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Tchétchénie

Publié le 22/02/2012

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1 PRÉSENTATION Tchétchénie, république de la fédération de Russie, située dans le sud-ouest du pays. Sa capitale est Groznyï. Intégrée dans la République soviétique socialiste de Tchétchéno-Ingouchie depuis 1957, la Tchétchénie a proclamé son indépendance en 1991. Après avoir obtenu la séparation avec l’Ingouchie en 1992, elle a refusé de signer le traité fédéral russe, provoquant l’intervention militaire de la Russie, de décembre 1994 jusqu’en mai 1996 (date de la signature d’un accord de paix), puis de nouveau en 1999. 2 GÉOGRAPHIE Située au cœur de la région du Caucase, la Tchétchénie s’étend, au nord, sur la plaine semi-désertique de la steppe Nogaïque (ou plaine tchétchène), qui se rattache à la vaste dépression de la mer Caspienne. Les larges vallées fertiles du bassin du Terek et de la Sounja (Ciscaucasie) occupent le centre du territoire. Au sud, le versant septentrional de la chaîne du Caucase (Grand Caucase) constitue une zone de haute montagne englacée. Le point culminant de la Tchétchénie est le mont Teboulos-mta (4 494 m). Environ 20 p. 100 du territoire tchétchène est couvert de forêts (hêtres, chênes, bouleaux, charmes). 3 ÉCONOMIE Possédant de vastes gisements d’hydrocarbures, notamment pétroliers (vallée de la Sounja), la Tchétchénie avait pu développer une puissante industrie (raffineries, pétrochimie, mécanique) avant d’être ravagée par la guerre. Champ pétrolifère de première importance du temps de l’URSS, la région est traversée par plusieurs gazoducs et oléoducs et demeure un enjeu stratégique pour la Russie. Le secteur agricole est également important. La céréaliculture (blé, maïs, orge), pratiquée dans les plaines, et l’élevage (bovin, ovin) alimentent l’industrie agroalimentaire locale. Parmi les autres activités figurent l’horticulture, la sériciculture et, surtout, l’exploitation forestière et les industries dérivées du bois. 4 HISTOIRE 4.1 Des origines à la conquête russe Éleveurs nomades organisés en clans, les Tchétchènes sont des descendants de tribus autochtones refoulées dans les montagnes par les Alains au viiie siècle. Après la destruction de l’empire des Alains par les Mongols au xiiie siècle, ils sont soumis par les Kabardes. Devenus indépendants au xviiie siècle, ils s’installent en grand nombre dans les plaines. Convertis à l’islam sunnite au xvie siècle, ils se tournent vers le soufisme sous l’influence de l’ordre des Naqshbandis, venus du Daguestan. Farouches résistants aux visées de conquête de l’Empire russe, qui tente de s’étendre par l’implantation de postes militaires et l’installation de colons cosaques, ils prennent la tête de la révolte des peuples du Caucase dans la première moitié du xixe siècle. La guerre sainte menée contre les Russes prend fin en 1859 par la capitulation du chef emblématique caucasien, l’imam Chamil. 4.2 La période soviétique À la suite de la Révolution russe de 1917, la Tchétchénie proclame son indépendance. En 1919, elle devient le théâtre des violents combats qui opposent les bolcheviks aux Russes blancs, commandés par le général Denikine. Occupée par l’Armée rouge après la défaite des Russes blancs, en 1920, elle est intégrée dans la République socialiste soviétique autonome des Montagnes, qui regroupe les peuples du Caucase. Dès 1922, elle reçoit le statut de région autonome au sein de cette république (1922-1924), puis de République socialiste fédérative soviétique de Russie (1924-1934). En 1934, Moscou unit la Tchétchénie et l’Ingouchie dans le cadre d’une région autonome. Celle-ci devient la République socialiste soviétique autonome (RSSA) de Tchétchéno-Ingouchie en décembre 1936. Brièvement occupée par l’armée allemande, dans sa tentative d’atteindre Bakou et le pétrole soviétique (de juillet à décembre 1942), la République tchétchéno-ingouche est dissoute à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Accusés collectivement d’avoir collaboré avec les nazis, les Tchétchènes et les Ingouches sont déportés en Asie centrale. En 1957, ils sont autorisés à regagner le Caucase à la faveur de la déstalinisation, tandis qu’un décret réhabilite la RSSA de Tchétchéno-Ingouchie. 