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Que signifient, pour les scientifiques, « objet » et « objectivité» ?

Publié le 27/02/2008

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  • THÈMES DE RÉFLEXION

• L'objet scientifique serait-il une abstraction (et en un certain sens une réduction) de l'objet réel ? Cf. la position dite empiriste qui prétend en quelque sorte tirer directement de « l'objet réel « sa « connaissance « (scientifique). • Ne pourrait-on dire que l'objet scientifique est un produit de la science et qu'une science, pour devenir telle, doit créer ses propres objets (par exemple, le « corps pur « du chimiste, « l'atome « du physicien). — Ainsi l'atome du physicien n'est ni une idée, ni une chose, mais un condensé d'expériences supposant un appareil technique considérable. Selon le modèle matriciel de Heisenberg il n'est qu'un ensemble de chiffres, eux-mêmes résultats interprétant des variations de l'état des instruments construits à cet effet, c'est-à-dire des mesures. L'expression mathématique ne vise donc pas une réalité corpusculaire que l'on concevrait abstraitement comme l'élément matériel atome; elle se rapporte au fonctionnement des instruments qu'il a fallu commencer par construire. — D'autre part, il arrive qu'à la suite d'une modification partielle de la théorie, la constitution logique des objets se trouve changée. Les changements se répercutent de proche en proche jusqu'au moment où une théorie entière bascule (Cf. la rupture opérée par la théorie de la relativité et la théorie des quanta solidaires de la constitution de nouveaux objets scientifiques). • La mécanique quantique, en admettant la nécessité, pour penser un phénomène comme la lumière, de poser la dualité de sa nature comme onde et comme particule, pose d'une toute autre façon la notion d'objet (qui n'a plus rien à voir avec ce que l'on met, dans la langue courante, sous ce terme). • Dans son Essai sur la connaissance approchée, Bachelard parle d' « un double postulat métaphysique à la base de la physique moderne «, p. 52. 1° L'existence de l'objet est contemporaine de la connaissance que nous en prenons. 2° Cette existence même est relative à nos méthodes d'où sa formule : « L'objectivité est une forme sans objet « (Idem p. 248). L'objet scientifique est conçu par Bachelard comme produit par les opérations qu'implique sa connaissance. Les objets ou les matières sur lesquels travaille « la cité scientifique « sont des objets sociaux (c'est-à-dire non « naturels «) déjà soumis à une rationalité scientifique. Cf. chapitre Phénoménologie et matérialité de son livre Le Matérialisme rationnel (P.U.F.). — La façon dont Bachelard appréhende l'objet scientifique dans les sciences du XXe siècle le conduit à affirmer que la connaissance scientifique n'a plus pour contenu la connaissance de « la nature « (de « l'objet réel «?). Une telle question pour lui est dépassée, définitivement périmée, n'a finalement pas de sens. Cf. « En chimie, la prise sur la nature correspond à une période révolue. « Le Matérialisme rationnel, p. 31. — On peut s'apercevoir ici qu'une réflexion sur l'objet scientifique est non seulement une réflexion d'ordre méthodologique, épistémologique mais d'ordre philosophique, d'ordre ontologique (ce qui signale l'enjeu du débat). • Consulter le livre de Michel Vadée, Bachelard ou le nouvel idéalisme épistémologique, qui se réclame du marxisme (Éditions Sociales). Cf. citation p. 282-283:« Théorie de « l'objet « et de l'objectivité de la connaissance qui fait dépendre l'existence et la nature de l'objet connu des opérations (épistémologiques) qui permettent sa définition et son étude scientifiques. L'objet est alors dit produit par les opérations qu'implique sa connaissance ! Cette théorie de l'objet scientifique mêle et confond souvent les problèmes d'existence et les problèmes de connaissance, et tend en général à faire dépendre les premiers des seconds. Une condition structurale est prise pour une condition ontologique. Ce point nous paraît philosophiquement et épistémologiquement comme l'un des plus frappants et comme véritablement caractéristique d'un commun idéalisme épistémologique. « (commun avec Lévi-Strauss, Foucault)

 

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