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Slovaquie

Publié le 11/04/2013

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slovaquie
1 PRÉSENTATION

Slovaquie, en slovaque Slovensko, pays d’Europe centrale. Sa capitale est Bratislava.

La Slovaquie est bordée au nord par la République tchèque et la Pologne, à l’est par l’Ukraine, au sud par la Hongrie et à l’ouest par l’Autriche. Elle est l’un des deux États indépendants issus de la partition de la Tchécoslovaquie, le 1er janvier 1993.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La Slovaquie a une superficie de 49 035 km². Avec une altitude moyenne souvent supérieure à 500 m, la plus grande partie du pays est composée de montagnes et de piémonts, ce qui fait du territoire de la Slovaquie un espace très compartimenté où les communications intérieures sont souvent difficiles. À l’ouest, la frontière avec la République tchèque est formée par les Petites Carpates et les Carpates Blanches, qui appartiennent aux monts Carpates. Elles sont prolongées au nord par les Hautes Beskides, tandis que la partie centrale du pays abrite les Hautes Tatras, qui comptent le point culminant du pays, le mont Gerlachovka (2 655 m), et les Basses Tatras. Au sud, les monts Métallifères slovaques sont les piémonts des Tatras. Les basses plaines orientales prolongent la plaine hongroise tandis qu’au sud-ouest, les basses terres fertiles appartiennent à la plaine danubienne.

La Slovaquie est irriguée par plusieurs cours d’eau, dont le Váh, le Hron, le Bodrog, le Poprad, l’Hernád et l’Ondava. Le Danube forme une partie de la frontière méridionale du pays avec la Hongrie, et la Morava constitue une partie de sa frontière avec la République tchèque.

2.2 Climat

Le climat de la Slovaquie est de type continental humide avec des étés chauds et des hivers froids. L’hiver est plus rude dans les Carpates qui reçoivent de fortes chutes de neige. Les basses terres de l’Est subissent des étés chauds et moins arrosés. La température moyenne à Bratislava est de - 0,7 °C en janvier et de 19,1 °C en juillet. Les précipitations annuelles moyennes représentent 650 mm pour l’ensemble du pays.

2.3 Ressources naturelles

La forêt recouvre environ 39,4 du territoire de la Slovaquie. Le charbon est la ressource naturelle la plus abondante du territoire, en particulier le charbon brun et le lignite. Le pays possède aussi des gisements de plomb, de zinc, de cuivre, de minerai de fer et de magnésite.

2.4 Végétation et faune

L’épicéa et le sapin sont les arbres les plus communs, en particulier en altitude, tandis que l’on trouve des forêts mixtes de chênes, de frênes et d’érables dans les zones plus basses. Lorsqu’elles ne sont pas cultivées, les basses terres sont couvertes principalement de trèfles, de roseaux et de genêts. La forêt de hêtres des Carpates, bien conservée, est une forêt primaire (non dégradée) abritant une biodiversité élevée. Le karst de Slovaquie (partie d’un système karstique s’étendant également en Hongrie) comprend de très nombreux grottes et gouffres. Outre un intérêt géologique majeur, il présente une flore et une faune variées, comptant de nombreuses espèces cavernicoles.

Les oiseaux sont représentés par près de 360 espèces sédentaires, migratrices ou présentes de façon occasionnelle. Les oies cendrées ainsi que d’autres oiseaux limicoles, tels le cormoran et le héron, sont communs dans les marais et les bassins fluviaux des basses terres. Dans les régions boisées et montagneuses peuvent se rencontrer une trentaine d’espèces différentes de rapaces diurnes : aigles, vautours, milans, éperviers, busards, etc. Du côté des mammifères, on en trouve en Slovaquie quelque 77 espèces. Les grands herbivores sont représentés par l’élan, le cerf élaphe, le chevreuil et le chamois. Les prédateurs comprennent le loup gris, le lynx, le renard roux et le chacal doré. Les forêts renferment également sangliers et ours bruns. Les petits mammifères sont nombreux : rongeurs (marmotte, écureuil roux, mulots, loirs, etc.), insectivores (musaraignes, hérisson), mustélidés (hermine, martre, putois, loutre de rivière, lapin de garenne, lièvre, etc. Les chauves-souris sont nombreuses (plus de 20 espèces sur le territoire slovaque), particulièrement dans le système de grottes du karst.

