Devoir de Philosophie

Suffit-il d'obéir à la loi pour faire son devoir ?

Publié le 27/02/2005

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Le devoir collectif passe donc nécessairement par la l'obéissance à la loi politique, quel qu'en soit le contenu.     II. Faire son devoir, c'est avant tout obéir à la loi morale interne à sa propre raison (Kant).   -Fondements de la métaphysique des moeurs : il est possible d'agir conformément au devoir, sans agir par devoir ; en obéissant conformément au devoir, on obéit à une loi extrinsèque, mais parce que celle-ci va dans le sens de notre intérêt particulier ; l'intention reste non morale, puisqu'elle est déterminée par des intérêts sensibles, bien qu'elle s'inscrive dans le cadre de la égalité extéireure. L'obéissance, ici, se détache du devoir moral. -L'homme est un être libre en ce qu'il obéit à ses propres lois : c'est l'autonomie. La liberté, c'est ainsi la détermination de la volonté par la forme de la loi morale, celle de l'impératif catégorique, qui constitue la forme pure du devoir. Etre libre, c'est obéir à la loi donnée par la forme de la raison pure (en tant que non dérivée de l'expérience) pratique (en tant qu'elle sert ici à un usage moral, et non théorique) ; il y a moins un devoir d'être libre qu'une liberté qui rend tout devoir possible.     III. On fait son devoir lorsqu'on obéit à la loi, mais seulement lorsque cette loi est l'expression légitime de la liberté du citoyen (Rousseau).

-Faire son devoir, c'est agir dans un cadre de légalité donné qui assure la légitimité de mon action.

-La forme courante du devoir, c'est l'obéissance à la loi, puisque par elle je fais mon devoir, au sens où j'obéis au devoir prescrit par cette loi.

-Or, ne peut-on pas imaginer que le sens du devoir excède toute légalité hétéronome donnée ? Obéir à son devoir le plus intime n'implique-t-il pas parfois, précisément, à désobéir à la loi politique ? Comment concilier devoir et obéissance ?

 

« A propos du contrevenant, Rousseau dira: "On le forcera à être libre".

On trouve cette formule énigmatique au septième chapitre du premier livre du « Contrat social ».

Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le corps social, mais il ajoute que cettecontrainte sert en fait la liberté de celui qui y est soumis.

Ce paradoxe met enévidence la tension qui existe entre notre existence d'individu et notreexistence de citoyen, et interroge sur la conciliation de l'obéissance civiqueavec la liberté.Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est naturellement libre et autonome, chacun d'entre nous a naturellement le droit de décider de ses propres actions,dans son propre intérêt.

Or, l'intégration à un Etat nécessite une organisation sociale, des lois, unpouvoir commun.

Le problème central qu'examine le « Contrat social » est de savoir ce qu'est une loi légitime, ou encore de déterminer à quoi chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoircommun.

Qu'est-ce que je donne de mon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? en l'échange dequoi ? Ou encore, dans quel but véritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner deslois communes ?Alors que Hobbes pense que le souci d'être en sécurité est le principal moteur de la vie sociale, Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme ».

Non seulement la liberté est inaliénable, et nul ne peut vouloir être soumis à un autre, mais surtout les hommess'associent pour conserver leur liberté et se préserver des rapports de dépendance personnelle.Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacuns'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant. » Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse de Rousseau est apparemment simple : « Le peuple soumis aux lois doit en être l'auteur. » Chaque individu promet d'obéir à la « volonté générale ».

La « volonté générale » est ce qu'il y a de commun dans toutes les volontés.

Par exemple, au moment où un groupe d'individus veut s'associer, il existe en chacun de sesfuturs membres une volonté commune : créer cette association, quelles que soient par ailleurs leurs volontésparticulières et différentes, singulières.

En promettant d'obéir à la « volonté générale », je ne promets en fait que d'obéir à moi-même, qu'à une partie de ma volonté, qui se trouve coïncider avec celle des autres.

Sans doute, enobéissant à la « volonté générale », ne réaliserai-je pas toutes mes volontés, je ne satisferai pas tous mes intérêts. Mais je me réaliserai que ce que je veux, que mes intérêts.

En aucun cas je ne serai soumis à la volonté d'un autre.Bref, je resterai libre.« Tant que les sujets ne sont soumis qu'à de telles conventions, ils n'obéissent à personne, mais seulement à leurpropre volonté.

» En obéissant à la loi, qui n'est qu'une déclaration de la « volonté générale », je perds ma liberté naturelle de faire tout ce que je veux ou plus précisément tout ce que je peux , étant donné la force des autres qui peuvents'opposer à mes projets.

Mais je gagne précisément une liberté politique, qui me permet à la fois de n'obéir qu'à moi-même (puisque je peux me considérer comme l'auteur de la volonté générale, qui est une partie de MA volonté), etne pas subir la volonté d'un autre (plus fort, plus rusé, plus riche). De plus, il y a fort à parier que les lois seront justes, puisque ceux qui les font doivent les subir ; chaque membre del'Etat est à la fois et législateur et sujet.

Son propre intérêt lui commande donc de faire des lois judicieuses, puisqu'ilen subira les conséquences.

Ainsi, l'égoïsme naturel se voit servir l'intérêt commun. On comprend alors la fort belle formule de Rousseau : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. » La liberté n'est pas le caprice, mais le respect des lois que l'on se donne à soi-même et qui nous préservent de subir lecaprice d'autrui. Cependant, il se peut qu'un individu désobéisse à la loi.

De quel droit le punir ? Est-ce légitime ? Pour comprendre la réponse de Rousseau , il faut comprendre le mécanisme même qui pousse u individu à désobéir. En désobéissant à la loi, je désobéis à moi-même, à une partie de ma volonté commune.

Cela n'est possible queparce qu'il y a une différence entre « homme » et « citoyen » : « En effet chaque individu peut avoir une volonté particulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen. » Contrevenir aux lois, c'est faire prédominer sa « volonté particulière », son intérêt propre sur l' » intérêt général » qu'on continue d'avoir comme «citoyen ». Par exemple, il y a fort à parier que, comme « citoyen », j'ai voulu et continue de vouloir une loi interdisant le vol ou protégeant la propriété.

Il se peut que dans le même temps je désire m'approprier le bien de mon voisin.

Si je vole,je ferai prévaloir mon intérêt égoïste sur l' « intérêt général » qui est aussi le mien, donc je voudrais à la fois que la loi me protège, et à la fois la violer quand cela m'arrange.

Le raisonnement du contrevenant fait « [qu'] il jouirait des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs du sujet.

» Il est clair que l'attitude du contrevenant est contradictoire et injuste, et que le corps social a donc le droitd'exercer sur lui une contrainte.

Il est légitime de faire respecter les lois, qui, sinon n'auraient plus lieu d'être.. »

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