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Sommes-nous bien informés ?

Publié le 05/12/2010

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 L’expression « quatrième pouvoir « est un concept recouvrant l’idée d’une forte influence des médias sur les affaires publiques et sur les comportements des citoyens

D’origine anglaise, elle remonte à la fin du XVIII ème  siècle. Elle renvoie précisément à l’influence des chroniqueurs parlementaires sur l’opinion publique et à la peur d’une information critique difficilement prévisible et éventuellement déstabilisante. En France, le débat autour de ce pouvoir est relancé avec la naissance de la liberté de la presse par la loi du 29 juillet 1881, dans un contexte où se développent les théories sur la manipulation de l’opinion. Au cours de la construction et de la consolidation du régime républicain, la presse joue en effet un rôle capital dans la vie de la nation en influençant en profondeur, sinon la formation des opinions politiques, du moins leur diffusion, sachant que le concept d’opinion publique voit son origine durant la Révolution. Depuis lors et durant tout le XX ème siècle, un certain nombre d’affaires de diffamation, sans parler du poids de la propagande, ont entretenu le débat sur ce fameux pouvoir. De nos jours, on parle du concept de « désinformation «. Les médias nous informeraient certes, mais mal, c’est-à-dire dans un but de manipulation, grâce à la maîtrise de l’image notamment. Ce concept de la désinformation est largement repris dans les critiques adressées aux médias aujourd’hui, en ce qui concerne les conflits à l’étranger, et dans la situation de la France actuelle. Là où l’on touche aux intérêts des Français, on crie à la désinformation : OGM, insécurité, situation économique…

Mais si l’on compare la situation des médias français avec celle des autres pays, elle apparaît beaucoup moins catastrophique que ce qu’il y paraît. En effet, dans de nombreux pays, la télévision ne fonctionne que deux heures par jours, une grande partie du monde vit encore hors de l’influence des médias, et ne se pose pas la question de la manipulation possible des journalistes.

Ainsi, toutes ces questions soulèvent l’interrogation suivante : sommes-nous bien informés ? Car si nous comparons notre situation a celle des pays sous-développés, nos dizaines de chaînes d’information semblent nous donner la réponse. Mais alors que dans les dictatures c’est la censure que l’on utilise, dans les démocraties, c’est la manipulation. Lequel des deux maux est il préférable ?

En centrant notre étude sur le cas Français, afin d’apporter de la pertinence à notre réflexion,  nous verrons dans un premier temps qu’en quantité, il est indéniable que nous sommes bien informés. L’explosion dans les secteurs de la communication et l’accessibilité toujours plus grande aux moyens d’information nous permettent d’être bien informés. Cependant, c’est cette explosion même des nouvelles technologies de communication qui mettent en danger le processus même d’information. Le média se démocratise est devient un objet de consommation, pour perdre donc toute son essence.

 

L’histoire des médias en France révèle plusieurs grandes étapes. La plupart d’entre elles ont été le fruit d’une révolution technique, ou encore d’une révolution culturelle, voire politique, comme en témoigne la Révolution et son impact dans l’histoire de la presse et de l’information. Cette longue évolution nous amène aujourd’hui à une accessibilité insoupçonnée à l’information. Ce qui fait que sur le plan quantitatif, et sans porter attention aux nuances à travers la société française, nous sommes bien informés.

 

