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Les Sonnets Encomiastiques De Du Bellay

Publié le 16/10/2010

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L’éloge dans les sonnets 164 à 191 DES REGRETS PLAN Introduction : La signification de l’éloge dans Les Regrets: A. Définition de l’éloge B. L’éloge du « Créateur » et la place de la Religion dans Les regrets C. Une éloge nouvelle pour une poésie nouvelle: une visée singulière Hommage aux Grands Hommes A. Les amis et artistes contemporains du poète ( sonnets 164 à 169 ) D’Avanson et Magny Ronsard Poulin Michel de L’Hospital B. Les personnalités Royales ( sonnets 170 à 173) Marie Stuart Catherine de Médicis Le Dauphin François Jeanne D’Albret C. La figure élogieuse d’une femme ou le cycle de Marguerite ( sonnets 174 à190) D. Suprême éloge: représentation d’Henri II ( sonnet 191) Introduction : « Là où le regret déplore la dépossession et la perte d’être, l’éloge célèbre la restauration dans l’être. […] Celui qui chante le regret dit enfin la plénitude… » . C’est par ces mots qu’Albert Py décrit l’espace poétique des Regrets. En effet, si l’ouverture du recueil tend vers un manque et une longue plainte de la part du poète depuis son arrivée à Rome, apparaît à partir du sonnet 155 et cela jusqu’à la fin, l’éloge destinée à différentes personnalités de son entourage. Le recueil s’inscrit dans une période historique déchirée entre deux visions. L’une culturelle, concerne l’influence italienne importée en France sous François Ier et Henri II; l’autre politique, opposant ces deux hommes à une monarchie universelle souhaitée par Charles Quint. Alors que Joachim Du Bellay publie les Regrets en 1558, l’année suivante Henri II meurt tragiquement entraînant le début des guerres de Religion. Du Bellay accorde une place primordiale à l’éloge dans ses sonnets en offrant un souffle moderne à la poésie de son temps. Ses multiples louanges sont destinées , en crescendo, aux figures qu’il considère importantes, selon leur niveau social. C’est pour cette raison que les Regrets se concluent par un poème encomiastique dédié à Henri II. Personnalité à laquelle, Du Bellay a déjà rendu hommage dans son ½uvre : Les Antiquités de Rome. Par conséquent, nous nous sommes interrogées sur cette problématique: En quoi dans Les Regrets l’éloge a-t-elle une visée singulière et s’intensifie au fur et à mesure par une poésie encomiastique? I) La significations de l’éloge dans les Regrets A) Dans un dictionnaire de la langue française, le sens du mot éloge se définit par : « Paroles écrites à la louange de quelqu’un , de quelque chose. » Cette signification s’accorde à celle donnée par Du Bellay. On la remarque à travers un vocabulaire riche et des champs lexicaux liés aux diverses louanges faites par le poète. Tout d’abord, nous pouvons observer l’abondance de l’utilisation du mot « vertu » dans la grande majorité des poèmes. Ce mot sert à renforcer les qualités morales des personnes louées par le poète. Ainsi, il s’efforce de montrer ce qu’il y a de meilleur chez ces Hommes. Parfois, il n’hésite pas à utiliser ce terme plusieurs fois dans le même sonnet. Les poèmes 165 et 166 en sont l’exemple: S. 165 à « Quelque plus grand vertu, je chanterai sa grâce (…) Ne diront un plus sage et vertueux que lui » S. 166 à « Si faut il toutefois que Bellay s’évertue, Aussi bien que la mer, de bruire ta vertu » Ce n’est pas pour rien si Du Bellay, souligne à deux reprises la nature immortelle de la vertu : S.27 à «  Et la vraye vertu, qui seule est immortelle » S.177 à « Si la vertu, qui est de nature immortelle » Par la suite, divers champs lexicaux s’entremêlent dans la totalité des sonnets. On en relève trois principaux : celui de l’honneur, de la courtoisie et de l’esprit sain. Le vocabulaire employé pour l’honneur est lié à la gloire, à la dignité , au courage : S. 170 à « Tant de royal honneur et de royal grâce » S. 189 à «  Je veux de la vertu les honneurs raconter » De ce champ lexical découle une volonté de la part de Du Bellay de juger dignes de cet honneur les destinataires de ses louanges. L’honneur et la grandeur des Hommes évoqués dans les poèmes s’attachent à intensifier les qualités du pouvoir royal. Dans la continuité de ce champ lexical apparaît celui de la courtoisie : S. 