la sfio

La SFIO de 1944 à 1958: entre ambitions et échecs.   "On nous dit que notre politique a échoué : est-ce une raison pour y renoncer?", disait Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO de 1946 à 1969. Rappellons que la SFIO, est la Section Française de l'Internationale Ouvriére. Le socialisme politique s’unifie en 1905 lors du congrès du Globe à Paris, avec la fusion des courants socialistes dans la nouvelle Section française de l’internationale ouvrière. La SFIO, qui se veut parti ouvrier, a acquis une large base électorale et militante : les paysans, les ouvriers, les artisans côtoient les intellectuels et les fonctionnaires. Le congrès de Tours de décembre 1920 survient après l’échec électoral de 1919 et l’échec syndical des grandes grèves de 1920. Les conditions d’une scission sont réunies, le congrès voit l’opposition entre une réaffirmation de la tradition socialiste française, telle que l’avait établie Jaurès et une volonté révolutionnaire. Les trois-quarts des congressistes quittent la SFIO pour créer le Parti communiste français. Après les élections victorieuses de Mai 1936, le gouvernement dirigé par Léon Blum, porté par une grande vague de grèves populaires, réalise un large ensemble de réformes sociales. Augmentation des salaires, conventions collectives, congés payés, semaine de 40 heures. Les difficultés économiques et les rigidités de l’appareil de production amènent le gouvernement à pratiquer une “pause” dans les réformes sociales. La question de l’intervention dans la guerre d’Espagne divise socialistes et communistes. Les derniers mois du gouvernement de Léon Blum voient une dégradation de la situation et une diminution de la confiance populaire. Mis en minorité devant le Sénat en Juin 1937,  le gouvernement démissionne. Les socialistes se ressaisissent et s’organisent dès 1940 sous l’impulsion, notamment, du résistant Daniel Mayer. Le Parti socialiste clandestin joue un rôle essentiel dans la résistance. Nous étudierons une période de quatorze années, de la création du Gouvernement provisoire de la République Française au retour du Général De Gaulle en 1958. Nous pouvons donc nous demander, quel fut le parcours politique de la Section Française de l'internationale ouvrière entre 1944 et 1958. Pour répondre à cela nous verrons dans un premier temps, la SFIO au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale puis la SFIO et la IV° République.     La SFIO se reconstitue à la Libération en tant que troisième grand mouvement de l’après-guerre, après les républicains populaires du MRP, Mouvement Républicain Populaire, et les communistes. La dérive de certains collaborateurs au sein de l’ancienne SFIO ou de certaines de ses anciennes tendances a été pour certains jusqu'au fascisme. Ceux qui avaient été exclus de la SFIO avant-guerre, sans être allés jusqu’à la collaboration vichyste, créent un Parti socialiste démocratique (PSD) autour de Paul Faure, qui a peu d'audience. En novembre 1944, 83 députés de l’ancienne SFIO sont exclus pour ne pas avoir résisté, sans avoir forcément collaboré, dont 12 seront ensuite réintégrés. La SFIO  est de loin le parti qui a le plus épuré dans ses rangs. Les parlementaires  qui se sont abstenus où ont voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain sont exclus.  Le parti déclare sur leur compte que "ces hommes qui avaient la pleine confiance des militants auraient dû se trouver au premier rang des défenseurs de la liberté le parti n'entend ne conserver dans son sein ni bien entendu les traîtres, ni les lâches, ni les défaillants". Une ordonnance de 1943, crée à Londres une assemblée consultative dont les membres étaient nommés par le général de Gaulle. Cette assemblée rassemblait des hommes politiques de la IIIème République et des gens qui n'avaient pas fait de politique. La plupart des partis d'avant-guerre sont représentés; on trouve des socialistes, des radicaux, des communistes et des dirigeants de la droite modérée chrétienne. Le 2 juin 1944, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) est créé. A partir du moment où la France est libérée, le GPRF s'installe à Paris en août 1944. Le gouvernement finit par être accepté par les alliés en septembre 1944. L'œuvre du Gouvernement provisoire est vaste, il a conduit la France pendant la fin de la Seconde Guerre mondiale et dans la période de reconstruction qui suit, il a voté des réformes fondamentales. Comme le droit de vote des femmes établie le 22 avril 1944, ou, institution de la Sécurité sociale, et il a préparé et mis en place la constitution de 1946. Dirigé au départ par le général de Gaulle, le Gouvernement provisoire a ensuite été conduit par Félix Gouin du 26 janvier 1946 au 24 juin 1946. Il se réserve le ministère de la défense nationale. Cet homme adhérant à la SFIO, fait voter avec son gouvernement la nationalisation de l'électricité et du gaz. Il fait également adopter la loi Marthe Richard, qui ferme les maisons closes. Lui succède Georges Bidault appartenant au mouvement républicain populaire à partir du 23 juin 1946. Puis Léon Blum sera à la tête du gouvernement provisoire durant