2.5 Problématiques environnementales

Malgré une diminution considérable des rejets industriels dans les années 1990 et le renforcement de l’arsenal législatif en matière d’environnement ayant accompagné l’entrée du pays dans l’Union européenne en 2004, la pollution de l’air, principalement imputable à l’industrie métallurgique et à l’extraction et à l’utilisation intensive du charbon, reste l’une des plus importantes d’Europe. Les pluies acides, qui figurent parmi les problèmes environnementaux majeurs d’Europe centrale, endommagent les forêts (provoquant dans les cas extrêmes une défoliation des arbres) et contribuent à la pollution des eaux douces. La faune sauvage se raréfie en raison de la pollution et de la déforestation.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Caractéristiques démographiques

La Slovaquie comptait 5 455 407 habitants en 2008. La densité est de 112 habitants au km2. Les régions occidentales du pays sont les plus densément peuplées, tandis que les provinces méridionales et orientales ont un peuplement plus clairsemé.

En 2008, le taux de croissance de la population était de 0,14 % ; le taux de fécondité de 1,34 enfant par femme et le taux de natalité estimé à 10,6 ‰ sont plus élevés que dans la République tchèque voisine.

Les Slovaques, peuple slave, constituent environ 85 % de la population qui compte également de fortes minorités : des Hongrois (près de 10 %), des Roms (près de 2 %) et, dans une moindre mesure, des Polonais, des Allemands, des Russes et des Ukrainiens. Il existe des tensions entre la majorité slovaque et la minorité hongroise.

3.2 Divisions administratives et villes principales

Sur le plan administratif, la Slovaquie est divisée en 8 régions (kraj, au singulier) : à l’ouest, Bratislavský, Nitriansky, Trenèiansky, Trnavský ; au centre, Banskobystrický et ´ilinský ; à l’est, Košický et Prešovský.

En 2005, 58 % de la population résidait en zone urbaine. Les principales villes slovaques sont Bratislava, la capitale (425 000 habitants en 2003), Košice (235 509 habitants), Nitra (86 958 habitants), Prešov (92 488 habitants) et Banská Bystrica (82 493 habitants).

3.3 Langues et religions

La langue officielle est le slovaque, qui appartient au sous-groupe slave occidental de la famille des langues indo-européennes, bien qu’il utilise des caractères latins au lieu de l’alphabet cyrillique (voir langues slaves). La plupart des habitants parlent couramment le slovaque et le tchèque. Le hongrois, le polonais, l’allemand, l’ukrainien, le roumain et le russe sont parlés par les minorités.

La plupart des Slovaques sont chrétiens et près de 70 % d’entre eux sont catholiques. Il existe également des protestants d’origine hongroise, des catholiques byzantins, des orthodoxes originaires d’Ukraine et de Ruthénie et quelques autres minorités religieuses moins importantes.

3.4 Éducation

Les dépenses publiques consacrées à l’éducation en Slovaquie représentent 4,4 % (2003) du PIB. La durée de la scolarité obligatoire est de dix ans. Les systèmes d’enseignement et de formation ont été largement réformés à compter de la loi sur l’enseignement universitaire de 2002 prévoyant notamment la transformation des universités d’État en institutions publiques, la création d’établissements d’enseignement supérieur privés et une réforme des filières. Les principales universités sont celles de Bratislava, Cassovie, Nitra, Presov, Ruzomberok, Trnava et Zilina.

3.5 Institutions et vie politique
3.5.1 Organisation des pouvoirs

La Slovaquie est une république parlementaire régie par la Constitution adoptée le 1er septembre 1992 et entrée en vigueur le 1er janvier 1993, premier jour d’existence des deux États issus de la scission de la Tchécoslovaquie : la Slovaquie et la République tchèque.

