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La situation internationale en 1958 (Etude de DOCUMENT)

Publié le 21/09/2010

Extrait du document

 

« ...En 1958, j'estime que la situation générale a changé par rapport à ce qu'elle était lors de la création de l'OTAN. Il semble maintenant assez invraisemblable que, du côté soviétique, on entreprenne de marcher à la conquête de l'Ouest dès lors que tous les États y ont retrouvé des assises normales et sont en progrès matériel incessant. Le communisme, qu'il surgisse du dedans ou qu'il accoure du dehors, n'a de chance de s'implanter qu'à la faveur du malheur national. Le Kremlin le sait fort bien. Quant à imposer le joug totalitaire à trois cents millions d'étrangers récalcitrants, à quoi bon s'y essaierait-il, alors qu'il a grand peine à le maintenir sur trois fois moins de sujets satellites 7 Encore faut-il ajouter que, suivant l'éternelle alternance qui domine l'histoire russe, c'est aujourd'hui vers l'Asie plutôt que vers l'Europe qu'ils doivent tourner leurs regards. Par-dessus tout, quelle folie ce serait, pour Moscou comme pour quiconque, de déclencher un conflit mondial qui pourrait finir, à coups de bombes, par une destruction générale ! Mais si on ne fait pas la guerre, il faut, tôt ou tard, faire la paix. Il n'y a pas de régime, si écrasant qu'il soit, capable de maintenir indéfiniment en état de tension belliqueuse des peuples qui pensent qu'ils ne se battront pas. Tout donne donc à croire que l'Est ressentira de plus en plus le besoin de la détente. Du côté de l'Occident, d'ailleurs, les conditions militaires de la sécurité sont devenues, en douze ans, profondément différentes de ce qu'elles avaient été. Car, à partir du moment où les Soviets ont acquis ce qu'il faut pour exterminer l'Amérique tout comme celle-ci a les moyens de les anéantir, peut-on penser qu'éventuellement les deux rivaux en viendraient à se frapper l'un l'autre, sinon en dernier ressort 7 Mais qu'est-ce qui les retiendrait de lancer leurs bombes entre eux deux, autrement dit sur l'Europe centrale et occidentale Pour les Européens de l'Ouest, l'OTAN a donc cessé de garantir leur existence. Mais, dès lors que l'efficacité de la protection est douteuse, pourquoi confierait-on son destin au protecteur. « Général de Gaulle, Mémoires d'espoir, tome 1, Le Renouveau, 1970.

QUESTIONS

1. Replacez ce texte dans son contexte historique. 2. Expliquez et commentez l'analyse de la position soviétique telle que Fa fait de Gaulle. 3. Quelles conséquences, pour la sécurité de la France et de l'Europe, de Gaulle tire-t-il de l'évolution de la situation internationale ?

 

L'ouvrage dont est extrait le texte a été publié en 1970. Mais cette date ne présente guère d'intérêt, puisqu'il s'agit de « Mémoires «: Pour les rédiger, de Gaulle a certainement consulté des notes prises, jour après jour, tout au long de sa carrière. Il est fort possible que l'analyse présentée ici ait été effectivement faite en 1958 ; le document peut alors constituer une preuve supplémentaire de la clairvoyance, du réalisme, certains diront des dons de « visionnaire «, que l'on accorde souvent au Général. Cependant, sans vouloir nier ces qualités, il faut convenir qu'entre 1958 et 1970, le Général aurait eu toutes les possibilités de corriger son analyse au cas où elle n'aurait pas été, par la suite, confirmée par les faits.

« b) Il est donc impossible que l'Europe confie son destin (et, en l'occurrence, il s'agit de survie) aux seules décisionsaméricaines La construction du plan Il est toujours préférable, quand le document s'y prête, de suivre le plan du texte.

Dans ce cas précis,l'argumentation est assez rigoureuse et claire pour calquer le plan du devoir sur la structure du texte.

De plus, lesquestions invitent également le candidat à suivre ce plan.L'introduction répondra à la première question.