4.3 La proclamation de l’indépendance et les guerres contre la Russie Dans le contexte de déstabilisation politique créé par le putsch du 19 août 1991 contre Mikhaïl Gorbatchev, les nationalistes tchétchènes, regroupés au sein du Congrès national du peuple tchétchène conduit par le général Djokar Doudaïev, proclament l’indépendance de la Tchétchénie en octobre 1991. Les Tchétchènes représentent alors 58 p. 100 de la population de la république de Tchétchéno-Ingouchie, les Russes 23 p. 100 et les Ingouches 13 p. 100 (recensement de 1989). Moscou reconnaît la partition de la République — celle-ci débouche sur la création d’une république autonome d’Ingouchie en décembre 1992 —, sans pour autant reconnaître l’autoproclamation d’indépendance, et ne tolère que de fait la sécession. Aussi, à la suite du refus de la Tchétchénie de signer le traité instituant la Fédération de Russie, le pouvoir fédéral impose-t-il un blocus économique à la République indépendantiste. 4.3.1 La première guerre de Tchétchénie (décembre 1994-mai 1996) En 1994, le président russe Boris Eltsine choisit d’intervenir en Tchétchénie, alors qu’un conflit violent oppose les partisans du général Doudaïev et les tenants d’un régime pro-russe, militairement soutenus par Moscou. La campagne militaire lancée en décembre 1994 afin de « rétablir l’ordre constitutionnel tchétchène » et de combattre les « bandes armées illégales » s’avère extrêmement meurtrière, en particulier pour les civils victimes de bombardements massifs. La capitale, Groznyï, et les principales villes tchétchènes tombent aux mains des troupes russes en février-mars 1995. Toutefois, en dépit de leur supériorité matérielle, celles-ci se révèlent incapables de consolider leur victoire sur le reste du territoire et de venir à bout d’une guérilla incessante et acharnée, qui peut prendre la forme de prises d’otages spectaculaires (telles que celle menée en juin 1995, à l’hôpital de Boudennovsk, en Russie, par le chef de guerre Chamil Bassaïev). Même la mort de leur chef charismatique, le général Doudaïev, tué par un missile russe en avril 1996, ne parvient pas à affecter la combativité des rebelles nationalistes tchétchènes. À l’approche de l’élection présidentielle en Russie (juin-juillet 1996), nombreuses sont les pressions qui poussent Boris Eltsine à rechercher une solution au conflit : la persistance de la résistance tchétchène, le désastre subi par les populations civiles — entre 40 000 à 100 000 morts civils et 400 000 déplacés —, les défaites de l’armée russe et ses nombreuses pertes — plus de 4 000 soldats tués —, la dénonciation du conflit par la communauté internationale, mais aussi par l’opinion publique russe et au sein même de l’armée. Après avoir conclu un accord de cessez-le-feu en mai 1996, le général Lebed signe avec le chef d’état-major des forces indépendantistes tchétchènes, Aslan Maskhadov, l’accord de Khassaviourt (31 août 1996), qui prévoit le retrait des troupes russes et reconnaît la souveraineté de la Tchétchénie au sein de la Fédération russe. Les termes de l’accord repoussent toutefois au 31 décembre 2001 la définition du futur statut de la République. En janvier 1997, Aslan Maskhadov est élu président à une large majorité. En mai 1997, un traité de paix, mettant formellement fin à la guerre, est signé par Boris Eltsine et le nouveau président tchétchène. 