171 à « la courtoise douceur, la bonté charitable » Il n’est pas étonnant que ce poème soit consacré à Catherine de Médicis , femme d’Henri II et reine de France. La place laissée par Du Bellay à l’esprit et au savoir est tout aussi considérable: S. 170 à « Tant de beautés d’esprit et de beautés de face » Une nouvelle fois, c’est un poème dédié à une personnalité royale: Marie Stuart, reine d’Ecosse à laquelle Du Bellay vante les qualités intellectuelles. B) La valeur de la religion semble s’imposer ici comme une évidence. En effet, Du Bellay évoque à plusieurs reprises la louange du Créateur comme nous pouvons déjà le voir au sonnet 174 où le poète crée un hymne d’invocation, ainsi que dans le sonnet 181 qui renvoie à un hymne de célébration. Ces deux hymnes implosent dans le sonnet 176 tout entier, dédié à Marguerite: Toutefois, le sonnet 178 marque nettement plus la louange du Créateur. Du Bellay semble penser qu’en louant les créatures de Dieu, c’est-à-dire les humains, il rend hommage au Seigneur lui-même qu’il nomme l’ouvrier : « Car en donnant de tout la gloire au Créateur, Il loue l’ouvrier même, en louant son ouvrage. »  Les personnalités royales étant choisies par Dieu lui-même, il n’est guère surprenant que le poète confère une tonalité religieuse aux poèmes qui leur sont dédiés. L’apogée de cette tonalité se constate dans le dernier sonnet du recueil destiné à Henri II qui est le plus grand du royaume après Dieu. « Car rien n’est après Dieu si grand qu’un roi de France »; et qui donne à Henri II le pouvoir de métamorphose bénéfique sur Du Bellay: (S. 191) « Elargissez encor sur moi votre pouvoir, Sur moi, qui ne suis rien: afin de faire voir Que de rien un grand roi peut faire quelque chose » Ici il est bon de souligner que par ce rien, Du Bellay se désigne lui-même. De plus, on constate que le vocabulaire de la « lumière » progresse et ce depuis le sonnet 170. C’est une véritable ascension vers un idéal de lumière, qui n’est ps sans rappeler l’ascension de Jésus au Ciel. Elle est marquée par le nombre accru des mots « ciel - Dieu ». C) En allant à Rome, Du Bellay trouve une poésie ancienne et qui ne le passionne pas; comme on peut l’observer dans le sonnet 181, strophe 2 dans lequel l’évidence du temps qui passe ressurgit à travers ses vers. Dans les Regrets, le poète fait le choix de créer une éloge nouvelle à partir des racines de l’ancienne tout en la détournant à sa manière. On peut le voir dans le sonnet 182, où il explique sa vision des louanges: « Je ne suis pas de ceux qui robent la louange, Fraudant indignement les hommes de valeur, Ou qui, changeant la noire à la blanche couleur, Savent, comme l’ont dit, faire d’un diable d’un ange. » Il apparaît ici nettement que le poète ne ferait pas les louanges même de haute descendance, d’un être humain qui aurait accompli de mauvaises choses. Ce sonnet marque par la même occasion le désintérêt et le dédain de la faveur de Du Bellay vis-à-vis de ses destinataires. Son éloge a un but précis lorsque par exemple elle est adressée à ceux qui ont en charge le Royaume de France, puisque le poète y recherche un souhait de paix et de prospérité universelles. En se mettant au service de la monarchie avec l’outil de l’éloge, Du Bellay instaure un pacte presque sous entendu, basé sur l’échange et l’égalité. De ce fait, grâce à son éloge moderne et engagée il souhaite voir son but se concrétiser II) Hommage aux Grands Hommes Dans les Regrets , Du Bellay met en scène une véritable galerie de portraits élogieux; que ce soit des écrivains, amis, ses protecteurs ou des personnes royales. Ce projet lui a été inspiré par deux grands modèles italiens : Paolo Giovio et Janus Vitalis. Ce dernier s’est d’ailleurs, lui-même, inspiré des éloges dites « portraits » de l’historien Giovo. Son imitation lui permet d’accéder au titre de « poète-peintre des éloges ». A la manière de ces deux hommes, Du Bellay se donne la possibilité d’atteindre son but : réussir des hommages encomiastiques. En suivant l’ordre d’apparitions des sonnets dans le recueil, il s’avère que le poète propose une organisation précise en crescendo selon le niveau social de chacune des personnalités louées. Nous avons choisis d’exposer cette galerie de portraits à la manière de Du Bellay. A. Les amis