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STENDHAL: La Chartreuse de Parme (Fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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Si le premier livre de La Chartreuse relate les événements antérieurs au moment où Fabrice connaît un amour véritable, grâce à son séjour en prison, le second livre est essentiellement occupé par les événements qui vont préparer cette révélation (chap. xiv) ou coexister avec elle. Livre premier. Chap. (p. 21) : Occupation française à Milan. Présentation de la famille del Dongo. Naissance et enfance de Fabrice à Grianta. — Chap. II (p. 38) : Éducation de Fabrice par l'abbé Blanès. Retour des Autrichiens à Milan. Escapades sur le lac. Présage de l'aigle. Départ de Fabrice pour la France. Premier emprisonnement. — chap. III (p. 63) : Fabrice à Waterloo, première journée. Il voit passer l'Empereur, sans le reconnaître. — Chap. tv (p. 84) : Waterloo : la retraite. Fabrice est blessé par un hussard. — chap. v (p. 109) : Fabrice est soigné par Aniken. Il retrouve sa mère et Gina en Suisse. Rencontre avec Clélia et son père, en état d'arrestation.
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« 3.

Les thèmes principaux Destinée et stratégie 1.

La destinée La destinée de Fabrice est fixée dès les deux premiers chapitres.

De son vrai père, le lieutenant Robert (cf.

p.

30,l'allusion discrète à la filiation véritable de Fabrice, cf.

aussi la note de Del Litto, p.

720), il hérite de la vocation del'aventure (au double sens de ce terme : il est appelé, par goût, par l'aventure, il y est voué, par sa destinée).

Deson père spirituel, l'abbé Blanès, il hérite « d'une confiance illimitée dans les signes qui peuvent prédire l'avenir » (p.41) même lors de sa dernière visite à Grianta, alors qu'il doute de l'astrologie, le narrateur nous signale qu'« il eûtéprouvé une répugnance invincible pour l'être qui eût nié les présages, et surtout s'il eût employé l'ironie » (p.

219).La raison en est simple : pour Fabrice, « penser à cette croyance, c'était sentir, c'était un bonheur » (p.

218).L'abbé Blanès apparaît comme son « véritable père » (p.

221).

C'est le seul personnage qui ne soit, à aucunmoment, touché par la corruption ou le mal et dont la vie, comparée à celle de Fabrice, en justifie par avance leserrements : « Tu mourras comme moi [...], n'ayant à te faire aucun reproche grave » (p.

223).Cette double paternité se trouve d'ailleurs conjuguée dans le présage de l'aigle (p.

54), qui conjoint la doubledévotion de Fabrice : celle des présages, celle de Napoléon.Fabrice ne se contente pas de croire aux présages de Blanès.

Il en interprète d'autres (celui de l'aigle), il lesdevance.

Il « prévoit » (p.

218) sa future prison avant que celle-ci ne lui soit annoncée par Blanès (p.

223), ilraisonne sur sa destinée, changée par la dénonciation dont son frère s'est rendu coupable (p.

219), il annonce àClélia (p.

126) qu'elle daignera se « rappeler de ce nom, Fabrice del Dongo ».

Sa prétendue naïveté est moins le faitd'une incapacité que d'un choix.

Ainsi (p.

236), alors qu'il doit tuer un homme pour lui prendre son cheval, refuse-t-ilde raisonner « comme Mosca » et de « casser la tête à ce valet de chambre », ce que Mosca ne manquera pas delui reprocher.Sa destinée est contradictoire.

En apparence, un événement imprévu vient toujours contrecarrer ses projets debonheur ou d'ascension sociale : dénonciation d'Ascagne (chap.

III), meurtre de Giletti (chap.

XI), volte-face deRanuce Ernest (chap.

xiv), évasion forcée l'obligeant à quitter sa bienheureuse prison (chap.

XXII), voeu de Clélia(chap.

XXII), mort de Sandrino (chap.

xxviii).

Pourtant, ces événements sont perpétuellement tournés au profit deFabrice (mis à part le dernier, qui lui sera fatal) par l'adresse stratégique de ses protectrices (la duchesse,principalement, mais aussi Clélia), ou par une disposition proprement stendhalienne, et que Fabrice possède au plushaut degré, la virtù, c'est-à-dire la capacité de saisir les occasions qui se présentent.

C'est lors.

qu'il paraît le plusnaïf qu'il « réussit » le mieux : à Waterloo où il est « pris en charge » par la cantinière, puis par Aniken ; en prison,dont il est, par deux fois, libéré grâce aux efforts conjugués de Clélia et de Gina (or, quoi de plus « naïf » que deretourner de son plein gré en prison !) ; vis-à-vis de Landriani, puisque Mosca lui confie : « Votre simplicitéévangélique a gagné le coeur de notre vénérable archevêque » (p.

245) ; lorsqu'il prêche, enfin, sa sincéritéprofonde emportant l'adhésion du « public » (chap.

xxvii et xxviii).En se confiant naïvement à sa destinée, Fabrice réussit à tirer parti des vicissitudes, abandonnant à d'autresd'intriguer à son profit. 2.

La stratégie Pourtant, lorsqu'on lui dicte une conduite, Fabrice s'y tient à merveille.

Il en sera ainsi lors de ses études à Naples,où il affecte une conduite politiquement prudente (pp.

175-176), de même lorsqu'il tient au prince, qui le prend pourun jacobin, une profession de foi absolutiste (pp.

188 sq.), ou enfin lorsqu'il séduit l'archevêque Landriani (p.

245).Clélia, pour sa part, est totalement incapable de la moindre hypocrisie sociale : le narrateur (p.

363) la compare encela à la duchesse.

Autant celle-ci est « sémillante, pétillante d'esprit et de malice, s'attachant avec passion [...] àtous les sujets que le courant de la conversation amenait devant les yeux de son âme, autant Clélia se montraitcalme et lente à s'émouvoir, soit par mépris de ce qui l'entourait, soit par regret de quelque chimère absente.

»Pourtant, elle saura, par amour, intriguer à merveille pour -le faire libérer de prison ou interpréter son vœu à laMadone dans un sens hypocrite qui lui permette de poursuivre ses relations avec lui.Mais ce sont surtout les deux personnages du comte et de la duchesse qui semblent incarner le mieux l'habileté ducourtisan.

Leur talent en la matière est admirable : Mosca, ancien officier de l'armée de Napoléon en Espagne (p.140), réussit à devenir le tout-puissant premier ministre et ministre de la police du royaume le plus conservateurd'Italie, et de surcroît chef du parti « ultra ».

Sa vision des choses est, en toute occasion, celle d'un courtisan, d'unfroid calculateur.A plusieurs reprises, toutefois, il envisage sérieusement de démissionner, et cela sans aucun calcul, notamment dèsqu'il rencontre Gina (p.

151) et qu'il se donne « d'excellentes raisons pour être fou » (p.

146).

D'ailleurs, ce qui leséduit en elle, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est qu'il la tient pour « une âme toujours sincère et quijamais n'agit avec prudence » (ibid.).De plus, cette passion dans le jeu de l'intrigue trouve sa justification de deux manières.

Tout d'abord, la duchessepratique ce jeu de cour non par ambition personnelle (à plusieurs reprises, elle envisage de quitter Parme et de vivre. »

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