendantiste, et le Parti socialiste populaire (SNP), pro-yougoslave.

3.3.3   Défense nationale

L’armée fédérale avait participé à des opérations militaires contre la Croatie en 1991 et contre la Bosnie en 1992 ; elle avait fourni armes et munitions aux Serbes de Bosnie et mené des bombardements aériens pour soutenir leurs opérations au sol. Au milieu des années 1990, les effectifs des forces armées fédérales étaient estimés à 125 000 hommes, soit 90 000 hommes dans l’armée de terre, 6 000 hommes dans la marine et 29 000 hommes dans l’aviation. Le service militaire, qui durait de douze à quinze mois, était obligatoire. En 1994, 23,1 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) avait été consacré aux dépenses de défense nationale.

3.4   Langues et religions

La langue officielle était le serbe, l’une des deux formes du serbo-croate, langue qui n’est plus reconnue par les Serbes, ni par les Croates. La principale différence entre les deux idiomes réside dans l’alphabet (cyrillique pour le serbe, latin pour le croate), mais depuis 1991, Croates et Serbes ont procédé à une révision linguistique visant à enlever au serbo-croate des tournures et des variantes qui unifiaient la langue. L’albanais était la deuxième langue la plus utilisée.

La religion majoritaire était la branche orthodoxe serbe de l’Église d’Orient (70 p. 100 de la population). L’islam sunnite était pratiqué par les Albanais du Kosovo ; il existait également des communautés catholiques et réformées.

3.5   Éducation

Le taux d’alphabétisation chez les plus de dix ans était d’environ 89 p. 100. L’enseignement primaire était, en principe, gratuit et obligatoire. En 1992, 65 p. 100 des enfants de la classe d’âge concernée étaient scolarisés dans l’enseignement secondaire, 19 p. 100 l’étaient dans le supérieur. Les principaux établissements d’enseignement supérieur étaient l’université de Belgrade, l’université de Niš et l’université de Novi Sad.

4   ÉCONOMIE
4.1   Généralités

L’économie de la RFY avait été menée au bord du gouffre par le conflit yougoslave, qui conduisit à une rupture de ses liens commerciaux traditionnels et à des sanctions économiques infligées par la communauté internationale de 1992 jusqu’en octobre 1996. En outre, la RFY s’était vu refuser la succession de la Yougoslavie dans diverses organisations économiques, dont le Fonds monétaire international (FMI), et pour certains traités comme l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT).

Comme toutes les données chiffrées des pays de l’ex-Yougoslavie, celles qui concernent l’économie sont à considérer avec prudence. En 1996, le PIB représentait 19,45 millions de dollars. En 1996, l’inflation avait dépassé les 60 p. 100, et le chiffre annoncé du chômage, 25 p. 100, était probablement en dessous de la réalité. Selon certains observateurs, un habitant sur trois vivait en dessous du seuil de pauvreté, en particulier les nombreux réfugiés serbes ayant fui les zones de combats en Croatie et en Bosnie. Cet appauvrissement de la population était lié à une augmentation du coût de la vie qui avait entraîné une réduction du pouvoir d’achat. En outre, malgré la fin du conflit, un marché parallèle était toujours présent. Relancée à partir de la première levée de sanctions, fin 1994, l’économie de la RFY était en pleine reconstruction. La destruction d’une grande partie des infrastructures de la Serbie par l’OTAN lors de la crise du Kosovo remettaient totalement en cause cette évolution.

4.2   Agriculture, forêts, pêche

En 1994, le secteur primaire employait environ 22 p. 100 de la population active et fournissait environ 26 p. 100 du PIB,.

La balance agricole était équilibrée et la RFY connaissait une situation d’autosuffisance en matière alimentaire. Les céréales, qui occupaient 64 p. 100 des terres arables, étaient d’abord le maïs (35 p. 100) et le blé (23 p. 100), cultivés en priorité dans les grandes exploitations de la Voïvodine. On y produisait également de la pomme de terre et de la betterave sucrière. Le bassin de la Morava était le domaine de l’arboriculture et de la vigne, tandis que le climat du Monténégro permettait des cultures de type méditerranéen (figuiers, oliviers, agrumes).

Les forêts recouvraient presque le tiers du territoire, mais les chiffres de son exploitation n’étaient pas fiables.

La pêche était pratiquée principalement dans les cours d’eau ; les prises avaient représenté 0,66 kg par habitant en 1994.

4.3   Mines et industries

En 1994, le secteur secondaire employait environ 38 p. 100 de la population active et fournissait environ 37 p. 100 du PIB.