D'ailleurs, replacer un texte dans son contexte est l'objet natureld'une introduction.Les première et deuxième parties répondront aux questions 2 et 3.A l'intérieur des parties, on suivra également l'ordre des arguments présentés par l'auteur en s'efforçant, pourchaque paragraphe et argument, de :a) Exposer l'argument de l'auteur.b) Expliquer les éléments auxquels il fait allusion.c) Commenter l'argument, c'est-à-dire en montrer la portée ou les limites. DÉVELOPPEMENT IntroductionLe retour au pouvoir du général de Gaulle, en 1958, marque un tournant de la vie politique française, non seulementsur le plan intérieur, mais également, sinon principalement, dans la conduite des affaires extérieures.

Le grandobjectif gaullien demeure, en effet, le rétablissement de la « grandeur » de la France.

Et cette ambition, pour deGaulle, exige au préalable une totale indépendance nationale : « Il faut que la France soit la France ! » s'exclame-t-il, dans une de ces formules elliptiques qu'il affectionne.Le texte présenté ici cherche à démontrer que la France peut retrouver cette indépendance, aliénée sous la IVeRépublique.

Certes, de Gaulle concède, implicitement, que la situation de l'immédiat après-guerre, la guerre froide, lamenace soviétique, jointes à la faiblesse de la France elle-même expliquaient et justifiaient la dépendancediplomatique et militaire de la France par rapport aux États-Unis, premiers défenseurs du « monde libre » et doncseuls véritables garants de la sécurité française.

Mais le Général estime que la situation internationale a changé :ses principaux arguments sont rassemblés dans ce texte.De Gaulle analyse tout d'abord la nouvelle politique soviétique : pour lui, la menace soviétique sur l'Occident estdésormais écartée.

Il s'ensuit, pour de Gaulle, que l'Europe doit se dégager de la protection américaine et assurerelle-même sa propre sécurité. 1 La menace soviétique écartée Pour de Gaulle, la menace de mainmise soviétique ou communiste sur l'ensemble de l'Europe, sinon réelle du moinsressentie comme telle en 1947, paraît désormais, en 1958, peu vraisemblable.

La conviction de de Gaulle s'appuiesur quatre arguments. 1 L'impossible subversion intérieure communisteEn 1947, la crainte d'une révolution communiste hantait encore les milieux « libéraux », surtout en France et enItalie.

La puissance des partis communistes, rassemblant près de 30 % de l'électorat, disposant de militants actifs,dévoués, ayant fait leurs preuves dans la résistance, suffisait à entretenir la crainte.

La fragilité des régimes enplace, liée au « malheur national » récent dont parle de Gaulle, ruines économiques, troubles politiques résultantd'une défaite militaire, comme en Italie, ou de déchirements internes consécutifs aux politiques de collaboration,comme en France, semblait prouver que ces pays ne seraient pas en état de s'opposer efficacement aux tentativesrévolutionnaires attendues.

L'exemple des démocraties populaires et, plus particulièrement, le « Coup de Prague »,de février 1948, effectué dans un pays jugé « développé » et occidentalisé, ne pouvaient qu'accroître ces craintes.Pourtant, comme le dit de Gaulle, cette menace de subversion fut assez rapidement écartée, pour deux raisonsessentielles :• Les États d'Europe occidentale « ont retrouvé leurs assises normales ».

En effet, la plupart des pays ont assezrapidement retrouvé un équilibre politique : l'Italie peut s'appuyer sur la confortable et constante majoritéparlementaire de la Démocratie chrétienne, la création de la RFA « normalise » la situation en Allemagne de l'Ouest.En France, la « troisième force » réussit à garantir la survie du régime face aux grèves insurrectionnellescommunistes et aussi, le Général omet de le citer, face au raz de marée du RPF.

De toute façon, le poids électoralcommuniste régresse presque partout et les PC sont politiquement « marginalisés ».• « Le progrès matériel incessant » contribue à écarter toute menace.

Le plan Marshall, lancé en 1947, fut l'élémentmoteur de la reconstruction européenne.

Derrière sa générosité se dissimulait aussi le désir d'arracher les masseseuropéennes, désorientées par la misère, aux séductions des communistes présentant le socialisme et l'URSS commele « paradis des travailleurs ».

Le plan Marshall fut un succès : les pays européens enregistrèrent des taux decroissance remarquables permettant la généralisation progressive d'un bien-être matériel jamais atteint jusqu'alors.. »

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