Devoir de Philosophie

Suis-je d'autant plus libre que je suis techniquement puissant?

Publié le 11/02/2005

Extrait du document

A propos des êtres vivants : "Quand le temps que le destin avait assigné à leur création fut venu, les dieux les façonnèrent dans les entrailles de la terre d'un mélange de terre et de feu et des éléments qui s'allient au feu et à la terre. Quand le moment de les amener à la lumière approcha, ils chargèrent Prométhée et Epiméthée de les pourvoir et d'attribuer à chacun des qualités appropriées." L'objectif était, dans le mythe, car c'est un mythe, de trouver un état d'équilibre ou toutes les espèces pouvaient survivre sans qu'aucune ne soit délaissée. Or, quand Epiméthée arriva à la dernière étape de sa distribution, il avait oublié l'homme, à qui il n'avait plus rien à donner, ayant déjà tout distribué. Comment l'homme pouvait-il survivre dans la nature et ses lois, alors qu'il n'avait reçu aucun outil de survie, tels que des griffes ou des muscles ? Prométhée devait donc corriger l'erreur d'Epiméthée ("qui réfléchit trop tard") : pour cela il donna (notamment) le feu aux hommes, après l'avoir volé à Héphaïstos. Avec le feu de Prométhée, c'est la technique qui est rendue possible à l'homme : la capacité lui est laissée de modifier, selon des fins, la nature et son environnement.   - La technique pensée de telle sorte est-elle libératrice ?   - S'interroger sur l'adequation de la puissance technique et de la liberté revient à s'interroger sur les rapports entre la liberté de l'homme et la nature. L'homme, est soumis à son environnement : il est pris dans le déterminisme, c'est à dire dans la causalité qui régit les objets et les animaux.

L'homme est un être naturel très faible de constituation. La technique représente pour lui la seule façon de se sortir du déterminisme causal dans lequel son existence est originairement inscrite. Ainsi, la technique est le moyen pour l'homme de s'extraire de sa condition animale, de s'affranchir des lois qui le soumettent. Mais si elle est un indéniable pouvoir libérateur, la technique telle que la modernité la pratique semble prendre un tout autre tournant, et pourrait se retourner contre ses maîtres ...

« composent un monde nouveau, le monde humain."Pour Bataille, l'homme se définit par un double être de négation : il nie la nature, le donné naturel et se nie lui-même.

L'homme n'est pas un animal comme les autres puisqu'il ne se satisfait pas du donné naturel.

Lorsque Batailledit qu'il le nie, il signifie qu'il le modifie, le transforme.

En d'autres termes, l'homme est un être qui se construit unmonde.

L'homme est un être de technique qui n'est pas nécessairement adapté au monde qui l'entoure mais quiadapte ce monde à ses besoins.

Il y a donc une différence radicale entre le monde naturel et le monde culturelhumain.

Mais cette négation ne porte pas simplement sur le monde extérieur, elle porte également sur l'homme lui-même puisque tout individu quitte cette naturalité première qui fait de lui simplement un être de besoins.

L'hommen'est pas qu'un être de besoins, en quoi son éducation fait qu'il ne vit pas seulement selon ses pulsions ; parexemple, l'éducation consiste à apprendre à vivre ensemble et donc à différer ses désirs.

Bataille montre alors le lienentre ces deux négations simplement parce que la négation du donné naturel est aussi négation de sa propreanimalité.

- On peut penser à la dialectique du maitre et de l'esclave par Hegel.

- "S'il était possible à chaque instrument parce qu'il en aurait reçu l'ordre oupar simple pressentiment de mener à bien son oeuvre propre, comme on le ditdes statues de Dédale ou des trépieds d'Héphaïstos qui, selon le poète,entraient d'eux-mêmes dans l'assemblée des dieux, si, de même, les navettestissaient d'elles-mêmes et les plectres jouaient tout seuls de la cithare, alorsles ingénieurs n'auraient pas besoin d'exécutants ni les maîtres d'esclaves".(Aristote, Les politiques) Ainsi, la technique constitue le mode le plus originaire, pour l'homme, des'affranchir de sa condition : modifier son environnement naturel pourretourner l'hostilité qu'il représente en sa faveur, créer du nouveau.

Mais latechnique ne se retourne-t-elle pas contre son créateur ? II.

La technique a un caractère aliénant qui nécessite qu'on l'use avecsagesse.

- Le projet cartésien.Descartes voit en l'homme les possibilités de devenir comme "maître etpossesseur de la nature." (Discours de la méthode).

Ainsi, le projet de lascience moderne telle que nous la connaissons aujourd'hui est toute entièreorientée vers la puissance.

La nature, disait Galilée, est écrite en langagemathématique.

Dès lors suffit-il à l'homme de la lire, de la décoder, puis de la retourner et d'en faire ce qu'il désire.Ce projet n'est-il pas, aujourd'hui plus que jamais, en oeuvre dans le monde ? La maîtrise des "actions du feu, del'eau de l'airs, des astres, des cieux" n'est-elle pas toujours poussée plus en avant ? On ne peut le nier.

("la sciencesans conscience est la ruine de l'âme").

- Or, le vingtième siècle nous l'a montré, l'homme est aveuglé par sa puissance, par sa capacité de modeler lemonde, l'homme manque véritablement de recul face à ce qui semble être un délire d'ivresse de pouvoir techniquedans lequel il est pris.

Dans cette perspective, la toute puissance technique, dont le 20è siècle est le symbolehistorique, avec les catastrophes que l'on connait, ne semble pas rendre plus libre.

- Le constat de FreudFreud constate l'effectivité de la puissance technique : "Il est encore uneautre cause de désillusion.

Au cours des dernières générations, l'humanité afait accomplir des progrès extraordinaires aux sciences physiques etnaturelles, et à leurs applications techniques ; elle a assuré sa domination surla nature d'une manière jusqu'ici inconcevable.".

Cependant, l'homme n'a pasl'impression d'avoir été rendu par cette puissance plus heureux."Ils croient toutefois constater que cette récente maîtrise de l'espace et dutemps, cet asservissement des forces de la nature, cette réalisationd'aspirations millénaires, n'ont aucunement élevé la somme de jouissancesqu'ils attendent de la vie.

Ils n'ont pas le sentiment d'être pour cela devenusplus heureux."(FREUD, Malaise dans la civilisation.)Si la quête suprême de l'homme est d'être heureux, si la recherche finale estle bonheur d'une vie accomplie, la liberté n'est-elle pas de pouvoir êtreheureux ? Or il semble que la puissance technique ne rend pas plus heureux,pire encore : elle entrainerait l'homme contre son gré.

- Car si comme Rousseau le dit, la liberté consiste à agir selon la loi que nousnous donnons à nous-même, et si comme le montre Heidegger la techniquemoderne entraine puis provoque l'homme et le soumet à son essence, latechnique apparait alors dans son essence moderne comme la négation de la liberté.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles