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Sommes nous conscient ou avons nous à le devenir ?

Publié le 22/02/2012

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Nous avons souligné plus haut que la conscience consistait non pas en une simple réceptivité sensorielle mais surtout en un dédoublement réflexif. Or n'est-ce pas le langage qui nous permet de prendre ce recul par rapport à ce que nous ressentons? Percevoir, avons-nous dit, consiste toujours à reconnaître un objet. Mais qu'est-ce que reconnaître si ce n'est être en mesure de nommer ou d'articuler verbalement ce qui est perçu?

« B.

Le monde est construitC'est donc une illusion de croire que le monde dont nous avons conscience existe par lui-même et se révèleseulement à nous par l'intermédiaire de nos sens.

Tous les objets de ce monde, tout ce qui le compose, lesévénements, les personnes, les choses, etc., sont construits par le langage.

Le verbe n'est pas miroir, il estcréateur.

Une fleur, par exemple, n'est pas un objet en soi, existant par elle-même, indépendamment du regard quise pose sur elle et que la vue ne ferait que découvrir.

Deux individus ayant les mêmes yeux verront deux fleursdifférentes: si l'un est botaniste, il y distinguera une richesse de détails qui n'existeront pas pour l'autre qui n'y verrapeut-être qu'une composition de couleurs et un mélange d'odeurs.

L'idée d'une fleur absolue, qui existerait en elle-même au-delà de ce que les sens et l'intelligence des hommes peuvent en saisir, n'est qu'une fiction.

Si cette fleurabsolue devait exister pour un point de vue divin, elle resterait irrémédiablement étrangère au monde humain: Dieuseul en aurait la conscience.

Les objets dont nous avons conscience sont, eux, tous découpés par le langage dansla trame continue de nos impressions sensibles.

La conscience est lecture, déchiffrage, interprétation. C.

Le travail de la prise de conscienceNous ne sommes donc pas conscients par nature; nous le devenons à mesure que notre vie intérieure est prise encharge par le langage.

L'enfance est le temps non de la découverte mais plus radicalement de la naissance dumonde.

Mais ce monde dont nous avons conscience n'est pas construit une fois pour toutes.

Il s'enrichit à mesureque se complexifie la manière dont on en parle.

Plus la pensée s'affine, plus la perception se précise.

L'histoire dessciences offre de nombreux exemples de la manière dont de nouveaux concepts changent les objets du monde.Aujourd'hui, le gaz paraît être une chose courante, d'utilisation quotidienne.

On l'allume, on l'éteint; on sait qu'il peutexploser.

Pourtant, jusqu'à la naissance de la chimie, avec Lavoisier, le «gaz» n'existait pas; on parlait de«vapeurs», d'«airs» plus ou moins subtils, plus ou moins purs.

L'objet «gaz» est apparu à partir du moment où le mota été créé dans une théorie précisant son sens exact (corps se présentant à l'état de fluide expansible etcompressible dans les conditions de pression et de température normales) et exposant ses propriétés.

La manièredont les hommes prennent conscience du monde est donc fonction de la manière dont ils le pensent.

La conscienceest bien le produit d'une élaboration, d'un travail: il faut s'acheminer vers une certaine manière de concevoir leschoses pour pouvoir remarquer, constater ces choses.

La prise de conscience peut être subite ou progressive: ellepeut être l'effet saisissant d'une innovation révolutionnaire (songeons à la révolution intellectuelle accomplie parl'invention marxiste de la notion d'« exploitation» qui a rendu possible la prise de conscience prolétarienne) ou bien leproduit d'une longue gestation (il a fallu du temps aux hommes pour admettre la vision du monde induite par lesacquis de Copernic, Darwin, Freud...).

Le monde ne paraît clair, évident et indépendant de nous qu'à celui qui estinstallé dans un système interprétatif que rien encore n'est venu mettre en crise.Nous venons de nous demander quelle était l'origine de la conscience, si elle était une fonction naturelle ou bien uneacquisition culturelle, structurée par le langage.

Mais la conscience ne se réduit pas au rapport réflexif à soi ou aumonde.

Elle n'est pas seulement relation à ce qui est mais aussi rapport à ce qui doit être.

La conscience dite«morale» nous ouvre non pas sur un univers d'«objets», formant un monde, mais sur un ensemble de valeurs et denormes.

3.

Le devoir de prendre conscience Cette remarque conduit à approfondir notre lecture du sujet dans deux directions.

II convient en effet des'interroger sur l'origine naturelle ou culturelle de la conscience morale; puis, surtout, de se demander si la prise deconscience du monde n'est pas un devoir pour l'homme. A.

Le problème de l'origine de la conscience morale On distingue en général aisément le sens moral de la conscience psychologique.

Une chose est de s'ouvrir sur lemonde, de prendre conscience de ce qui s'y passe; autre chose est d'envisager ce qu'il faudrait qu'il soit, de leconsidérer sous l'angle du bien et du mal.

La conscience morale est communément conçue comme l'intériorisation devaleurs transmises socialement.

L'inconvénient de cette opinion est qu'elle postule un processus d'intériorisation quirenferme l'essentiel du problème.

Une véritable explication de la morale consisterait précisément à rendre compte dufait que la contrainte sociale, parentale par exemple, parvienne à se muer en un sentiment d'obligation, en uneobéissance spontanée aux normes.

Car on peut comprendre que la pression sociale, à elle seule, puisse susciter lacrainte et l'obéissance par prudence mais pas le sentiment du devoir.

Alors faut-il voir dans le sens moral unedisposition innée? une dimension inscrite dans la nature humaine?Le problème sera peut-être résolu en approfondissant l'analyse du sujet.

II peut être précieux pour cela de suivreles usages de la langue.

On distingue communément, nous l'avons rappelé, la conscience morale de la consciencepsychologique.

Pourtant, en n'offrant qu'un seul mot pour désigner ces deux dimensions de l'existence humaine, lelangage semble nous indiquer l'existence d'une affinité entre elles. B.

L'unité de la conscience On qualifie souvent d'« inconscient» quelqu'un qui agit de manière irresponsable.

La conscience est alors considéréecomme la qualité du sujet capable de répondre de ses actes, de les justifier devant autrui.

On pourrait alors soutenirque l'acte moral est celui qui peut s'accomplir au vu et au su des autres, l'acte dont la conscience pourrait êtrepartagée par autrui sans entrer en conflit avec lui.

Ainsi, à sa façon, par ses valeurs, la conscience morale donnesens et cohérence à l'action des hommes.

La réflexion éthique ne porte donc pas sur un autre monde que celui dont. »

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