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spiritualité

Publié le 18/11/2012

Extrait du document

    Dans cet essai de rencontre entre psychologie et spiritualité, il est parfois fait allusion à une transcendance divine. L'auteur ne veut en aucun cas donner une valeur contraignante à ce concept. Ceux qui se réfèrent à une "religion" se verront de toutes les façons déroutés par la liberté de ton employée. Ceux pour lesquels l'existence d'une dimension transcendante n'est pas acceptable, auront à coeur d'y superposer le symbolisme qui leur convient.         Ce que nous apprend la psychologie, c'est que nous n'avons qu'un minimum vital de liberté. Le fameux "Inconscient", forgé et structuré par nos émotions de la gestation, de la naissance, de la petite enfance, alors qu'aucun mot ne pouvait nous permettre d'extérioriser, de maîtriser en les nommant, nos ressentis, guide sans que nous nous en doutions assez, toute une part de notre comportement. Ce que nous croyons être de nous, n'est trop souvent qu'obéissance inconsciente aux lois qui nous façonnent, et qui ont pour origine entre autres, hérédité, famille, éducation, culture, milieu social, condition physique, tempérament, environnement, habitudes, et l'ensemble interactif imitation/ réaction face aux diverses expériences de la vie.       Nous sommes donc pétris de déterminismes et de conditionnements, dont nous soupçonnons peu l'existence. On croit être un moi, alors qu'on n'est qu'un soi, habité par tout ce qui nous constitue, sans l'avoir assumé à un niveau de conscience véritablement personnel. C'est avec l'âge, la maturité, précoce pour certains, que constatant nos incohérences, nos expériences d'accablement, nos blocages nous pouvons accepter l'évidence de la nécessité d'un travail sur soi.       Tant que nous ne laissons pas émerger ce qui est tapi en profondeur, nos peurs, nos rigidités, nos violences, nous pouvons bien sûr faire du chemin, mais un chemin qui est une impasse à plus ou moins long terme, parce que n'étant pas dans la réalité, on ne peut guérir. C'est ainsi que piégés par la fausse notion de Dieu-qui-peut-tout pour les uns, et du fatalisme hasardeux pour les autres, beaucoup d'entre nous, malgré les années, se débattent au milieu des mêmes problèmes, des mêmes pathologies, jamais résolues.       Que nous l'acceptions ou pas, nous naissons dans le désajustement. Au fur et à mesure des souffrances vécues, toutes les suivantes faisant sourdement écho à celles inconscientes des premières années, des blocages s'enregistrent, se durcissent, et font qu'une démesure s'installe entre les situations à vivre et ce que nous pouvons porter. Nous nous découvrons sur tel ou tel plan, anormalement fragilisés. Ces blocages déterminent nos seuils d'évolution, et demandent à être débusqués, décodés, mis en lumière. C'est pour cela que tout notre être est concerné : notre corps avec ses tensions, ses raidissements, son épuisement, ses besoins, et notre âme psychique avec ses blessures, ses peurs, ses ressentiments, ses frustrations, ses attentes, ainsi que notre esprit, dans sa capacité à se souvenir, à prendre conscience, à tirer des leçons, à distinguer l'essentiel du relatif, à perdre les illusions infantiles ou adolescentes.       Il s'agit de naître, ou de renaître à nous-mêmes. L'icône de la Résurrection chez les orthodoxes, ne montre pas un Christ rayonnant jaillissant vers le ciel, mais un Christ compatissant, qui descend aux enfers prendre la main d'Adam et Eve... Rien n'est possible que si nous reconnaissons d'abord nos enfers.         L'arbre nous enseigne que la croissance vers le ciel, n'est réelle que si nous sommes enracinés dans notre terre, dans la conscience de nos profondeurs, dans la reconnaissance de notre passé, individuel et familial, ou collectif.       En acceptant de travailler sur soi, on prend sa part de responsabilité dans l'ébauche d'un moi, d'une personnalité, d'une identité, qui s' accomplira vers un Je, unique et secret, seulement révélé en plénitude dans une autre dimension. Le Je est le moi purifié, débarrassé de son importance, mais il faut pour cela que déjà, le moi soit constitué, et c'est ce qui nous concerne, ce qui est de notre initiative. Le moi dont je parle ici n'est pas inflation de la personnalité, sûreté de soi dominatrice, mais au contraire conscience de soi dans le tâtonnement à être, dans l'imprécision du devenir. Ce moi est celui de la psychanalyse, dans le sens où il est instance de formation de la personnalité, équilibrant les pulsions primitives d'un coté et les censures intérieures de l'autre ; mais il est en outre humilité, c'est-à-dire vérité de son indigence. Seule cette expérience du manque reconnu, ouvre à la guérison, à la paix intérieure, au regard juste, et à la capacité de rencontrer l'autre en vérité.       On ne peut prétendre passer d'un soi non conscient, non assumé, au chemin vers le Je. Il faut se chercher, se trouver dans ses limites, avant de pouvoir se renoncer intérieurement.       Certaines éducations, les "bonnes" de préférence, font tant de place aux principes, et occasionnent tant d'imbrications entre l'important et le secondaire, que beaucoup de questionnements apparaissent tabous, illégitimes, dangereux. Leur véritable danger, sans doute inconsciemment trop repéré, est de menacer un "système", un ordre établi. Mais il n'est pas besoin de faire partie d'un milieu "bien-pensant" pour échapper à l'authenticité. Toute naissance à soi-même est douloureuse, et la répression de l'appel à naître l'est encore davantage. Il reste toutefois que la propension pour les soi-disant croyants à s'autoriser de Dieu, à impliquer Dieu dans leurs certitudes sociales, religieuses ou politiques, est la perversion la plus subtile. Sur un plan personnel, refuser les questions, préférer la rassurante stabilité des principes, aboutit parfois à nier les drames inavouables (voir tout ce qui touche à la morale, à la sexualité, à la réputation...), et à rejeter dans le non-dit, dans le non-assumé, ce qui seul aurait permis de commencer un chemin de guérison.         L'illusion de l'ego-soi permet toutes sortes d'identités de surface, toutes sortes de rôles publics, toutes sortes de poudre aux yeux et de mensonges auxquels on croit. Là est probablement l'aveuglement suprême. Là est le manque de Vérité au nom des vérités.       C'est donc à un travail d'accouchement que nous sommes conviés. Les émotions inscrites dans notre corps (il y a une mémoire du corps), les peurs oubliées, les souffrances niées, les idées rigides, nous maintiennent dans l'irresponsabilité., tant qu'elles ne sont pas exposées à la lumière. Grandir, évoluer, correspond donc à une suite de deuils.       " Il n'est pas de douleur plus mortelle, que dans l'effort pour être soi-même" (Yevgueni Vinokurov). Là, probablement, est un des sens du renoncement auquel les grandes traditions spirituelles nous appellent. Là, s'applique la nécessité de mourir pour trouver la vie (si le grain ne meurt...) Tous les "départs", les échecs, les impuissances, toutes les émotions submergeantes qui viennent on ne sait d'où (c'est-à-dire de l'inconscient, ou plutôt des inconscients), font écho aux deuils qu'il a fallu traverser dans l'enfance. Les réponses que nous apportons actuellement dans notre vie, sont déterminées par la façon dont nous avons pu gérer les épreuves initiales de l'existence.       Maxime le Confesseur (7° siècle) se plaisait à dire qu'un saint est quelqu'un qui n'a plus d'inconscient. Il signifiait par là la nécessité d'assumer la totalité de ses ombres, pour que tout de nous soit illuminé de cette joie subtile qui permet dans la quotidien l'acte juste au moment opportun.       Il importe donc de faire de la vie qui s'écoule en soi, et par laquelle nous sommes agis, sa vie à soi, par laquelle on agit. Ainsi seulement est-il possible de présenter une liberté à l'action divine pour les uns, à la force de la Vie pour les autres, selon l'injonction révélée à Abraham dans la Bible : Pars vers toi, marche vers toi.       Le lecteur, même athée, comprendra que le sens donné ici au divin, n'a que peu à voir avec ce que présentent ordinairement les religions. Il voudra bien ponctuellement consentir à ce point de vue, pour ne pas rester agacé ou rejetant, par les allusions qui y sont faites.       Les pages suivantes vont donc explorer les grands processus de formation de la personnalité, la complexité des relations interdividuelles, la maturation vers l'âge adulte. Une annexe spécifique aux méandres de la dépression termine l'essai.