et artistes contemporains du poète ( sonnets 164 à 169 ) 1) D’Avanson et Magny L’ouverture des sonnets élogieux se caractérise par un hommage dédié à deux figures importantes dans la vie de Du Bellay : D’Avanson et Magny. Olivier de Magny, auteur des Soupirs, a écrit des sonnets qui sont liés aux Regrets voire adressés à Joachim Du Bellay. C’est un poète français et secrétaire de d’Avanson que Du Bellay rencontra pendant son séjour à Rome avec qui il se lia d‘amitié. Il est comme ce dernier peu séduit par la cour italienne, et a composé en tant que disciple de Ronsard une multitude de sonnets. Ces deux hommes créèrent un véritable dialogue poétique entre eux. Il est également sous la protection de D’Avanson. Jean de Saint-Marcel de son nom complet, le seigneur d’Avanson fut membre du Conseil Privé et d’une grande influence auprès du roi accordant un privilège aux Regrets dès mars 1557. Ambassadeur auprès du Saint-Siège, il fut sous la protection de Marguerite de France tout comme le fut Du Bellay et Ronsard. L’hommage aux deux artistes a une présence très forte aux sonnets 164 et 165: S164 : «  Combien que ton Magny est la plume si bonne » : « Je dirais ta bonté, ta justice et ta foi  Et mille autres vertus qui reluisent en toi » S165 : « Quand je voudrai sonner de mon plus grand Avanson » «  […] je chanterai sa grâce » «  […] je sonnerai sa gloire » « Ne diront un plus sage et plus vertueux que lui » Nous pouvons ajouter que D’Avanson est le dédicataire des Regrets, cela nous montre l’importance de ce seigneur aux yeux du poète. Comme dans une introduction, le poète annonce au lecteur sa mélancolie causée par son exil à Rome. Toutefois, il choisit de la dédier sous la forme d’un poème à son ami d’Avanson de façon honorable. 2 ) Ronsard Ronsard est une personnalité des Regrets qu’on l’on aperçoit du début jusqu’à la fin du recueil. Tant tôt, présent dans les poèmes de plainte, Du Bellay, envieux de sa place auprès de Marguerite mais reconnait sa valeur d’homme aux sonnets 164 et 181. Dans le premier poème, le poète considère D’Avanson comme « digne qu’un seul Ronsard » . Cette citation de l’un des fondateurs de la Pléiade prouve l’estime que Du Bellay lui porte. Il s’adressera aussi à lui , dans le sonnet 181, décrivant une Rome antique appréciée mais qui ne surpasse pas une place précieuse auprès de Marguerite. S181 à « Mais je n’ y ai point vu encore si grand chose Que cette Marguerite, … » 3) Poulin et Michel de L’Hospital Tout d’abord protégé de Guillaume Du Bellay, « Poulin » ou Antoine Escalin fut amiral et protagoniste des évènements militaires de 1556 à 1557 . Il rapatria une partie de l’armée de François de Guise après la défaite de St Quentin. Au sonnet 166, Du Bellay s’ étend à décrire la vertu de l’homme qu’il surnomme Poulin et qu’il tutoie marquant ainsi leur amitié fidèle et loyale. Le mot «  vertu » apparaît trois fois et souligne son courage et sa grandeur tel la quête de Jason et la toison d’or. S166 à «  Je dirai que tu es le Tiphys du Jason   Qui doit par ton moyen conquérir la toison .. » Poulin est la vertu même, il devient au XVIème siècle, une réelle incarnation de toutes les vertus antiques. Il y a un champ lexical de la navigation rappelant les événements militaires auxquels a participé Poulin. Protecteur des poètes de la Pléiade et dévoué à Marguerite , Michel de L’Hospital travailla avec Du Bellay sur la traduction de ses vers latins. Il est avant tout un symbole de tolérance, qui essaya une réconciliation pour stopper les guerres de religion. C’est pour cette raison, que Du Bellay lui consacre un sonnet tout entier: S. 167 à « Si je voulais louer ton savoir, ta prudence, Ta vertu, ton bonté, et ce qu’est vraiment tien, A tes perfections je n’ajouterais rien » B. Les personnalités Royales ( sonnets 170 à 173) 1) Marie Stuart A partir du sonnet 170, Du Bellay consacre ses portraits encomiastiques à des personnalités royales. De là, l ‘éloge prend une toute autre forme. Le premier sonnet est consacré à un portrait très élogieux de Marie Stuart, reine d’Ecosse et reine de France, épouse de François II, Fils d’ Henri II et de Catherine de Médicis. La structure du poème est dominée par plusieurs anaphores . à V 1-5 « Ce n’est pas sans propos » à V 2-3 « Tant de » à V9-12 « Ils veulent