Il serait malvenu de traiter ce sujet sans s’attarder sur l’histoire de la presse écrite et de son évolution, ce qui nous permettra d’envisager las avancées permises par les innovations techniques. Avant l’invention de l’imprimerie, la France a connu des feuilles volantes qui relataient les faits divers locaux. Avec l’invention de l’imprimerie se développent les gazette (la première : celle de Théophraste Renaudot). C’est avec le siècle des Lumières que se multiplient les périodiques, une cinquantaine à Paris en 1787. Avec la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et son article 11, on proclame que la « libre communication des pensées et des opinions est un droit les plus précieux de l’homme «. Après quelques moments difficiles sous la Convention, le Directoire et l’Empire, on assiste à l’age d’or de la presse entre 1815 et 1914, car favorisée par le progrès technique, la libéralisation et la démocratisation des institutions, la presse s’est multipliée en France. On constate que plus la politique se libéralise, plus les libertés sont acquises, et plus la presse se développe et jouit d’une grande popularité. Avec la IIIème République se produit un développement sans précèdent de la presse d’opinion. Après la Libération, elle commence à se concentrer, et des sortes de monopoles semblent apparaître. De nos jours, les grands leaders détiennent le pouvoir, et de nombreux tirages ont disparu. Les journaux people connaissent un véritable essor, tandis que la lente érosion des quotidiens persiste.  En France, le taux de pénétration des quotidiens auprès de la population passe de 221 pour 1000 en 1973 à moins de 150 pour 1 000 en 1997. Malgré cela, la presse écrite est encore très présente en France. En ce qui concerne la relation de la population française avec la presse écrite, on remarque qu’elle y est traditionnellement attachée, de part la difficile obtention de la liberté de la presse notamment. La modernisation de la forme des journaux joue beaucoup. L’insertion de l’image, de la couleur, de la publicité change le rapport des gens à la presse. Les grands quotidiens même si ils sont moins nombreux continuent (à l’image du Monde) d’avoir une incidence. Se diversifiant de plus en plus, ils ne donnent plus uniquement des nouvelles brutes du pays ou de l’étranger, mais analysent l’information, la décortiquent, la passent au crible, font intervenir des personnalités, font des interviews etc. … Cependant, on ne peut que noter un déclin de celle-ci, face à la concurrence très forte de la radio, de la télévision et surtout d’internet.

 

En ce qui concerne la radio et la télévision, ce sont deux moyens de communication qui ont été de véritables innovations techniques.  Née au début du siècle, la radio prend son essor dans l’entre-deux-guerres, dans une situation marquée par le monopole de l’État sur le droit à la diffusion.  Après son expérimentation militaire la TSF n’est offerte au grand public qu’à partir de 1921-1922. Dès l’origine, à cause de son usage militaire, la radio est considérée par les pouvoirs publics comme une nouvelle technologie, non comme un nouveau moyen d’information. Elle ne bénéficie donc pas, comme la presse, du régime très libéral de la loi de 1881  D’expérimentale, la radio devient bientôt un média à part entière, source d’information et de divertissement. Dès la fin des années vingt: 4 millions de postes en 1937 et 5 millions en 1940 (contre 1,3 million en 1933) touchent une part grandissante de la population. L’observation de l’usage de la radio aux fins de propagande par le régime nazi en Allemagne et le durcissement des affrontements politiques en France ne sont pas étrangers à cette reprise en main : la radio divertit, informe, mais elle apparaît aussi comme un éventuel outil de contrôle de l’opinion. Avec la « guerre des ondes « durant la seconde guerre mondiale, la radio prend une place toute autre, puisqu’elle est l’arme de la France Libre (appel du Général de Gaulle par l’intermédiaire de la BBC). Après la Libération, l’ordonnance du 23 mars 1945 révoque toutes les autorisations accordées aux radios privées et rétablit le monopole absolu de l’État. La place de la radio dans la vie de français aujourd’hui a évoluée. Elle n’est plus leur média favori, et l’émergence de chaînes musicales parallèlement à la diffusion massive de l’information à la télévision a poussé les français à l’écouter plus par loisir que par désir de s’informer. Les chaînes sont très nombreuses, diversifiées, et les chaînes d’information sont très nombreuses et évoquent un panel large de l’opinion  (RMC info – Europe 1 – France inter par exemple). Aujourd’hui la radio fait réellement partie du quotidien des français, puisque sans s’en rendre compte, il est confrontée à elle tout au long de sa journée : voiture, salles d’attentes, restaurants, entreprises…Ainsi il peut être confronté à l’information de manière continue.