Les fonctions de chef de l’État sont exercées par un président de la République élu au suffrage universel (depuis mai 1999) pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre, qui lui-même nomme le cabinet, en accord avec le président. Le Parlement est une assemblée unicamérale, le Conseil national, composée de 150 députés élus au suffrage universel direct pour une durée de quatre ans.

3.5.2 Partis politiques

Les principaux partis politiques slovaques au milieu des années 2000 sont le parti Direction-Démocratie sociale (SMER-SD, social-démocrate) dirigé par Robert Fico, l’Union démocratique et chrétienne slovaque (SDKU) de l’ancien Premier ministre Mikuláš Dzurinda (1998-2006), le Parti national slovaque (SNS, extrême droite), le Parti de la coalition hongroise (SMK), le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS), de l’ancien Premier ministre Vladimir Mečiar, et le Mouvement chrétien-démocrate (KDH).

3.5.3 Défense nationale

En 2004, l’armée slovaque comptait 20 195 hommes. Environ 1,9 % du PIB est affecté aux dépenses militaires du pays. La Slovaquie fait partie de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) depuis 2004.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

Située au cœur de l’Europe, la Slovaquie apparaît depuis son intégration à l’Union européenne, en 2004, comme l’un des pays d’Europe centrale ayant le mieux réussi sa transition vers une économie de marché, en dépit de déséquilibres persistants entre l’ouest et l’est du pays. La politique ultralibérale mise en place au milieu des années 2000 conduit le pays à atteindre des taux de croissance parmi les plus hauts d’Europe centrale. Destination devenue prisée par les investissements étrangers, bénéficiant d’une main d’œuvre qualifiée, la Slovaquie fonde aujourd’hui son développement sur l’industrie automobile. En 2006, le produit intérieur brut (PIB) de la Slovaquie s’élevait à 55 milliards de dollars. Son taux de croissance a atteint 8,30 % en 2006.

4.2 Historique

La Slovaquie a toujours été moins industrialisée que les régions tchèques voisines, situation qui s’est perpétuée sous la Tchécoslovaquie communiste. Tant qu’elle faisait partie de la Tchécoslovaquie, la Slovaquie ne contribuait que pour un dixième au budget fédéral et pour un quart au PIB. Cela s’explique en partie par l’industrialisation tardive de la région qui n’a commencé qu’après 1948. Demeurant fortement dépendant de l’URSS, à l’instar des autres pays de l’Europe de l’Est, le développement industriel slovaque s’est fait largement selon une orientation militaire. Il a durement souffert de la disparition, à la fin des années 1980, du Comecon.

Pour assouplir la transition après la dislocation de l’ancienne Tchécoslovaquie, les gouvernements tchèque et slovaque s’étaient entendus pour conserver une monnaie commune et une union douanière, de même qu’une frontière ouverte. L’union douanière et les frontières ouvertes ont bien été mises en place, mais les deux républiques ont commencé à utiliser des monnaies différentes le 8 février 1993. Le commerce entre les deux États a dès lors fortement décliné.

À la suite de sa séparation de la République tchèque, la Slovaquie est automatiquement devenue membre du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). À la différence de leurs homologues tchèques, les dirigeants slovaques n’étaient pas, à l’origine, très favorables aux réformes libérales. Les investissements étrangers ont donc eu tendance à favoriser dans un premier temps la République tchèque voisine aux dépens de la Slovaquie. Un groupe d’Américains d’origine slovaque a cependant créé à Bratislava l’American Enterprise Fund (SAEF), un organisme destiné à aider les entrepreneurs slovaques. En 2002, les investissements étrangers ont décollé en Slovaquie pour atteindre 4 milliards d’euros. En 2003-2004, des réformes structurelles ont été engagées par le gouvernement Dzurinda (introduction d’un taux d’imposition unique de 19 % sur les revenus, les bénéfices et la valeur ajoutée, retrait de l’État, privatisation des grandes banques et des compagnies d’assurance, assainissement financier…), saluées par les organismes internationaux.