que par vous » Par l’utilisation de cette figure de style, Du Bellay, intensifie l’éloge qu’il fait des qualités de Marie Stuart. Il dévoile une femme aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur, tout en soulignant avec élégance son haut rang. S170 à « Tant de beautés d’esprit et de beautés de face, Tant de royal honneur et de royal grâce » Ces deux vers sont indissociables l’un de l’autre, comme si la valeur physique, morale et sociale renvoyait à une perfection idéale de la femme. On peut percevoir ce poème comme pour la remercier d’être une messagère de la paix entre la France et l’ Angleterre. Cette idée de paix est héréditaire par le père de son mari, Henri II. 2) Catherine de Médicis Reine de France et Régente, épouse d’Henri II, Catherine de Médicis était partisane de la tolérance civile et a de nombreuses fois tenté une politique de conciliation entre les guerres de religions. Dans le sonnet 171, le poète privilégie les qualités morales qui lui paraissent essentielles pour l’ instauration de la paix. La louange de cette femme se fonde d’abord sur son «  haut nom ». Toutefois, le sonnet oblige à limiter l’éloge à quelques éléments car il est construit dans une forme brève. C’est donc naturel que Du Bellay distingue les valeurs morales qui lui semblent les plus vertueuses, c’est-à-dire : la justice , le courage, la tempérance, la liberté, la douceur, la paix, la sagesse … Par conséquent, le sonnet encomiastique se centre sur une ou deux qualités : S171 à «  La courtoise douceur, la bonté charitable » Catherine de Médicis est estimée par le poète telle une déesse et une « princesse » , que les voix de la raison et de la paix se font entendre jusqu’en Italie et dont il partage les idéaux. S171 à « Mais dis cela si haut, qu’ on l’entende à Florence. » 3) Le Dauphin François Nommé comme le « digne fils de Henri » par Du Bellay lui-même au sonnet 172 et époux de Marie Stuart, le poète voit en lui un nouvel espoir de paix. Le mot « vertu » se mêle au mythe d’ « Hercule » dans ce sonnet encomiastique, où il le considère comme un demi-dieu. Du Bellay fait une éloge par l’éloge et cela en utilisant l’hyperbole à bon escient pour créer un objet symbolique: S. 172 à « Deçà, Seigneur, deçà, où la vertu t’appelle, Hercule se fit dieu par la seule vertu » 4) Jeanne d’Albret Fille de Marguerite d’Angleterre, reine de Navarre, Jeanne III d’Albret a eu une mère poétesse qui a conquis Du Bellay comme il nous le fait remarquer dans le sonnet 173 où il met sur un pied d’égalité ces deux femmes de même lignée. S. 173 à « Sont les vôtres, Madame, et ces divins écrits Que mourant nous laissa la reine votre mère. » Il complimente la poésie des deux femmes en les estimant aux vers latins d’Homère, de Virgile et de César. Homère et Virgile sont cités trois fois chacun et la dernière strophe du sonnet démontre bien à quel point les « écrits navarrois » sont des vers encomiastiques. Il souligne que leurs écrits sont de valeur royale et honorable: S. 173 à « O poésie heureuse, et bine digne des rois, De te pouvoir vanter des écrits navarrois, Qui t’honorent trop plus qu’un Virgile ou Homère! » C. La figure élogieuse d’une femme ou le cycle de Marguerite ( sonnets 174 à190) La suite des sonnets s’intéresse exclusivement (excepté le sonnet 191) à la muse qu’est Marguerite de France aux yeux de Du Bellay. S½ur d’Henri II, elle est également protectrice du poète et elle symbolise la vertu et l’inspiration poétique . Surnommée « Pallas », elle est également protectrice des arts et des lettres, ce qui lui vaut une grande admiration de la part des artistes qui l’entourent. Au sonnet 174 , Du Bellay oppose ses sentiments négatifs envers Rome à la joie d’être aux côtés de celle qu’il honore. Le plus grand enfer vécu fut son absence auprès de Marguerite de France. Il considère cette séparation comme une « pénitence » et avoue que ses soucis disparaissent lorsqu’il se trouve en sa présence. S174 à « De ce pénible enfer, et par votre présence Réduit au premier point de sa divine essence, » Un peu plus loin, Du Bellay nous tisse le portrait de Marguerite qu’il admire pour ses vertus de femme et non pour son rang social. Dans le sonnet 175, il veut montrer que la lignée royale à laquelle Marguerite de France appartient, n’influe