« nous pouvons bien sûr faire du chemin, mais un chemin qui est une impasse à plus ou moins long terme, parce que n'étant pas dans la réalité, on ne peut guérir.

C'est ainsi que piégés par la fausse notion de Dieu-qui-peut-tout pour les uns, et du fatalisme hasardeux pour les autres, beaucoup d'entre nous, malgré les années, se débattent au milieu des mêmes problèmes, des mêmes pathologies, jamais résolues.       Que nous l'acceptions ou pas, nous naissons dans le désajustement. Au fur et à mesure des souffrances vécues, toutes les suivantes faisant sourdement écho à celles inconscientes des premières années, des blocages s'enregistrent, se durcissent, et font qu'une démesure s'installe entre les situations à vivre et ce que nous pouvons porter.

Nous nous découvrons sur tel ou tel plan, anormalement fragilisés. Ces blocages déterminent nos seuils d'évolution, et demandent à être débusqués, décodés, mis en lumière. C'est pour cela que tout notre être est concerné : notre corps avec ses tensions, ses raidissements, son épuisement, ses besoins, et notre âme psychique avec ses blessures, ses peurs, ses ressentiments, ses frustrations, ses attentes, ainsi que notre esprit, dans sa capacité à se souvenir, à prendre conscience, à tirer des leçons, à distinguer l'essentiel du relatif, à perdre les illusions infantiles ou adolescentes.       Il s'agit de naître, ou de renaître à nous-mêmes. L'icône de la Résurrection chez les orthodoxes, ne montre pas un Christ rayonnant jaillissant vers le ciel, mais un Christ compatissant, qui descend aux enfers prendre la main d'Adam et Eve... Rien n'est possible que si nous reconnaissons d'abord nos enfers.         L'arbre nous enseigne que la croissance vers le ciel, n'est réelle que si nous sommes enracinés dans notre terre, dans la conscience de nos profondeurs, dans la reconnaissance de notre passé, individuel et familial, ou collectif.  . »

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