Le territoire de la RFY comptait de nombreux gisements métallifères (zinc, or, chrome, cuivre, mais surtout antimoine et plomb) ; on y trouvait également du charbon, du pétrole (1 million de t en 1995) et du gaz naturel (0,92 milliard de m3).

Mais ce sont les productions de ce type qui avaient le plus diminué durant les quatre années du conflit, entraînant un effondrement de la production industrielle : - 22 p. 100 en 1992, - 37 p. 100 en 1993. La situation s’était stabilisée depuis 1994 (+ 3 p. 100), mais le secteur industriel ne fournissait, en 1995, que 50 p. 100 de ce qu’il produisait en 1990.

Les activités du secteur secondaire s’organisaient autour du complexe métallurgique de Bor, de la sidérurgie à Smederevo, du traitement de l’aluminium (combinat de Podgorica), de l’industrie automobile, de la fabrication de textiles, de produits chimiques, de machines et du secteur agroalimentaire (Voïvodine, Belgrade).

En matière d’énergie, la RFY bénéficiait des aménagements effectués par la Serbie sur le Danube, en coopération avec la Roumanie, qui lui permettaient d’exploiter 50 p. 100 de l’électricité produite par le barrage des Portes de Fer. La production d’électricité était cependant déficitaire. Le lignite (38 millions de tonnes en 1994) était essentiel pour les besoins en chauffage de la population.

4.4   Secteur tertiaire

En 1994, le secteur tertiaire employait environ 40 p. 100 de la population active et fournissait environ 36,4 p. 100 du PIB.

Les activités touristiques s’étaient développées dans la région littorale (golfe des Bouches du Kotor).

Les échanges commerciaux du pays, complètement désorganisés par les sanctions économiques imposées par la communauté internationale, étaient difficiles à appréhender. Le blocus n’avait jamais été complètement appliqué et les frontières de la Grèce et de l’Albanie permettaient le passage de matières premières et de diverses marchandises. Malgré des tentatives de relance des exportations, en 1996, la balance commerciale était déficitaire de 1,5 milliard de dollars.

5   HISTOIRE
5.1   L’héritage
5.1.1   La Fédération yougoslave

Créée en 1945, la République socialiste fédérative de Yougoslavie fut, jusqu’en 1990, un État communiste, indépendant du bloc soviétique, et un membre influent du mouvement des pays non-alignés. En janvier 1990, la Ligue communiste de Yougoslavie accepta d’abandonner le monopole du pouvoir politique ; des élections multipartites, les premières depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, purent alors être organisées dans les six républiques de la fédération.

Président de la Serbie depuis 1989, Slobodan Milošević fut réélu aux premières élections pluripartites en décembre 1990. Ancien dirigeant du Parti communiste, il se posa en chantre du nationalisme et de la protection des intérêts serbes. Milošević s’appuya sur un mémorandum de l’Académie des Sciences et des Arts de Serbie, publié en 1986, qui donnait à celle-ci un rôle prépondérant en dénonçant l’héritage de Tito, le découpage des républiques et en prônant le retour au centralisme. Il devint l’un des défenseurs de l’idée de « Grande Serbie « — c’est-à-dire la réunion au sein d’un seul territoire de tous les Serbes —, évolution dont se méfiait Tito et à laquelle il s’était toujours montré défavorable.

Les provinces autonomes du Kosovo (forte minorité albanaise) et de la Voïvodine (minorité hongroise importante), rattachées à la Serbie, ne tardèrent pas à subir les conséquences de cette orientation politique. En 1991, les deux provinces, au sein desquelles toute opposition avait été muselée, perdirent leur législature et furent placées sous administration serbe directe.

5.1.2   La désintégration de la Yougoslavie

En mai 1991, la crise constitutionnelle éclata lorsque la Serbie et le Monténégro s’opposèrent à ce qu’un Croate assure la présidence tournante de la Yougoslavie. Après les déclarations d’indépendance des Parlements de Croatie et de Slovénie le 25 juin, le gouvernement fédéral donna l’ordre à l’armée fédérale, dominée par les Serbes, de réprimer la sécession. Si le conflit en Slovénie tourna court (cessez-le-feu le 7 juillet), la guerre de Croatie, au cours de laquelle les troupes fédérales et des milices serbes s’opposèrent aux troupes croates, devait durer sept mois et s’achever par un cessez-le-feu en janvier 1992.

La sécession de la république de Macédoine se fit pacifiquement en novembre 1991. En mars 1992, la Bosnie-Herzégovine déclara également son indépendance, malgré le boycott du référendum par les Serbes de Bosnie. Le mois suivant, la guerre éclata en Bosnie (voir Yougoslave, conflit).

