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LES SOCIALISMES DU XIXe SIÈCLE

Publié le 24/02/2011

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   Le grand essor des socialismes au XIXe siècle est enraciné, comme on l'a vu, dans un passé assez lointain quoique oublié.    1. DESTUTT DE TRACY ET LES ORIGINES DE LA SOCIOLOGIE    Officier du roi, député de la noblesse aux Etats généraux, Antoine Destutt de Tracy (1754-1836) fut de ces nobles qui, comme La Fayette, adhérèrent à la Révolution. Il était encore sur les barricades en 1830. Sa théorie politique se construisit à l'expérience et se formula assez tard. C'est en 1811 qu'il donne ses Commentaires sur l'Esprit des lois et ses premiers Eléments d'idéologie (d'où le nom d' « idéologues « que l'on donna à son groupe) ; c'est en 1822 qu'il publie son Traité d'économie politique.    Avec Cabanis, il est parmi les fondateurs de la sociologie, que l'on appelait déjà la « physique sociale « ou la « physiologie sociale « te l'espèce humaine.   

« 3.

CHARLES FOURIER (1772-1837) Si l'on n'est pas surpris de l'enthousiasme que souleva Saint-Simon et de la véritable dévotion qu'il suscita après samort, on est surpris du succès de Fourier, dont la folie ne fait plus aucun doute.

Mis à part certains passages,toujours pudiquement passés sous silence par les fouriéristes, la doctrine, sur certains points lucide, place Fourierparmi les socialistes. Ce fils de drapier aisé accuse les commerçants (« des araignées, des sangsues, des vautours, des forbans sociaux,des frelons industriels, des spoliateurs » comme il les qualifie dans Les crimes du commerce) d'être responsables dutriste état de la société, de la féodalité qui continue, de l'assassinat des travailleurs.

Il attaque aussi la religion «œuvre d'un aventurier charlatan », l'institution familiale, et d'une manière générale « la civilisation », mot qui, soussa plume, est synonyme de toutes les perversions. Fourier (dont les « phalanstères » ont été expérimentalement réalisés en Europe et en Amérique) a eu, entre autres,l'idée de l'orientation professionnelle, celle de la propriété communautaire (appartenant à la communauté de travail),celles de la fédération des communautés, du principe « à chacun selon ses besoins », de l'utilisation professionnelledes passions, nous dirions des motivations, et a inspiré ce qu'on appelle aujourd'hui les communautés de travail,ainsi que les coopératives de production et de consommation, la participation aux bénéfices, et la co-gestion. 4.

LÉONARD SIMONDE DE SISMONDI (1773-1842) Après quarante-sept volumes consacrés à Y Histoire d'Italie et de France, ce grand bourgeois suisse écrit Nouveauxprincipes d'économie politique en 1819, et Etudes sur l'économie politique en 1837.

C'est l'époque où Jean-BaptisteSay publie son Traité d'économie politique.

Comme on le voit, la nouvelle science fait fureur, elle est définie «science du gouvernement » par Sismondi, et « description de ce qui se passe en fait dans les sociétés » par Say ;elle est, à l'époque, la science humaine par excellence. « Le prolétaire, écrit Sismondi, c'est celui qui, dans la disparition de la classe moyenne, des petits propriétaires, despetits artisans, des petits commerçants, des petits fermiers, face aux grands capitalistes, fait partie d'une classequi croît de manière effrayante, celle des hommes qui travaillent et n'ont aucune propriété ».

L'antagonisme estdonc clair.

Le contrat de travail est « une spoliation, un vol ».

On entend donc déjà ce que Proudhon répétera vingtans plus tard (« la propriété, c'est le vol ») et ce que Marx dira quarante ans après.

Enfin Sismondi décrit nonseulement la misère physiologique, économique et morale des prolétaires, en des termes exactement repris par Marxparce que tirés des enquêtes anglaises et françaises de l'époque, mais aussi les méfaits du machinisme industriel. Il est bon de noter au passage que, alors que la mutation économico-administrative contemporaine avecl'automation, l'informatique et le développement extraordinaire du secteur tertiaire a bouleversé complètement lesdonnées sociologiques, c'est l'analyse de Sismondi, Proudhon et Marx qui continue à se diffuser.

Il en était de même,mutatis mutandis, en 1800, lorsque les considérations sur la souveraineté et le droit naturel continuaient à fleuriralors que la mutation sociale avait déjà commencé, celle dont parle si justement Sismondi. A partir de ce moment quelque chose change dans la mentalité générale.

Les journées de 1830 sont significatives.Des slogans apparaissent (et des chansons) tels que : « le socialisme a deux ailes : les ouvriers et les étudiants »ou encore « le peuple...

c'est Dieu ».

Dès 1832 on voit naître un parti socialiste-communiste.

Les journaux semultiplient.

C'est en 1836 qu'Emile de Girardin fonde le premier journal à grande diffusion et à bon marché (la Presse)grâce à l'idée d'y insérer de la réclame.

L'ère des communications de masse (mass média) va bientôt s'ouvrir. 5.

PROUDHON (1809-1865) Les biographes de Pierre-Joseph Proudhon ont découvert une phrase dans un mémoire qu'il rédigera sur un sujet misau concours par l'Académie de Besançon : « Il doit exister une science de la société, absolue, rigoureuse, basée surla nature de l'homme et de ses facultés, et sur leurs rapports, science qu'il ne faut pas inventer mais découvrir.

»Ainsi en 1839, à trente ans, Proudhon a retrouvé sans le savoir les idées de Jean Bodin (1566) et d'Althusius (1603),puis évidemment celles de Montesquieu, des physiocrates et des idéologues.

La constitution de la sociologie et dessciences humaines est en bonne voie. Appliquant son projet, il étudie dans Qu'est-ce que la propriété ? (1841) le phénomène de la propriété sous tous lesangles, historique, juridique, moral, philosophique, ...économique, et montre ses méfaits pernicieux sur toute lastructure sociale : « la propriété, c'est le vol ». Dès lors il s'engage dans l'action politique, avec un talent impétueux de tribun et de pamphlétaire, et une visionclaire de ses objectifs : « L'égalité ou la mort », « Nous ne voulons pas de votre charité, nous voulons la justice.

» Ilse veut l'interprète de la grande Révolution, et son continuateur : « De ces deux choses (la destruction de laféodalité et l'organisation de la cité économique), la Révolution n'a accompli à grand-peine que la première ; l'autre aété complètement oubliée.

De là cette espèce d'impossibilité de vivre qui travaille la société française depuissoixante ans.

» Le conflit fut sévère avec Karl Marx (on sait que Marx écrivit Misère de la philosophie contre l'ouvrage de Proudhon :. »

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