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LA SIGNIFICATION DU POLITIQUE

Publié le 21/02/2012

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Dans ce texte de synthèse, Julien FREUND situe l'originalité du politique par rapport au religieux et au moral. Il nous montre que s'il ne mérite pas la vénération superstitieuse et que s'il faut se garder même de ses excès, la méfiance systématique à son égard n'est pas justifiée. Si le politique, en effet, permet à l'homme de s'épanouir pleinement au sein de la cité, il aura répondu à sa véritable fonction....

« mandate.

Meme si on la regarde comme la valour inferieure dans l'econo- mie d'une hierarchie, elle appartient malgre tout au champ du raisonnable, c'est-à-dire sa chute precipiterait l'humanite dans la folie.

II semble done que la question n'est point d'en affranchir l'homme comme le souhaitait Marx ni non plus de Pecraser sous les effete d'une politisation demesuree de l'existence, mais de trouver chaque fois, a toutes les époques et dans les conditions historiques donnees, le juste equilibre entre la multiplicite des activites humaines, sans meconnaitre que cot equilibre sera touj ours precaire, du fait meme de la nature conflictuelle de la vie qu'aucune doc- trine ne pourra jamais apaiser definitivement.

(...) L'obeissance est parfois superstitieuse, elle est rarement soumis- sion inconditionnelle.

Stet qu'une unite politique sent que le pouvoir est defaillant, qu'il est incapable de canaliser l'evolution et inapte a son role, elle n'hesite pas a confier ses espoirs a une revolution ou a un nouveau regime.

Les revolutions sont voulues ou attendues par l'obeissance, elles ne se font pas salon le desk des revolutionnaires et ceux-ci s'epuisent en ingeniosites steriles tant que les masses gardent confiance dans le pouvoir etabli.

(...) (...) Tout gouvernement digne de ce nom se donne pour tache de travailler pour l'avenir, pour la posterite, meme s'il ne le declare pas ex- pressement.

Repugner a la politique, c'est done ne plus croire en l'avenir, en l'homme; c'est mepriser l'humanite.

Certes, toute action politique joue avec la pour, tripote des interets, mais elle est aussi un service d'honneur et suscite le devouement.

La verite politique n'est done pas dans le juste milieu : elle exige de l'audace, de la prevision et le courage de se salir.

La purete est de pensee, c'est-a-dire elle n'est jamais qu'une exigence et un orgueil individuals.

Autrui, est appel d'un compromis.

On pense soul, on agit et surtout on vit avec les autres et an milieu d'eux.

(...) (...) On croit et on affirme que le but de la politique serait de rendre l'homme meilleur (lea theories du progres depuis le xvrue siècle n'ont fait que renforcer cette opinion), alors qu'en fait, par son essence meme, la politique a pour tache d'organiser uniquement le mieux possible les conditions exterieures et collectives propres a donner a l'unite politique et aux membres qui y vivant les meilleures chances de repondre a ce qui est ou a ce gulls considerent individuellement comme leur vocation.

On ne saurait nier que, ce faisant, la politique exerce une action pedagogique; neanmoins, l'education n'est pas son but specifique ni primordial.

(...) Laisser an pouvoir le soin de la pedagogic, c'est inevitablement faire de l'etre humain l'instrument des visees d'un pouvoir determine.

Or, comme nous l'avons vu, par son concept, la politique a uniquement pour role d'ins- tituer une discipline ou contrainte exterieure, destine a faciliter et a harmoniser lee divers et innombrables echanges et relations possibles entre les membres d'une cite.

Ce n'est que dam la mesure olk cette contrainte est un aspect de l'education que la politique a un role pedagogique.

Toute doctrine, quelle qu'elle soit, qui donne an pouvoir la mission educatrice tend done inevitablement very la dbmesure dementielle du despotisms et marxiste.

Même si on la regarde comme la valeur inférieure dans l'écono· mie d'une hiérarchie, elle appartient malgré tout au champ du raisonnable, c'est-à-dire sa chute précipiterait l'humanité dans la folie.

Il semble donc que la question n'est point d'en affranchir l'homme comme le souhaitait Marx ni non plus de l'écraser sous les effets d'une politisation démesurée de l'existence, mais de trouver chaque fois, à toutes les époques et dans les conditions historiques données, le juste équilibre entre la multiplicité des activités humaines, sans méconnaître que cet équilibre sera toujours précaire, du fait même de la nature conflictuelle de la vie qu'aucune doc­ trine ne pourra jamais apaiser définitivement.

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) L'obéissance est parfois superstitieuse, elle est rarement soumis· sion inconditionnelle.

Sitôt qu'une unité politique sent que le pouvoir est défaillant, qu'il est incapable de canaliser l'évolution et inapte à son rôle, elle n'hésite pas à confier ses espoirs à une révolution ou à un nouveau régime.

Les révolutions sont voulues ou attendues par l'obéissance, elles ne se font pas selon le désir des révolutionnaires et ceux-ci s'épuisent en ingéniosités stériles tant que les masses gardent confiance dans le pouvoir établi.

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) Tout gouvernement digne de ce nom se donne pour tiche de travailler pour l'avenir, pour la postérité, même s'il ne le déclare pas ex• pressément.

Répugner à la politique, c'est donc ne plus croire en l'avenir, en l'homme; c'est mépriser l'humanité.

Certes, toute action politique joue avec la peur, tripote des intérêts, mais elle est aussi un service d'honneur et suscite le dévouement.

La vérité politique n'est donc pas dans le juste milieu : elle exige de l'audace, de la prévision et le courage de se salir.

La pureté est de pensée, c'est-à-dire elle n'est jamais qu'une exigence et un orgueil individuels.

Autrui, est appel d'un compromis.

On pense seul, on agit et surtout on vit avec les autres et au milieu d'eux.

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) On croit et on affirme que le but de la politique serait de rendre l'homme meilleur (les théories du progrès depuis le xvnxe siècle n'ont fait que renforcer cette opinion), alors qu'en fait, par son essence même, la politique a pour tiche d'organiser uniquement le mieux possible les conditions extérieures et collectives propres à donner à l'unité politique et aux membres qui y vivent les meilleures chances de répondre à ce qui est ou à ce qu'ils considèrent individuellement comme leur vocation.

On ne saurait nier que, ce faisant, la politique exerce une action pédagogique; néanmoins, l'éducation n'est pas son but spécifique ni primordial.

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) Laisser au pouvoir le soin de la pédagogie, c'est inévitablement faire de l'être humain l'instrument des visées d'un pouvoir déterminé.

Or, comme nous l'avons vu, par son concept, la politique a uniquement pour rôle d'ins­ tituer une discipline ou contrainte extérieure, destinée à faciliter et à harmoniser les divers e:t innombrables échanges et relations possibles entre les membres d'une cité.

Ce n'est que dans la mesure où cette contrainte est un aspect de l'éducation que la politique a un rôle pédagogique.

Toute doctrine, quelle qu'elle soit, qui donne au pouvoir la mission éducatrice tend denc inévitablement vers la démesure démentielle du despotisme et. »

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