5.2   La République fédérale de Yougoslavie
5.2.1   Les problèmes de reconnaissance internationale

La Serbie et le Monténégro, les seules républiques de l’ex-Yougoslavie n’ayant pas proclamé leur indépendance, annoncèrent le 27 avril 1992 leur réunion au sein d’une République fédérale de Yougoslavie (RFY), se présentant comme le pays successeur légal de l’ancienne République socialiste fédérative de Yougoslavie. Cette déclaration constitua une reconnaissance tacite de l’indépendance des quatre républiques sécessionnistes, même si la Serbie continuait de soutenir les forces serbes en Bosnie. En septembre 1992, les Nations unies refusèrent de reconnaître la RFY comme successeur de l’ancienne République socialiste fédérative de Yougoslavie, mais offrirent à la Fédération autoproclamée la possibilité de présenter une demande d’adhésion en son nom propre. Lorsque Milan Panić le Premier ministre fédéral envisagea de suivre cette option en octobre de la même année, une crise politique éclata précipitant sa chute.

La communauté internationale suivit presque unanimement l’avis des Nations unies ; la RFY se vit refuser le siège de l’ex-Yougoslavie dans d’autres organisations internationales, telles que le Mouvement des pays non-alignés et ne fut pratiquement reconnue par aucun autre pays, à l’exception notable de la Chine. La Russie, cependant, conserva des liens étroits avec la fédération, lui apportant une reconnaissance de facto.

5.2.2   La poursuite de la guerre

En mai 1992, la Bosnie-Herzégovine fut reconnue par les Nations unies comme une nation indépendante ; la guerre continua cependant et les Serbes de Bosnie commencèrent à créer des régions serbes autonomes à travers le pays. En 1993, ils contrôlèrent près des deux tiers de la Bosnie-Herzégovine ; les Croates, quant à eux, réclamèrent près de 20 p. 100 de leur territoire et plus de 3 millions de réfugiés fuirent les combats, qui donnèrent lieu à des exactions et des atrocités où se distinguèrent les mouvements extrémistes de tout bord.

5.2.3   Les sanctions économiques et les dissensions internes

Les effets de la guerre et les sanctions économiques infligées par les Nations unies eurent des conséquences dramatiques en RFY. En effet, la Communauté européenne (actuelle Union européenne) décréta un embargo commercial contre la Serbie et le Monténégro, en mai 1992, dans l’espoir de mettre fin à la guerre.

Sur le plan intérieur, Milošević, réélu en décembre 1992 à la tête de la Serbie évinça le Premier ministre, Milan Panić, et le président de la fédération, Dobrica Cosić, un apôtre de la « purification ethnique «, qui fut remplacé en juin 1993 par Zoran Lilič. Si les groupes d’opposition contestèrent tous la validité des élections législatives tenues en décembre 1992, leurs divisions les empêchèrent d’opposer une résistance efficace à Milošević.

En octobre 1993, de sérieuses dissensions éclatèrent entre le président serbe et son protégé et allié de toujours, Vojislav Šešelj, chef de l’ultranationaliste Parti radical serbe, sur la politique en Bosnie. Fait nouveau, Milošević montra sa volonté de prendre des distances par rapport aux Serbes de Bosnie afin d’obtenir un allégement des sanctions économiques. C’est dans ce but qu’en janvier 1994 la RFY signa avec la Croatie un pacte visant à améliorer les relations économiques entre les deux pays, qui ne purent toutefois s’accorder sur la reconnaissance officielle de l’indépendance et les frontières croates.

Les Nations unies décidèrent alors, en octobre 1994, d’alléger les sanctions prises à l’encontre de la RFY. Cette décision, partiellement expliquée par la difficulté d’appliquer complètement les mesures (les frontières grecque et albanaise étant particulièrement perméables), fut subordonnée à la suspension de l’aide de la RFY aux Serbes de Bosnie et de Croatie. La situation économique de la RFY semblait alors en voie de normalisation.

5.2.4   Le règlement progressif du conflit

L’attaque par les Serbes de Bosnie des « zones de sécurité « des Musulmans bosniaques, placées sous la protection des Nations unies, début juillet 1995, et l’intervention ultérieure des forces croates en Bosnie firent craindre une reprise des hostilités entre la Croatie et la Serbie. La prise de Srebrenica donna lieu au massacre de plusieurs milliers de prisonniers musulmans par les milices serbes du général Mladič.