Dès l’apparition de la télévision dans les années trente, son histoire en France fût très politique : modifié au gré de l’alternance gouvernementale, son statut reste en effet un statut de monopole étatique jusqu’en 1983. Depuis cette date, l’avènement d’une logique commerciale privée et de concurrence accrue, conjuguée aux progrès techniques et à la diversification de l’offre (câble, satellite), a profondément transformé l’univers télévisuel. Dès 1945, à l’heure d’une radio toute-puissante, il est décidé de poursuivre les recherches sur la technique de la haute définition, susceptible d’améliorer la qualité de l’image. Aussi, outre que la télévision souffre de vivre sur un budget annexe de la radio et que les infrastructures sont longues à se mettre en place, cette absence de perspectives d’exportation de la technique française accroît le prix de vente des récepteurs, ce qui entrave l’expansion de l’équipement des ménages : en 1950, il n’y a en France que 3 000 récepteurs et 10% du territoire est couvert par les relais. La charnière des années 1950-1960 marque vraiment le début de l’entrée dans « l’ère télévisuelle « : le parc de téléviseurs augmente (1,4 million de récepteurs en 1959, 11 millions en 1970) et les programmes ne cessent de se moderniser.  À la charnière des années 1960-1970, l’histoire de la télévision s’accélère. Le 21 juillet 1969, la retransmission en direct des premiers pas sur la Lune est un événement suivi par plus de six cents millions de téléspectateurs dans le monde. Cette retransmission symbolise l’entrée dans l’ère de la télévision de masse. En moins de trente ans, la télévision a donc vécu une révolution politique, technique, industrielle, économique, et culturelle enfin. Les téléspectateurs sont toujours aussi nombreux, et suivent le 20heures avec toujours autant d’attention. Il existe à la télévision des chaînes exclusivement d’information, telles que LCI, I-tv etc. … Il n’y a plus qu’un seul journal d’information par jour puisque l’on a à présent le journal du matin, de 13h, de 20h, de la Nuit, sans compter les éditions spéciales et les émissions d’informations sur toutes les chaînes. Les français accordent une grande place à la télévision, puisqu’ils la regardent entre 4 et 7h par jour, et les pics d’audience sont dès 20h le soir, donc au moment des journaux d’information. Cependant, depuis la création et la démocratisation de l’accès à Internet, la télévision semble perdre son monopole.

 

Internet est un réseau télématique international d’origine américaine. Constituant à ce jour le plus grand réseau du monde, Internet est accessible aux professionnels comme aux particuliers. Depuis la fin des années 1990, la plupart des quotidiens comme The New York Times et les périodiques ont développé leur site Web afin de promouvoir sur Internet leur contenu éditorial. En outre, ces journaux et magazines en ligne offrent de nombreux services non disponibles en kiosques, dont certains sont gratuits (dépêches, les cours de la Bourse en direct, etc.) et d'autres payants (comme les archives). Les connexions Internet sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus accessibles (gratuites dans certaines bibliothèques, dans les écoles, au bureau…) et les sites d’informations fleurissent. La plupart des journaux ont maintenant une édition Internet, par laquelle il est possible de s’abonner à des tarifs moindres que pour les formats papiers. De plus, même sans s’abonner, les grands articles de chaque quotidien sont disponibles gratuitement et avec des remises à jour très fréquentes. Ainsi, sans avoir besoin d’aller acheter son journal, il nous est disponible chez nous. Une nouvelle donnée est à prendre en compte, c’est la création des blogs, des pages Internet crées par tout un chacun, sur laquelle il peut écrire, faire partager ses opinions, ses images et ses centres d’intérêt. Comment ne pas les prendre en considération quand les candidats à l’élection présidentielle eux même en ont un ? Ainsi, l’information prend un essor considérable, puisque n’importe lequel d’entre nous peut rédiger des articles, et les faire partager. En ce qui concerne l’image, elle est devenue plus qu’accessible, même à son format vidéo, puisque de nouvelles sortes de sites on fait leur apparition : ce sont des sites comme U -  Tube, ou Dailymotion, où l’on peut envoyer sur Internet ses propres vidéos. Et c’est ainsi qu’est apparu une nouvelle forme de journalisme, ou du moins de partage de l’information, puisque les gens présents sur le terrain lors d’événements se servent de leurs appareils mobiles pour enregistrer les scènes et les fournir, soit aux groupes de presse, soit directement sur le net. Ainsi en a-t-il été des événements du 11 Septembre, du tsunami de 2003, des attentas en Irak, ou plus récemment, des déclarations des la candidate Royale en ce qui concerne les professeurs, qui a été diffusée sur un blog. L’information a changé de style, et elle est devenue populaire. Les gens la créent, les gens la regardent. Il est fini le temps des reporters, puisque maintenant, avec les nouvelles technologies, tout le monde peut s’improviser journaliste. L’un des avantages d’Internet, est que l’on peut y faire des recherches spécifiques. Il est fini le temps où il fallait attendre que le journaliste parle du sujet qui a tout notre intérêt. Aujourd’hui sur le net, il est possible de faire une recherche sur le sujet en question, et des centaines de pages s’ouvrent, exprimant des opinions diverses, analysées dans des cadres diverses. On choisit son information, on la trie sur le volet, on profite de sa gratuité, de son accessibilité.