un mois, du 16 décembre 1946 au 16 janvier 1947. Dans le gouvernement de Léon Blum, il n'y a que des personnes de la SFIO sauf un seul ministre, celui de l'agriculture. On compte également une femme dans le gouvernement, Andrée Viélot, sous-secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports. Le 21 octobre 1945 on assiste à la première élection nationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le projet soumis au référendum du 21 octobre 1945 prévoit une Assemblée constituante élue pour une durée limitée de sept mois. Les Français répondent favorablement aux deux questions posées par le dit référendum. Il est important de préciser que les femmes et les militaires ont le droit de vote. C'est une victoire historique pour la gauche marxiste (PCF et SFIO), et même pour la gauche dans son ensemble. Les trois principaux partis, PCF, SFIO et MRP, forment la nouvelle majorité parlementaire chargée de rédiger la nouvelle constitution dans le cadre du tripartisme. Mais ils tentent en vain de s'entendre sur les institutions. Si les communistes et les socialistes sont favorables à l'instauration d'un régime parlementaire à une seule chambre, le MRP exige qu'une seconde assemblée et un président de la République disposant de réels pouvoirs soient inclus dans le projet constitutionnel. Le projet des seuls PCF et SFIO est rejeté par référendum le 5 mai 1946, avec le non soutenu par le MRP et le général De Gaulle, et obtenant 53 % des voix. L'Assemblée est dissoute. Puis des élections législatives se déroulent le 10 novembre 1946. Les élections sont marquées par une victoire sans précédent du Parti communiste  avec 28,3 % des suffrages exprimés, le PCF enregistre le meilleur score de son histoire et emporte 182 sièges, soit près d'un tiers des effectifs de l'Assemblée nationale. Le MRP perd des électeurs mais reste tout de même le deuxième parti de l'assemblée, loin devant la SFIO qui supporte de moins en moins bien la concurrence communiste. Elle perd 26 sièges et ce malgré l'augmentation du nombre total de sièges à pourvoir. Malgré une indéniable supériorité des 3 partis dominants, les groupes parlementaires ont tendance à se multiplier et l'opposition est de plus en plus disparate. Vincent Auriol est élu Président de la République Française et de l'Union Française le 16 janvier 1947. Suite à cela il constitue un gouvernement. Il nomme Président du Conseil Paul Ramadier. Il écarte les ministres communistes, qui avaient voté contre la politique gouvernementale, mettant ainsi fin au tripartisme. Il fait voter le statut de l'Algérie et adhère au plan Marshall, mais doit se retirer devant la persistance des grèves de 1947. Sa présidence s'arrête en novembre 1947. Après l'épisode Ramadier, tout les autres Présidents du Conseil n'appartiennent pas à la SFIO. Les socialistes s’enlisent dans la IVème République, en effet les difficultés s’accumulent. L’instabilité gouvernementale, l’inflation galopante. Mais c’est surtout l’incapacité à résoudre les problèmes de la décolonisation, en Indochine et en Algérie qui discrédite le système. A l'issue de l'élection de 1956, René Coty nomme un socialiste à la tête du gouvernement. C'est le retour de la SFIO dans un gouvernement. Guy Mollet, chef de la SFIO, est nommé premier ministre. La SFIO est le parti le plus important de la troisième force. Le gouvernement Mollet dure plus d'un an. Néanmoins, il tombe en 1957 sur la politique économique et financière, ainsi que sur la question Algérienne. En effet le 6 février 1956, un mois après avoir pris les commandes de l’État, Guy Mollet se rend en Algérie pour introniser le général Catroux qu’il vient de désigner pour occuper la nouvelle fonction de ministre résident en Algérie. Cet épisode est resté dans l’histoire comme la « journée des tomates «, ce qui donne une idée de la manière dont le Président du Conseil fut accueilli par les pieds-noirs algériens. Le gouvernement de Guy Mollet dure 16 mois, un record. Il signe le Traité de Rome sur la CEE, il instaure la 3ème semaine de congés payés, mais il envoie le contingent en Algérie. Plusieurs gouvernements se succèdent dont le gouvernement Félix Gaillard. Ce gouvernement tombe en avril 1958 à cause également du problème algérien. Nous venons de voir à travers ces deux parties que la Ive République est une période paradoxal pour le socialisme français. Devenue parti de gouvernement, seule ou au seins de la Troisième force, la SFIO connaît parallèlement un déclin électoral. La politique de répression en Algérie menée par le gouvernement de Guy Mollet, puis le ralliement, passager, à la solution gaulliste de la Ve République en 1958, provoquent la division du parti. Les minoritaires de la tendance blumiste fondent, en septembre 1958, le Parti socialiste autonome qui devient en avril 1960, le Parti socialiste unifié. Les effectifs de la SFIO, estimés à plus de 300 000 adhérents à la Libération, chutent à moins de 100 000 en 1958. En 1969, le congrès d'Alfortville abouti à la fondation d'un Nouveau Parti Socialiste, la SFIO est ainsi rebaptisée Parti socialiste la même année, lors du congrès d'Issy-les-Moulineaux.