La première réaction de la Serbie fut cependant d’ignorer les appels à l’aide des Serbes de Bosnie. En effet, progressivement, les dirigeants de la RFY prirent leurs distances avec les dirigeants serbes de Bosnie, et notamment avec Radovan Karad¸ić, recherché par le Tribunal pénal international de La Haye pour crimes de guerre.

Les accords de Dayton, signés le 21 novembre 1995, permirent de trouver un règlement au conflit et de lever en octobre 1996, les sanctions internationales qui frappaient la RFY.

5.2.5   Le pouvoir serbe affaibli

Sur le plan interne, la RFY continua de connaître une dégradation des libertés publiques fondamentales. Ainsi, la police secrète doubla ses effectifs, comprenant désormais 100 000 hommes, et les médias indépendants furent soumis à toutes sortes de pressions financières et judiciaires. De plus, les relations entre la Serbie et le Monténégro se détériorèrent sensiblement. La République monténégrine, s’estimant sous-représentée au sein des institutions fédérales, entreprit de se démarquer de Belgrade, notamment en matière économique. De fait, l’association des deux républiques au sein de la RFY apparût très déséquilibrée, la Serbie dominant nettement la fédération en matière économique, politique et en nombre. Pourtant, l’opposition interne se développa à partir de la fin de 1996, et cela malgré la victoire mitigée du parti de Milošević lors des élections législatives à la Chambre basse de l’Assemblée fédérale, en novembre 1996.

Ne pouvant briguer un nouveau mandat à la présidence de la Serbie, Slobodan Milošević se fit élire président de la RFY, en juillet 1997, succédant ainsi à Zoran Lilič. Désireux de faire adopter une réforme constitutionnelle donnant plus de pouvoir à ce poste jusqu’à alors honorifique, il se trouva confronté à l’opposition grandissante du Monténégro où le président sortant proserbe Momir Bulatović fut battu en octobre par Milo Djukanović, soucieux de favoriser l’autonomie monténégrine au sein de la fédération. En mai 1998, Bulatović fut élu Premier ministre fédéral. Aux élections législatives et municipales du Monténégro, son parti, le Parti socialiste populaire, fut largement battu par la coalition conduite par Milo Djukanović, ce qui, avec l’aggravation de la situation au Kosovo, fragilisa la fédération yougoslave. Celle-ci dut faire face aux menaces de représailles et aux sanctions économiques (gel des avoirs, interdiction des investissements) de la part des puissances occidentales. Les dissensions entre la Serbie et le Monténégro furent aggravées par l’accession au pouvoir au Monténégro d’une équipe dirigeante libérale qui prôna une politique d’égalité entre Serbes et Monténégrins au sein de la République fédérale de Yougoslavie, mit en œuvre des réformes économiques et politiques et souhaita faire du Monténégro un État pluriethnique et pluriculturel. En 1999, le conflit au Kosovo, les tentatives de déstabilisation du gouvernement monténégrin qui l’accompagnèrent, les bombardements de la Serbie par l’OTAN et les destructions massives qui en résultèrent, ainsi que la mise en cause de la direction politique de la Serbie, avec notamment l’inculpation de Slobodan Milošević et celle de quatre autres dirigeants par le Tribunal pénal international, mirent encore davantage en péril la cohésion de la République fédérale de Yougoslavie.

5.3   Une nouvelle ère
5.3.1   La victoire de Vojislav Kostunica

En septembre 2000, l’histoire de la Yougoslavie sembla prendre un nouveau départ avec la victoire à l’élection présidentielle du candidat de l’Opposition démocratique de Serbie (DOS), Vojislav Kostunica. Au terme d’une campagne de désobéissance civile, Slobodan Milošević reconnût sa défaite. En octobre, l’Union européenne leva ses sanctions contre la Serbie et, en novembre, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) vota à l’unanimité une résolution présentée par l’Union européenne en vue de la réintégration de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) au sein de l’ONU. Cette transition fut consolidée, lors des élections législatives anticipées de novembre 2000, par la large victoire de l’Opposition démocratique de Serbie (DOS). Avec 64,1 p. 100 des voix, elle obtint 176 sièges sur les 250 que comptait l’Assemblée de Serbie. L’opposition comprenait désormais le Parti socialiste serbe (SPS) de Slobodan Milošević (13,7 p. 100 des suffrages et 37 sièges), le Parti radical serbe (SRS) de Vojislav Sesejl (8,6 p. 100 des voix et 23 sièges) et le Parti de l’Unité serbe (SSJ) de Branislav Pelevic, fondé par l’ancien chef de milice Arkan (5,3 p. 100 des voix et 14 sièges).

