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Le souci de vérité dans l’écriture autobiographique interdit-il mise en scène, détour, masques littéraires ?

Publié le 12/10/2011

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« L’autobiographie, qui parait au premier abord le plus sincère de tous les genres, en est peut-être le plus faux « disait Albert Thibaudet dans Gustave Flaubert en 1922. Le mot « autobiographie « a été inventé en 1800 suite à la publication des Confessions de Rousseau ; il est d’origine grec « graphein « (écrire), « bios « (vie), « autos « (soi-même), ainsi une autobiographie  est une biographie écrite par celui qui en est le sujet. L’écriture autobiographique représente aussi bien l’autobiographie, que les mémoires (événements de la vie de l’auteur liés à l’Histoire), le journal intime (texte écrit quotidiennement, sans objectif de publication)… 

« 2 Bérénice Lefebvre 1°L L’écriture autobiographique permet de mieux se connaître mais également de se faire connaître du lecteur, de lui montrer sa réelle personnalité comme le fait Keith Richards dans Life où il raconte sa réelle dépendance à l’héroïne, la mort de son fils, ce que le lecteur, avant d’avoir lu l’ œ uvre ignorait. De même l’auteur peut vouloir montrer aux lecteurs la vie dans laquelle il a vécu, la société, en écrivant des mémoires.

Saint-Simon dans Mémoires témoigne, par de longues phrases qui inspireront Proust, de la société du Roi Soleil.

Si ces autobiographes ne sont pas sincères, il n’y a aucun intérêt d’écrire ce type d’ œ uvres. Cependant, dans la plupart des autobiographies, nous retrouvons des mises en scène de personnages fictifs où l’auteur n’est pas aussi sincère qu’il le prétend. En effet, les autobiographies sont généralement écrites en fin de vie, avec une publication posthume, l’auteur a donc un certain âge.

De ce fait, on retrouve généralement des oublis incontrôlables dus à une mémoire défaillante.

Rousseau le dit clairement dans son incipit « Et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire.

» ; c’est un défaut auquel il ne peut remédier.

Il ne faut pas confondre ces oublis de mémoire avec la volonté d’oublier ; passer sous silence certains faits condamnables ou haïssables de leur vie n’est pas dû à la mémoire. Châteaubriand dans Mémoire d’outre-tombe choisit les moments les plus extraordinaires de sa vie pour dresser un portrait flatteur de sa vie. Certains auteurs déforment la réalité pour ne pas donner d’image négative de soi et deviennent supérieurs face au lecteur.

Se mettre en valeur est aussi récurrent dans les autobiographies, être vu par le lecteur comme un héros, ce qui n’est en aucun cas la réalité. On retrouve ici Rousseau dans Les Confessions qui lorsqu’il raconte le vol de la pomme (livre 1), utilise un registre épique, et se met en scène comme un héros.

Bien qu’il ait fait un pacte avec le lecteur, cela ne l’empêche pas de se mettre en valeur comme un héros. Enfin, l’auteur peut choisir de ne pas raconter certains passages de sa vie pour ne pas nuire à ses proches, pour éviter les censures ou simplement par pudeur ; comme dans Chroniques de Bob Dylan, où l’auteur explique son travail sur ses chansons puis miraculeusement la sortie de son premier album édité chez Columbia. Mais en règle générale, pour écrire son autobiographie, il faut se replonger dans le passé, et comme a dit Proust « Se souvenir c’est imaginer ».

Ainsi, le but principal d’une autobiographie n’est peut être donc pas de se mettre à nu devant le lecteur. En effet, l’écriture autobiographique permet de raconter sa vie, mais le lecteur n’attend pas spécialement une réelle transparence, et l’auteur a également d’autres buts. Il peut désirer se justifier, s’expliquer sur les faits ou dégâts qu’il a pu causer, en espérant être pardonné.

Rousseau cherche à se justifier suite à des accusations de Voltaire, et en appelant l’ œ uvre « confessions » Rousseau voulait probablement avouer ses actes en espérant se faire pardonner.. »

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