 

4.3 Secteur primaire : agriculture, forêts et pêche

En 2006, le secteur primaire occupait 4,7 % de la population active et contribuait à hauteur de 3,6 % à la formation du PIB. L’agriculture slovaque n’est pratiquée que sur 29 % du territoire national, soit environ 1,4 million d’hectares de terres arables, et elle se caractérise par ses rendements médiocres. Le blé (1 342 693 t en 2006), l’orge (641 768 t), le maïs (838 326 t) et la betterave sucrière (1 370 908 t) sont les principales cultures des basses terres fertiles, tandis que les sols montagneux, plus pauvres, sont cultivés en seigle, avoine, pommes de terre, légumes et lin, en parallèle à l’élevage de moutons. Le cheptel porcin est particulièrement important (1 108 265 têtes).

La sylviculture slovaque, ayant souffert de la pollution qui a endommagé gravement les forêts locales, est en régression. La Slovaquie, qui n’a aucun débouché sur la mer, a une faible production halieutique, issue de ses rivières (2 648 tonnes en 2005).

4.4 Secteur secondaire : mines et industries

En 2006, le secteur secondaire occupait 38,8% de la population active et contribuait à hauteur de 31,6 % à la formation du PIB.

L’héritage de l’industrie lourde de type communiste, comprenant d’importantes usines d’armement, a handicapé la croissance de l’industrie manufacturière slovaque. Les principales industries concernaient les produits métallurgiques, les produits chimiques, les textiles et vêtements, le verre et les matériaux de construction. Entre 1991 et 1992, la production industrielle a chuté de près de 50 % mais, au début des années 2000, les industries chimique et manufacturière sont modernisées tandis que l’électronique et les biens d’équipements industriels sont en progression. Surtout, l’industrie automobile s’impose désormais au premier plan avec l’implantation d’usines de Volkswagen, Peugeot-Citroën et Kia-Hyundaï. En plein essor, elle emploie près de 50 000 personnes, représente le tiers de la production industrielle slovaque et le premier secteur d’exportations au milieu des années 2000.

Le nucléaire est la principale source d’énergie du pays puisqu’il fournit 57 % de la capacité nationale. L’énergie hydroélectrique constitue également un potentiel important pour la Slovaquie.

4.5 Secteur tertiaire : services, finances et commerce

En 2006, le secteur tertiaire occupait 56,3 % de la population active et contribuait à hauteur de 64,8% à la formation du PIB.

L’unité monétaire de la Slovaquie est la couronne slovaque (koruna), divisible en 100 halierov. La banque centrale et banque d’émission monétaire est la Banque nationale slovaque, qui jouit d’une autonomie constitutionnelle sur le modèle de la Bundesbank allemande.

Les échanges avec la République tchèque, partenaire privilégié, ont été ramenés à environ 15 % des importations et des exportations au milieu des années 2000. Les principaux clients de la Slovaquie sont l’Allemagne, la République tchèque, et l’Autriche et ses principaux fournisseurs l’Allemagne, la République tchèque et la Russie. Le secteur automobile est le premier poste d’exportations.

5 HISTOIRE

La Slovaquie a fait partie de l’Empire austro-hongrois jusqu’en 1918, puis de la Tchécoslovaquie de 1918 à 1992. Le statut fédéral, adopté en 1969, avait doté la Slovaquie et la République tchèque, les deux composantes de la Tchécoslovaquie, d’institutions propres sur la base desquelles la partition s’est faite en 1992.