Vojislav Kostunica entreprit de réintégrer la Yougoslavie dans la communauté internationale, afin de résorber la crise économique, tout en maintenant l’unité de la fédération.

5.3.2   La traduction en justice de Slobodan Milošević

La page Milošević fut définitivement tournée avec l’arrestation de l’ancien président en avril 2001 et son inculpation pour corruption et abus de biens sociaux. Mais la Yougoslavie connaissait une montée des nationalismes qui menaçaient à terme son existence. En effet, un mouvement de rébellion vit le jour parmi la communauté albanaise très présente dans le sud de la Serbie et soutenue depuis le Kosovo par l’UCK. De plus, le Monténégro souhaitait réduire la Yougoslavie à la simple association de deux États indépendants, comme en témoigna la victoire de la coalition indépendantiste du président monténégrin, Milo Djukanovic, lors des élections législatives du 18 avril 2001.

Dans la nuit du 28 au 29 juin 2001, Slobodan Milošević fut transféré au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Alors que les États-Unis menaçaient de ne pas participer à la Conférence des bailleurs de fonds prévue pour fin juin si Belgrade ne manifestait pas sa bonne volonté, le gouvernement yougoslave signa un décret autorisant l’extradition vers le TPIY des anciens responsables yougoslaves inculpés. Quelques jours plus tard, le transfert de Milošević à La Haye fut décidé par le gouvernement de Serbie dirigé par Zoran Djinjic, sans que le président de la République n’en soit informé. Saluée par la communauté internationale, à l’exception de la Russie, cette décision provoqua des tensions en Yougoslavie et la colère de Kostunica. Le chef du gouvernement fédéral yougoslave, Zoran Zizic, membre du Parti socialiste populaire (SNP) du Monténégro, qui s’opposait à toute coopération avec le TPIY, démissionna. Aussitôt, les pays donateurs s’engagèrent à débloquer une aide de 1,5 milliard d’euros pour Belgrade. Slobodan Milošević fut inculpé par le TPIY de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés au Kosovo et en Croatie ainsi que de génocide en Bosnie. L’ouverture de son procès, qui constitua un événement historique, eut lieu en février 2002.

5.4   La dissolution

Le 15 mars 2002, le chef de l’État fédéral yougoslave, Vojislav Kostunica, ainsi que le Premier ministre serbe Zoran Djindjic et le président monténégrin Milo Djukanovic signèrent un important accord de principe. Il devait aboutir, après validation par les différents Parlements, à la disparition de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) et à son remplacement par l’État de Serbie-et-Monténégro, doté d’une nouvelle Constitution. En poussant à la signature de cet accord conclu pour trois ans, l’Union européenne, qui obtint là un succès diplomatique, cherchait à éviter que le Monténégro ne déclare son indépendance, ce qui aurait laissé craindre de nouveaux conflits dans la région. Le nouvel État fut officiellement proclamé en février 2003. Le 7 mars, le Monténégrin Svetozar Marovic succéda à Vojislav Kostunica à la tête de l’État fédéral mais, une semaine après, le 12 mars, le Premier ministre serbe, Zoran Djindjic, fut assassiné. Il fut remplacé par Zoran Zivkovic. En Serbie, les élections législatives de décembre 2003 furent marquées par la victoire des ultranationalistes du Parti radical serbe (SRS). Après plusieurs mois de tractations, Vojislav Kostunica parvint à former en mars 2004 un gouvernement minoritaire composé de son parti, le Parti démocratique de Serbie (DSS), des centristes du G-17 Plus et d’une alliance monarcho-nationaliste (SPO-NS). Au Monténégro, Filip Vujanovic, candidat du Parti démocratique des socialistes (DPS) et du Parti social-démocrate (SDP), fut élu à la présidence de la République en mai 2003 avec 63,3 p. 100 des suffrages.

Au début de l’année 2005, les pressions américaines et européennes aboutirent à la reddition d’une douzaine d’accusés serbes inculpés de « crimes de guerre « auprès du TPIY. Cette nouvelle phase de coopération avec le tribunal de La Haye engagea la Commission européenne à se prononcer en faveur de l’ouverture de négociations avec la Serbie-et-Monténégro en vue de la signature d’un accord de stabilisation et d’association. Mais, en mai 2006, 55,5 p. 100 des électeurs monténégrins choisirent par référendum l’indépendance du Monténégro, proclamée officiellement le 3 juin 2006. Face à ce résultat, validé par l’Union européenne, la Serbie fut contrainte de faire de même et devint indépendante le 5 juin 2006. Cela ouvrit une période de transition et de changements institutionnels et signa la fin de l’ancienne Yougoslavie.

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