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Suffit-il d'être conscient pour être responsable ?

Publié le 24/06/2004

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Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considéré comme le fondateur, même si la lecture de la « Phénoménologie « de Husserl et de « L'Etre et le Temps « de Heidegger l'a profondément influencé. Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté. La première, que l'on trouve dans « Saint Genet « (1952): « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous. « La seconde, qui figure dans un opuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme « (Nagel) où Sartre répond à diverses objections formulées notamment, par les catholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme: « L'homme est condamné à libre. «Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme, l'existence précède l'essence. Autrement dit, rien n'est donné d'avance à l'homme. N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouve condamné à choisir librement son essence :« Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit d'abord. L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

« conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et sespensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de lacentralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprendde se « personnaliser ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisonsnous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est la raisonpour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan): « Jamaisnous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Jamais nousn'avons été aussilibres que sousl'occupationallemande.(Situations, III) Sartre ne prétend nullement que l'occupation allemande auraitété propice à la liberté politique.

C'est de la liberté au sensmétaphysique du terme qu'il s'agit ici.

Être libre c'est êtrecapable de dire non, de refuser une situation.

L'occupationallemande est un de ces moments de notre histoire où notreattitude avait une pleine signification.

Accepter c'était êtrecomplice, refuser, devenir résistant c'était risquer la torture etla mort.

C'est donc une de ces situations limites où les choixne peuvent qu'être authentiques.

La liberté ne se mesure pasdans les situations sans risque mais dans celles où notreresponsabilité et ses conséquences sont pleinementengagées. Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisque nous étions traqués, «chacun de nos gestes avait le poids del'engagement » ? La liberté est donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacleou la situation, à se faire être.Ainsi, pour Sartre, si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de ce qu'ilfait, de ce qu'il est : « Nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, desjustifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuses.

C'est ce que j'exprimerai en disant que 1 hommeest condamné à être libre.

Condamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parcequ'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Mais par là, Sartre signifie aussi que l'homme est « responsable de tous les hommes » :« Quand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par là nousvoulons dire aussi qu'en se choisissant, il choisit tous les hommes.

»Autrement dit, chacun de nous, par ses choix, ses actes, pose les normes du vrai et du bien et engage ainsil'humanité tout entière.

Certes, beaucoup d'hommes ne se sentent pas responsables, croyant en agissant n'engagerqu'eux-mêmes, et « lorsqu'on leur dit: mais si tout le monde faisait comme ça ? ils haussent les épaules etrépondent: tout le monde ne fait pas comme ça ».

Mais, en fait, ils se masquent leur angoisse, la fuient.

Ils sont demauvaise foi, car en vérité, on doit toujours se demander: « Qu'arriverait-il si tout le monde en faisant autant ? »Dire que « l'homme est condamné à être libre », cela signifie bien que l'homme n'est pas niais qu'il se fait, et qu'ense faisant il assume la responsabilité de l'espèce humaine, cela signifie aussi qu'il n'y a pas de valeur ni de morale quisoient données a priori.

En chaque cas, nous devons décider seuls, sans points d'appui, sans guides et cependantpour tous.Contrairement à la chose qui est ce qui est, l'homme, en tant que « pour-soi», n'est jamais tout à fait soi.

Il est et iln'est pas ce qu'il est.

En avouant, par exemple, que je suis un menteur, j'adhère à ce que je suis mais en mêmetemps je prends mes distances à l'égard de ce que je suis.

La conscience est donc bien négativité infinie, pouvoir dedépassement de ce qui est.

Mais la liberté se confond-elle avec la spontanéité de la conscience ? Un enfant est-illibre ? La liberté ne se développe-t-elle pas avec l'expérience et la connaissance ? Sartre semble sous-estimer lerôle de la raison et de la connaissance dans la liberté.. »

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