5.1 Des origines à la fin de la domination hongroise

Territoire habité depuis la préhistoire, la Slovaquie est peuplée de Celtes avant l’ère chrétienne puis, lors des Grandes Invasions médiévales, de Slaves. La région est évangélisée par les moines Cyrille et Méthode à la fin du ixe siècle. À la même période, les territoires composant la Slovaquie sont intégrés au royaume de Grande-Moravie (fondé vers 830), qui s’étend alors sur une vaste partie de l’Europe centrale (Slovaquie, Bohême, Silésie et Pologne méridionale). En 905 cependant, le royaume tombe sous le joug des Magyars (Hongrois) et les terres slovaques subissent dès lors leur influence. Jusqu’en 1918, la Slovaquie est une province de la couronne hongroise ; elle ne recouvre son autonomie qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, lorsque l’Empire austro-hongrois est dissous.

5.2 La Tchécoslovaquie (1918-1992)
5.2.1 L’union entre les Slovaques et les Tchèques

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, ni les Slovaques, ni les Tchèques n’ont manifesté de velléité d’indépendance comparable à celle des Slaves ou des Hongrois à l’intérieur de l’Empire austro-hongrois. Les deux peuples n’ont jamais formé ensemble un État indépendant mais se sont rapprochés à la fin du xixe siècle. Dès 1916, le Slovaque Milan Štefánik et les Tchèques Tomáš Masaryk et Edvard Beneš fondent à Paris un Conseil national tchécoslovaque. La défaite de l’Autriche-Hongrie face aux Alliés, en 1918, précipite les événements. Le 28 octobre, la république est proclamée à Prague. Le 31, un gouvernement provisoire d’union nationale reconnu par les Alliés s’installe dans la capitale, et Tomáš Masaryk est proclamé président.

Les frontières du nouvel État, appelé Tchécoslovaquie, sont définies au traité de Saint-Germain (10 septembre 1919), puis revues au traité du Trianon (4 juin 1920). La Slovaquie étend sa frontière au sud pour bénéficier d’une ouverture sur le Danube et à l’est, en Ruthénie. La partie tchèque de la république comprend la Bohême, la Moravie, la Silésie autrichienne et les Sudètes.

L’histoire de la Tchécoslovaquie comprend : trois périodes républicaines (1918-1938 pour la première, 1938-1939 pour la deuxième et 1945-1948 pour la troisième) ; la période de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) ; enfin, la période communiste (1948-1990) et les lendemains de la chute du communisme (1990-1992).

Pour plus d’information sur l’histoire de cet État, voir l’article Tchécoslovaquie.

5.2.2 Les lendemains de la chute du communisme

En décembre 1989, après le succès de la révolution de Velours, un nouveau gouvernement est mis en place en Tchécoslovaquie, avec le Tchèque Václav Havel comme président et un Slovaque, Marian Calfa, au poste de Premier ministre. En avril 1990, l’Assemblée fédérale accepte de changer le nom du pays en République fédérale tchèque et slovaque pour satisfaire les Slovaques qui veulent que le nom du pays reflète l’égalité entre les républiques fédérées. Les réformes libérales introduites au cours des deux années qui suivent ont tendance à favoriser la République tchèque au détriment de la Slovaquie. Ajouté au désir des Slovaques d’acquérir une plus grande autonomie, cela provoque de sérieuses tensions au niveau du gouvernement fédéral.

L’équilibre entre les pouvoirs du gouvernement fédéral et ceux des gouvernements des deux républiques devient une question brûlante. Les tentatives de l’Assemblée fédérale pour trouver un compromis échouent et les résultats des élections législatives de juin 1992 révèlent la fracture qui se creuse entre les deux territoires. Le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS) de Vladimir Mečiar et le Parti civique démocratique du Tchèque Václav Klaus deviennent les deux principaux blocs dans l’Assemblée et chaque dirigeant est nommé Premier ministre dans sa propre république, ce qui les place au centre de la controverse sur le rôle du nouveau gouvernement fédéral.