 

Ainsi, les médias sont très diversifiés, et participent tous de manière complémentaire à la création d’un réseau d’information énorme, très accessible. Si les différents moyens de communications se concurrencent entre eux, c’est pour laisser aujourd’hui la primauté à Internet, qui s’étend tant sur le domaine du loisir que de l’information. En quantité, nous sommes donc vraiment très bien informés. L’information nous entoure sans que nous ayons à aller la chercher, elle vient à nous sans un effort, pleine de diversité, et de plus en plus agréable à lire, voir, entendre. Cependant, c’est cette grande ouverture et disponibilité de l’information qui nous permet d’énoncer une critique. Oui en quantité nous sommes suffisamment informés, mais le terme « bien « du sujet doit sûrement être envisagé autrement. La qualité devrait primer sur la quantité.

 

Devenue une marchandise, un produit de consommation, l’information perd son essence. On accorde une place très importante aux aspects techniques, aux lois du marché, à la concurrence, aux innovations et à l’audience,  mais une  attention insuffisante aux aspects humains. Ainsi devenue un marché, le domaine de l’information veut vendre, on assiste à  un changement de l’essence du métier de journaliste, avec l’émergence de nouvelles règles médiatiques, et un nouveau mal dans le domaine des médias : la nécessité économique, et l’orientation politique.

 

La « surinformation « est un danger.  Nous subissons une surinformation qui entraîne une sous information et donc une désinformation. Des multitudes d’informations diverses sont mises sur un même plan en désordre et, sans aucune hiérarchie, ceci créé un effet de « brouillage «. Par exemple,  quelques secondes d’informations sur les mobilisations sociales d’une très grande ampleur qui traversent actuellement le pays sont mélangées avec plusieurs minutes sur des catastrophes naturelles (orages, inondations) ou des faits divers sans aucun lendemain. Des problèmes sérieux sont traités comme des faits divers, le sujet des mobilisations sociales est abordé par le biais des « micros trottoirs « : des gens sont interviewés dans la rue pendant quelques secondes. Ainsi, concernant les mobilisations sociales nous apprenons qu’il y a des gens mécontents avec les grèves des transports et qu’il y a des enseignants en colères .... Pendant la guerre contre l’Irak, TF1 fait une émission de plusieurs heures pour dire que des bombes tombent sur Bagdad, que Sadam Hussein est visé, qu’il est peut-être mort mais peut-être pas. Ici, ce n’est que du remplissage d’information, juste en plaçant des images, pour faire de l’Audimat.  Les journalistes ne sont plus des journalistes. La quête et la diffusion d’information est devenue une occupation pratiquée, dans chaque pays, par des milliers de personnes comme nous l’avons vu avec le développement d’Internet. Les écoles de journalisme se sont multipliées. Le métier est  devenue une carrière, alors qu’avant il était une mission, c’est plus devenu un  hobby. Les nouvelles technologies ont transformées les relations entre les reporters et leurs chefs, le reporteur soumis à ce dernier n’est qu’un simple pion. Le chef  qui dispose d’informations sur le sujet sur lequel il envoie son reporter peut avoir sa propre appréciation des faits, et elle est souvent différente de l’événement que le reporter constate sur place. Le chef attend juste une confirmation de ce qu’il pense, et le rôle du journaliste est de venir apporter les preuves de ce que le chef avance. Paradoxalement à cette dégradation du métier de journaliste, on voit que l’accès au métier est devenu plus difficile, dans le sens où de nos jours, le métier de journaliste devient une voie sans avenir, car les débouchés sont rares. Aujourd’hui, moins de 20% des gens sortant d’une école de journalisme peuvent avoir un vrai métier stable, nombre d’entre eux deviennent pigistes. Les écoles de journalisme fleurissent, mais les vraies bonnes écoles sont peu nombreuses, coûteuses, et difficiles d’accès. Nous sommes loin de l’image du reporter Tintin qui parcourt le monde avec une nouvelle mission à chaque fois. Là il s’agit de venir confirmer les attentes de l’opinion publique, pour faire vendre.

