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Sur quoi se fondent les pouvoirs de l'État ?

Publié le 22/02/2012

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• L'État, saisi dans sa réalité effective, n'est que la concrétisation d'un pouvoir. Mais les points de vue sur la nature de l'État, sur sa fonction et sur son origine sont très divers. Ce qui règle cette diversité, dans la pensée politique, c'est le plus souvent l'optique dans laquelle on se situe : justification d'un pouvoir, problématisation de ce pouvoir au nom d'une norme définie, lutte politique articulée sur la prise en charge d'intérêts déterminés (lutte des classes). Ici encore, la réflexion est souvent conditionnée par des enjeux et des intérêts qui lui préexistent.

« le cas de Hobbes, qui accorde à la toute-puissance de Léviathan (monstre symbolisant l'État) une fonctionrégulatrice et répressive rendue nécessaire par l'agressivité permanente des hommes (cf.

sujet 105). A rencontre de la conception précédente, la problématique de Rousseau refuse de transposer dans la nature cequi est pour lui une résultante sociale (agressivité).

Le fondement légitime de l'Etat ne peut-être qu'une conventiondont les clauses assurent tout à la fois la sécurité des individus et leur liberté.

Une typologie des formes de pouvoirne doit pas être confondue avec une typologie des pouvoirs saisis dans leur conformité ou leur non-conformité à lanorme du Contrat.

Ainsi, un régime monarchique peut fort bien être légitime s'il respecte cette norme, et un régimerépublicain illégitime s'il ne le fait pas. Rejetant toute approche normative et toute référence à un état de nature hypothétique, Marx et Engelsmontrent le caractère historique de l'État et réfèrent ses variations à des moments spécifiques du devenir réel.L'État comme organisme répressif n'a selon eux de sens que par rapport à la lutte des classes.

Son existence historique peut donc être nettement délimitée, entre un seuil qui est la fin de la communauté primitive (quise caractérise par une sorte d'autorégulation) et un point d'aboutissement qui est la société communiste (où larégulation politique devient inutile dans la mesure où les conflits de classe ont disparu).

L'État est en règle généralel'État de la classe dominante, même s'il sécrète de lui-même des illusions idéologiques qui travestissent sa réalité declasse. — L'État comme instrument de classe.

Éléments de réflexion. Définitions. « L'État n'est au fond que le reflet, sous une forme condensée, des besoins économiques de la classe régnant sur laproduction.

» Engels, Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande (in Études philosophiques, ÉditionsSociales, pages 53 et 54). « L'État étant donc la forme par laquelle les individus d'une classe dominante font valoir leurs intérêts communs etdans laquelle se résume toute la société civile d'une époque, il s'ensuit que toutes les institutions communespassent par l'intermédiaire de l'État et reçoivent une forme politique» (L'idéologie allemande, Éditions Sociales, page106). Le caractère historique de l'État. « L'État n'existe donc pas de toute éternité.

Il y a eu des sociétés qui se sont tirées d'affaire sans lui, qui n'avaientaucune idée de l'État et du pouvoir d'État.

A un certain stade de développement économique, qui étaitnécessairement lié à la division de la société en classes, cette division fit de l'État une nécessité.

Nous nousrapprochons maintenant à pas rapides d'un stade de développement de la production dans lequel l'existence de cesclasses a non seulement cessé d'être une nécessité, mais devient un obstacle positif à la production.

Ces classestomberont aussi inévitablement qu'elles ont surgi autrefois.

L'État tombe nécessairement avec elles.

La société, quiréorganisera la production sur la base d'une association libre et égalitaire entre les producteurs, reléguera toute lamachine de l'État là où sera dorénavant sa place: au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache debronze» (Engels, L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, Éditions Sociales, page 159).

Quelques problèmes actuels soulevés par le sujet. — A la faveur de la Première Guerre mondiale et de la grande crise économique de 1929 qui a secoué le mondecapitaliste, le rôle de l'État n'a cessé de s'accroître.

Rompant avec le « libéralisme » traditionnel (nom pudique ducapitalisme de libre concurrence), les théories de Keynes, entre autres, ont préconisé une intervention énergique de/'État pour régulariser ou impulser la vie économique (cf.

l'inspiration keynésienne du New Deal de Roosevelt :politique des prix, de l'investissement, des grands travaux, etc.).

Les marxistes, analysant cette évolution, y ont vule signe de l'emprise croissante des grands monopoles sur la vie des pays capitalistes, et même d'une fusion en unmécanisme unique du pouvoir de l'État et de la bourgeoisie monopoliste (concept de capitalisme monopoliste d'État). — Le problème de la disparition de l'État s'est posé dès que le projet d'une transformation communiste de la sociétéa été mis en œuvre en Union soviétique.

L'évolution de cette dernière présente, de ce point de vue, un singulierparadoxe pour un marxiste: alors que les luttes de classes, théoriquement, ont de moins en moins de raisons d'être,le pouvoir d'État n'a cessé de se renforcer, et la répression a connu, avec les grands procès staliniens, des phasestrès vives.

La perversion stalinienne du socialisme remet à l'ordre du jour les discussions des marxistes et desanarchistes sur l'État.

Comme les anarchistes, Marx et Lénine soulignaient les dangers de la corruptionbureaucratique, qui détourne insensiblement la révolution vers la restauration de privilèges.

Jugeant utile une phasede transition où l'État révolutionnaire assure la victoire définitive des travailleurs sur l'ennemi de classe (dictature duprolétariat), ils n'en affirmaient pas moins que cette phase ne pouvait simplement consister à utiliser la machined'État conquise lors de la prise du pouvoir, mais qu'il convenait de la briser, notamment pour éviter la réapparition decastes bureaucratiques, de fonctionnaires privilégiés s'appro-priant la révolution et la détournant de ses objectifs.Cette « leçon », de l'aveu même de Marx, lui avait été donnée par la Commune de Paris.

Cf.

sur ce point L'État et laRévolution, Lénine, Œuvres choisies, Éditions de Moscou, tome II, pages 21 5-216).

Il ne semble pas qu'elle ait été. »

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