5.2.3 La marche vers la partition

Alors que les Tchèques se prononcent pour une mise en place rapide des réformes libérales, les Slovaques préfèrent une transformation beaucoup plus lente et veulent conserver certains aspects de l’économie socialiste. En juillet 1992, le Parlement slovaque vote par 113 voix contre 24 en faveur de la souveraineté de la république. La minorité hongroise s’oppose à cette décision. Il devient rapidement évident qu’aucun type de gouvernement fédéral ne pourra satisfaire les deux républiques. Tout au long de l’automne 1992, les Tchèques et les Slovaques discutent des détails de la dissolution du gouvernement fédéral. En novembre, le Parlement fédéral vote la dissolution de la République fédérale à dater du 31 décembre, malgré l’opposition d’une partie de l’opinion publique. Le 1er janvier 1993, la République tchèque et la Slovaquie deviennent des États indépendants.

5.3 La Slovaquie indépendante (depuis 1993)
5.3.1 Le gouvernement Mečiar et les difficultés de la démocratisation (1993-1998)

Le 15 février 1993, le Parlement slovaque choisit Michal Kováč comme premier président de la nouvelle république. Membre du parti au pouvoir, le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS), Michal Kováč n’est cependant pas un allié du Premier ministre Vladimir Mečiar et des conflits apparaissent bientôt au sein du gouvernement. En mars, 8 députés MSD quittent le parti après l’expulsion de l’un d’entre eux par Michal Kováč, à la demande de Vladimir Mečiar. Pour reprendre le contrôle du gouvernement, le MSD doit former en novembre une nouvelle coalition avec le Parti national slovaque, aux tendances plus radicales.

Vladimir Mečiar continue d’être critiqué en raison de son nationalisme excessif et de la lenteur des réformes économiques. Sa décision de poursuivre le projet controversé du barrage de Gabčíkovo est soumise à la Cour internationale de justice en avril 1993. Par ailleurs, la minorité hongroise se plaint de discrimination et réclame son autonomie en matière de culture et d’éducation. Les craintes sur la possibilité d’un expansionnisme hongrois incitent la Slovaquie à signer au début de l’année 1994 l’accord de Partenariat pour la paix, considéré comme un préalable à son admission dans l’OTAN.

L’instabilité gouvernementale se confirme en mars 1994, lorsque Vladimir Mečiar est accusé d’avoir détourné les fonds destinés à la privatisation vers les caisses de son parti. Son renvoi est voté par le Parlement slovaque et Jozef Moravčík est alors nommé Premier ministre. Lors des élections de septembre 1994, le MDS obtient un tiers des voix et s’allie au Parti national slovaque pour former le gouvernement. Les deux partis n’ont cependant pas suffisamment de sièges pour obtenir la majorité. Cette situation est résolue en novembre lorsque l’Association des travailleurs de Slovaquie rejoint la coalition de Mečiar. Le nouveau gouvernement entre en fonction en décembre, avec 83 des 150 sièges du Conseil national.

En janvier 1995, la Slovaquie accepte de décharger plus d’eau du barrage de Gabčíkovo pour amoindrir ses effets néfastes sur l’environnement des régions en aval (voir ci-dessus Économie, Mines et industries). Un traité signé le 19 mars par les Premiers ministres de Slovaquie et de Hongrie résout les conflits de frontière entre les deux États et amorce un règlement des problèmes de la minorité hongroise de Slovaquie. La coalition au pouvoir connaît toutefois de fortes dissensions sur de nombreux sujets brûlants comme le traitement des minorités ou la politique de privatisation, et c’est toute la classe politique slovaque qui semble traversée par une crise profonde. Cette crise s’aggrave en 1998 lorsque le Premier ministre Mečiar, profitant du fait qu’aucune majorité ne se dégage au Parlement afin d’élire un successeur au président Kováč dont le mandat s’achève en mars, s’arroge une partie des pouvoirs présidentiels (comme la nomination des ambassadeurs).

Cette dérive autoritaire témoigne des carences de la démocratie slovaque, pointées notamment par les États-Unis. Cela incite l’OTAN et l’Union européenne à exclure Bratislava des premiers groupes de pays candidats à l’intégration. Cette instabilité politique et cette tendance autoritaire conduisent aussi à un relatif désintérêt des investisseurs étrangers pour la Slovaquie.