pas sur l’ immense et sincère éloge qu’il fait d’elle. S175 à «  Non pour ce qu’un grand roi ait été votre père » à vers 13 et 14 : «  Que quand vous ne seriez fille ni s½ur de roi, Si vous jugerait-on être ce que vous êtes. » L’inspiration divine ressentie grâce à sa muse, est évoquée aux sonnets 176 et 180. Dans ces sonnets, Du Bellay semble retrouver le goût de l’écriture. Marguerite est un second souffle pour le poète et c’est par l’éloge qu’il la remercie de cette faveur. S180 à « Qui est de notre siècle et la perle et la fleur, Je sens revivre en moi cette antique chaleur » Nous avons pu remarquer que les allusions mythologiques sont rares voire absentes dans les poèmes dédiés à Marguerite ; comme si elle était un sujet suffisant. La louange de Marguerite se fonde en partie sur son nom qui surpasse de loin ceux des personnages mythiques. Par conséquent, l’idée de la comparer à une déesse lui paraît inefficace et inutile. Le sonnet 178 annonce avec l’emploi du conditionnel une éloge renforcée par les termes d’ « adorer , de céleste ou déesse », qui se poursuivra jusqu’aux sonnets suivants. A partir du sonnet 184, l’éloge prend une nouvelle forme puisqu’elle se tourne vers la vertu de Marguerite liée au ciel.. S.185 à « J’avais, sans la connaître, admiré Marguerite, Comme, sans les connaître, on admire les cieux. » Au sonnet 186, il situe cependant toujours Dieu au dessus de Marguerite, tout en affirmant que celle-ci est, et demeure « plus que le reste du monde ». Toutefois , il précise que pour « chanter de Dieu », il faut commencer par chanter « cette fleur ». Le sonnet 189 évoque une montée au ciel du poète grâce à la vertu ( terme cité quatre fois) de Marguerite de France. S189 à «  Avecques la vertu je veux au ciel monter » Du Bellay conclue son éloge accordée à Marguerite par le sonnet 190 qui a une place essentielle dans le recueil, car il y défend son rôle de protectrice auprès des lettres et des arts dont le patrimoine culturel est en crise. Il la gratifie de ses actes qui ont permis de faire avancer la poésie moderne de son temps. La volonté de Marguerite de France à mettre en valeur le patrimoine culturel séduit le poète qui sous entend et annonce une suprême éloge destinée au roi Henri II , fondateur de l’enrichissement culturel, dans l’ultime sonnet des Regrets. S189 à «  Des lettres et des arts, et d’une troupe sainte Que depuis sous Henri féconde elle a produit: » D. Représentation d’Henry II dans un ultime éloge ( sonnet 191) Joachim Du Bellay conclue son recueil avec un dernier sonnet adressé à celui qui est le plus grand et le plus loyal du royaume : Henri II, grand roi de France. Poème isolé du reste du recueil, il n’en reste pas moins qu’il est de loin le plus élogieux. En effet, Du Bellay est à son paroxysme dans son écriture élogieuse. Le recueil semble être comme une boucle qui se ferme: l’ultime sonnet répond à celui du début intitulé « A son livre »; un recueil qu’il envoie en personne à son roi. Toutefois, il faut considérer la place primordiale de Dieu dans le sonnet puisqu’il semble exprimer la toute puissance de celui-ci. Du Bellay a choisi de la révéler au travers de Marguerite qu’il voit comme une nouvelle « Pallas », de François 1er qu’il désigne comme le fils d’Apollon et du roi Henri II « De qui la grandeur de Dieu seul est enclose ». Face à cet homme quasi divin et Dieu à qui il voue un culte, le poète se considère lui-même comme n’étant rien sans leur protection. Conclusion: Les Regrets se présentent entre trois quêtes. La première est celle de l’inspiration traduit par une forme élégiaque; une seconde destinée à la condition poétique de son siècle de manière satirique; et enfin celle que nous avons étudié: une quête d’une poésie encomiastique et divine. Cette fin de recueil est l’exemple même d’un véritable et minutieux travail sur l’éloge où le mot « vertu » a une valeur déterminante. Poète pacifiste, à la recherche de paix, sa poésie de louange reste également destinée à influer sur les idées politiques, religieuses et culturelles de son temps… Bibliographies: 1) les Regrets commentés par George Hugo Tucker 2) La poétique de Du Bellay de Floyd Gray 3) L’écriture de Joachim Du Bellay de Françoise Argod-Dutard

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