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Supposons que le livre des éléments de la géométrie 3

Publié le 01/10/2012

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Supposons que le livre des éléments de la géométrie 3 ait existé de tout temps et que les exemplaires en aient toujours été copiés l'un sur l'autre, il est évident, bien qu'on puisse expliquer l'exemplaire présent par l'exemplaire antérieur sur lequel il a été copié, qu'on n'arrivera jamais, en remontant en arrière à autant de livres qu'on voudra, à la raison complète de l'existence de ce livre, puisqu'on pourra toujours se demander pourquoi de tels livres ont existé de tout temps, c'est-à-dire pourquoi il y a eu des livres, et des livres ainsi rédigés. Ce qui est vrai des livres est aussi vrai des différents états du monde, dont le suivant est en quelque sorte copié sur le précédent, bien que selon certaines lois de changement. Aussi loin qu'on remonte en arrière à des états antérieurs, on ne trouvera jamais dans ces états la raison complète, pour laquelle il existe un monde, et qui est tel. On a donc beau se figurer le monde comme éternel: puisqu'on ne suppose cependant rien que des états successifs, qu'on ne trouvera dans aucun de ces états sa raison suffisante, et qu'on ne se rapproche nullement de l'explication en multipliant à volont&...

« Introduction Comment comprendre l'origine du monde? La question est évidemment ancienne et a suscité des réponses divergentes.

A ceux qui admettraient qu'il est éternel, Leibniz objecte ici qu'une telle affirmation est impuissante à expliquer sa raison d'être.

1.

La régression à l'infini ne mène jamais à une cause première - Expliciter la comparaison avec la série éternelle des livres copiés.

Si l'on imagine une telle série, deux questions surgissent: • quelle garantie avons-nous de la fidélité de la copie? • pourquoi existe-t-il un exemplaire initial? Par rapport à l'existence du Monde, la recherche axée sur la causalité aboutit aux mêmes difficultés: • l'état du Monde au moment t 2 s'explique par son état au moment antérieur ti' mais selon certaines lois de changement.

L'analyse de ces lois de changement est du domaine de la science et du déterminisme; • reste à résoudre la question de la cause première du Monde, qui échappe à l'étude de causalité.

La multiplication des états intermédiaires ne fait que différer cette question, mais ne la résoud pas (prendre comme exemple la physique épicurienne: on y affirme l'éternité des atomes, mais c'est une façon d'occulter la question de leur apparition).

II.

Limites de la raison spéculative -Déjà Aristote fondait son argumentation démontrant l'existence d'un Dieu comme premier moteur sur l'impossibilité de la régression à l'infini.

Pour Leibniz, la régression est surtout stérile puisqu'elle ne résoud pas le problème.

(Au lieu d'Aristote, on peut évidemment évoquer saint Thomas, puisqu'il reprend la même démarche dans ses «cinq voies" vers Dieu.) - Le travail scientifique ne peut rendre compte que du changement d'un monde toujours déjà-là (c'est ce que redira Laplace dans sa définition du déterminisme: capacité de prévoir l'état suivant).

Il est incapable de définir le "Pourquoi'' du monde, ou le pourquoi de ce monde-ci.

- Au-delà de la science, il faut donc laisser place à l'exercice d'un questionne­ ment de nature différente (cf plus tard Auguste Comte: la science pose des questions en Comment? alors que les états théologique et métaphysique s'intéres­ saient aux questions en Pourquoi? Le point de vue de Leibniz revient à souligner que cette substitution est loin de supprimer les questions anciennes).

- La question fondamentale est donc celle qui concerne la raison complète pour laquelle il existe un monde, et qui est tel.

Autrement dit: pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien, soit la question métaphysique par excellence.

III.

Aspect prékantien du texte; rapport entre croire et savoir - Leibniz préfigure ici le travail de La Critique de la raison pure: jusqu'où peut aller la connaissance?. »

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