5.3.2 Le gouvernement Dzurinda et l’intégration européenne (1998-2006)

Les élections de septembre 1998 permettent l’arrivée au pouvoir de l’opposition rassemblée autour du leader de l’Union démocratique et chrétienne slovaque (SDKU), Mikuláš Dzurinda. Il remplace Vladimir Mečiar au poste de Premier ministre en octobre 1998. La nouvelle coalition fait adopter un amendement constitutionnel qui instaure l’élection du président au suffrage universel direct. Le 30 mai 1999, son candidat Rudolf Schuster est élu président de la République avec 57,2 % des voix face à Vladimir Mečiar.

Le nouveau gouvernement s’attache à sortir la Slovaquie de son isolement diplomatique et économique. Il renoue le dialogue avec la Hongrie et la République tchèque et met en œuvre les réformes nécessaires pour se rapprocher de l’Union européenne (UE). En 2000, la Slovaquie devient le trentième État membre de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

Reconduit dans ses fonctions à l’issue des élections législatives de septembre 2002, Mikuláš Dzurinda dirige une coalition des quatre partis de la droite slovaque pro-européenne –  pour la première fois depuis 1993, le Parti communiste de Slovaquie (KSS) obtient des élus (c’est alors le seul parti de gauche représenté au Parlement).

La fin de l’année 2002 est marquée par deux annonces majeures : au sommet de Prague en novembre 2002, la Slovaquie est invitée à engager des pourparlers d’adhésion à l’OTAN (à échéance 2004) et, lors du Conseil européen de Copenhague de décembre 2002, elle fait partie des dix pays désignés pour rejoindre l’UE en 2004. Suscitant par le passé un certain scepticisme auprès de l’opinion publique, l’adhésion à l’UE (défendue par la totalité des partis politiques) est approuvée par référendum (16-17 mai 2003) avec 92,46 % de « oui « (soit le taux le plus élevé parmi les neufs pays candidats appelés à se prononcer par la voie référendaire), et une participation de 52,15 % des inscrits. Le 29 mars 2004, la Slovaquie devient membre de l’OTAN et, le 1er mai 2004, elle adhère à l’Union européenne.

Entre temps, au mois d’avril, le candidat populiste Ivan Gasparovic est élu à la présidence de la République avec 59,9 % des suffrages, devant Vladimir Mečiar. Ancien président du Parlement de 1992 à 1998, longtemps proche de Vladimir Mečiar, il l’emporte sur les candidats du parti au pouvoir. Lors des élections européennes de juin 2004, les Slovaques affichent le plus faible taux de participation de toute l’Union européenne, avec moins de 17 % de votants. Le Parlement slovaque approuve le traité établissant une Constitution pour l’Europe en mai 2005.

5.3.3 Le gouvernement Fico

Si la Slovaquie apparaît comme l’un des pays de l’Union européenne à la situation économique la plus dynamique (plus de 5 % de croissance en 2005), il n’en reste pas moins que la transition vers l’économie de marché accomplie par le gouvernement Dzurinda, qualifiée de « parcours sans faute « par l’OCDE, a des répercussions sociales importantes pour la population qui aspire à une redistribution plus large des fruits de la croissance. Cette situation se traduit dans le résultat des élections législatives de juin 2006 qui voient la victoire du parti d’opposition social-démocrate SMER-SD (le parti SMER a été rebaptisé SMER-SD à l’issue de sa fusion avec des petits partis de gauche en 2005). Afin d’obtenir la majorité parlementaire, le leader du SMER-SD, Robert Fico, est toutefois contraint de former une coalition avec le Mouvement pour une Slovaquie indépendante (HZDS) et le Parti national slovaque (SNS), formation populiste et nationaliste. Le gouvernement met en œuvre une série de mesures destinées à améliorer la vie quotidienne de la population touchée par les réformes économiques (baisse de la TVA sur les médicaments, régulation des prix de l’énergie…).

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