 

C’est là qu’intervient un second argument. Si l’information est une marchandise, sa  vente et sa diffusion peuvent rapporter d’importants profits. Comme on l’a vu, les journalistes idéalistes sont remplacées  par des hommes d’affaire. Et ces mêmes journalistes cessent d’être soumis aux critères de la vérification traditionnelle, de l’authenticité ou de l’erreur. Si l’on se réfère à la « Charte des devoirs professionnels des journalistes français «, un journaliste digne de ce nom « prend la responsabilité de tous ses écrits, même anonymes, […] tient la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles […] «. Ces règles de déontologie du métier journalistique paraissent peut être altérées aujourd’hui. Cyril Lelieux tente de répondre à ces questions dans son ouvrage Mauvaise presse, une sociologie du journalisme. Il traite des règles qui font d’un journaliste un bon journaliste : parmi elles, la règle de « non dépassement par la concurrence «. Cette règle consiste à s’assurer que l’on est le premier sur le scoop, que les images que l’on a seront les plus attractives, et que ce seront celles qui feront vendre. Il qualifie ce type d’information, de recherche de la meilleure information, de « sexy punchy «, c’est-à-dire, celle qui attirera le téléspectateur. Mais être à la pointe de l’information, c’est être sous pression des chefs, et donc risquer des erreurs de jugement, et surtout, ne pas respecter les faits. C’est ce qui pousse aux erreurs dans l’analyse des conflits à l’étranger notamment. Ainsi en est-il par exemple du conflit Israélo-palestinien, avec l’affaire de la photo du petit Palestinien, mort dans les bras de son père, cachés derrière un mur entre les tirs des deux camps. Les images sont arrivées en France par l’intermédiaire de l’envoyé spécial Charles Enderlin, et elles ont fait le tour de la presse écrite, des images télévisées, d’Internet … Selon les sources françaises, la balla était une balle israélienne. Les conséquences de cette information ont été un regain de l’antisionisme, et bien plus grave, une reprise des violences sur le terrain, dans le conflit. Cependant, des enquêtes récentes ont démontrées que la balle était une balle perdue palestinienne. Mais avouer une erreur pareille était de mauvaise presse pour la chaîne et le journaliste, qui a néanmoins présenté des excuses. Ainsi la pression qui pèse, à cause de la concurrence, pousse les journalistes à commettre des erreurs et à exagérer les faits, à les déformer, et parfois même à en créer.  Ceci va de pair avec ce que l’on appelle « l’effet boule de neige «, le mimétisme journalistique, qui consiste à reprendre les informations que l’on entend d’autres journalistes, en se les réappropriant.

 

Le dernier argument qui serait une preuve de la désinformation en France s’explique par l’existence des monopoles médiatiques. On reproche souvent aux médias, et peut-être à juste titre, d’être orientés. Ainsi, a-t-on pris l’habitude de rapprocher TF1, chaîne du privé, du libéralisme et de la droite, ou encore les chaînes du secteur public comme France 2 d’être plus orientées à gauche. Il en va de même pour la presse, où les différences d’opinion sont notables entre Marianne, le Point, le Nouvel Observateur ou encore les Echos. On peut assurer que les médias français sont orientés, dans leur manière d’envisager l’international, les Etats-Unis par exemple, les autres pays d’Europe. Un conflit extérieur ne sera pas traité et envisagé de la même manière par les chaînes d’information si le gouvernement français y apporte son soutien ou non. Comme l’avoue Patrick Poivre d’Arvor, journaliste au 20h sur TF1, « nous nous devons de donner une image lisse du monde «. …De plus, selon les périodes, l’information concernant le territoire national est envisagé différemment.  On reproche encore aux journalistes la manière dont ils ont exploités le thème de l’insécurité avant les élections de 2002. Selon de nombreux sociologues, c’est cette surexploitation de l’insécurité à une période clef qui aurait donné la possibilité à l’extrême droite d’atteindre des scores pareils. Ainsi les médias ont un rôle et un impact très important sur la vision que les gens ont de leurs pays, ou de l’étranger. Les médias deviennent une arme, et la désinformation un moyen de les faire agir. L’information n’est plus donnée brute, laissant à celui qui l’écoute ou la lit la possibilité de se faire son propre avis. Aujourd’hui, la manière dont est traitée l’image, le son, les citations qui sont introduites n’est pas anodine. Tout est monté pour rendre l’information attrayante, et pour traduire une certaine opinion. Nous sommes donc très influencés par les informations, qui ne sont jamais totalement neutres. Le fait d’être soumis à des causes économiques et politiques les oblige à biaiser leurs sujets, et à les rendre acceptables par des autorités plus hautes. On peut citer ici les critiques que R Debray adresse à la télévision, dans un rapport « télévision et démocratie «.  Il s’emploie à contrer les arguments qui font de la télévision un outil de perception du réel. Les arguments sont les suivants : Les débats télévisés remédieraient à la destruction du lien social, dans un rapport non élitiste et de vulgarisation du discours. Les informations sur l’étranger permettraient une ouverture sur le monde. La télévision, enfin montre la réalité. Pour R Debray, la télévision a développé dès les années 50 la communication politique, et est devenue un produit publicitaire, le message politique est  subordonné à la manière dont le média le traite. De plus, l’apparente ouverture sur l’étranger n’est qu’illusion. Cette ouverture est réduite, et elle n’informe que dans la mesure ou ceci coïncide avec les intérêts des dirigeants. Certes, il y a plus d’images, et on est confronté à l’image de l’extérieur, mais ces images sont choisies et bien triées. Enfin, si pour beaucoup la télévision montre la réalité, elle ne serait en fait qu’un regard, une remise en forme de ce qu’elle est vraiment. En effet, comment l’image pourrait-elle être une véritable reproduction du réel ? Tout dépend de l’angle, du moment, ce n’est qu’un instantané, ce n’est pas le réel.

 

En conclusion, nous sommes en mesure d’apprécier une grande quantité d’information, que ce soit par le biais de la presse écrite, de la télévision, de la radio, ou encore d’internet. Les sources d’information sont de plus en plus accessibles, l’accès à l’information se démocratise et s’ouvre a de plus en plus de classes dans la société, pour ne plus être réservée qu’à l’élite. Mais cette surinformation a tendance à créer une désinformation, pour les raisons exposées plus tôt. « Trop d’info, tue l’info « et conduit à un brouillage médiatique. Les journalistes ne sont plus des journalistes, ils se contentent de venir confirmer les vues des grands patrons et décideurs des monopoles d’information. Les nouvelles règles journalistiques créent un climat de pression autour du monde de l’information, ce qui pousse les reporters ou rédacteurs à privilégier le scoop à la véracité des sources, et à ne pas hésiter à modifier ou créer des faits. Tout ceci mêlé avec la manipulation que nous font subir les médias débouchent sur une désinformation qui devient même un danger, puisqu’elle peut entraîner des réactions pourquoi pas destructrices pour une société (l’exemple de la crise des banlieues en est le témoin avec la multiplication du mimétisme, l’exploitation du conflit israélo-palestinien par les média relié avec les regains d’antisémitisme en France,  ou encore comment on arrive à créer une véritable peur des étrangers, et ainsi remettre l’immigration en question). Cependant, notre sort parait bien enviable lorsque l’on envisage la question de l’étranger. Les gros événements sont diffusés massivement, mais ils ne sont regardés que tout au plus par 10, voire 20% de l’humanité. Certes ce sont des chiffres impressionnants, mais  cela est loin de concerner toute l’humanité. Et que dire des Etats-Unis ? L’audience des journaux TV des trois principales chaînes américaines est tombée de 60% à 38% du total des téléspectateurs. Et dans ces journaux seuls 5% des sujets sont consacrés à l’étranger. Pour en revenir au reste de l’humanité qui n’est même pas informé, comme l’écrit à juste titre R. Kapuscinski, « une grande partie de l’humanité vit encore hors de l’influence des médias et n’a nulle raison  de s’inquiéter des manipulations médiatiques éventuelles ou de la mauvaise influence des médias de masse «.

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