4.3.2 La deuxième guerre de Tchétchénie (octobre 1999-février 2000) De 1996 à 1999, le président Aslan Maskhadov peine à maîtriser une situation intérieure extrêmement difficile et instable, caractérisée par de graves difficultés économiques, les excès et les luttes de pouvoir des différents seigneurs de guerre, l’accroissement de la criminalité et la montée de mouvements fondamentalistes musulmans armés (notamment le mouvement wahhabite). La situation s’avère d’autant plus critique que Moscou refuse toujours de reconnaître son indépendance totale à la Tchétchénie. L’insurrection lancée au Daguestan voisin, pendant l’été 1999, par le chef de guerre islamiste tchétchène Chamil Bassaïev provoque une recrudescence des tensions, qu’attise une série d’attentats meurtriers perpétrés au mois de septembre en Russie, non élucidés, mais imputés aux Tchétchènes par les autorités russes. Ces événements entraînent la reprise de la guerre par la Russie, qui lance une vaste opération militaire « antiterroriste » en Tchétchénie en septembre 1999. Après deux mois de bombardements sanglants et la fuite de près de 250 000 Tchétchènes, Groznyï, en ruines, tombe aux mains des troupes russes le 1er février 2000 (voir guerres de Tchétchénie). 4.3.3 La poursuite de la rébellion tchétchène et la répression russe En juin 2000, le nouveau président russe Vladimir Poutine, élu en mars 2000, place une direction pro-russe, conduite par le moufti Akhmad Kadyrov, à la tête de la Tchétchénie. À partir de janvier 2001, la direction des opérations en Tchétchénie est confiée aux services de sécurité russes (FSB, ex-KGB). Alors que la Russie affirme que la situation en Tchétchénie est en cours de normalisation, la guérilla indépendantiste poursuit la lutte, infligeant d’importants revers aux forces fédérales ; les attentats-suicides se multiplient, coûtant la vie à de nombreux soldats russes. La découverte d’exactions commises par les forces russes lors d’opérations de « nettoyage » (exécutions sommaires, sévices, disparitions) entraîne la condamnation de la Russie par la communauté internationale. Alors que les nationalistes tchétchènes ont souvent obtenu un appui politique auprès des grandes puissances occidentales — leur ministre des Affaires étrangères est reçu à Washington en mars 2001 —, leur cause perd le soutien de l’opinion internationale au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 : assimilés globalement au terrorisme islamiste — la faction islamiste de la résistance tchétchène serait liée au réseau Al Qaida d’Oussama Ben Laden —, les indépendantistes tchétchènes deviennent l’une des cibles de la lutte mondiale engagée contre le terrorisme. Le conflit s’enlise en Tchétchénie, où les opérations militaires menées contre la guérilla succèdent aux attentats perpétrés contre les forces russes et les responsables tchétchènes pro-russes. Il culmine hors de Tchétchénie, en octobre 2002, lorsqu’un commando tchétchène prend en otages plus de 700 spectateurs dans un théâtre de Moscou. Dirigé par Movsar Baraïev (23 ans), le commando réclame la fin des combats et le retrait des troupes russes de Tchétchénie. La prise d’otages se conclut tragiquement dans la nuit du 25 au 26 octobre par l’assaut des forces spéciales russes. Au lendemain de cette crise, et à l’approche de l’élection présidentielle russe de 2004, Vladimir Poutine annonce la tenue d’un référendum en Tchétchénie sur la tenue d’élections parlementaires et présidentielle à la fin 2003 et sur l’adoption d’une nouvelle Constitution affirmant l’appartenance de la république à la Fédération de Russie. Pour les autorités russes, ce référendum s’inscrit dans le cadre d’un processus politique qui doit favoriser la « normalisation » de la situation en Tchétchénie. Boycotté par les indépendantistes tchétchènes, qui le qualifient de « farce politique », le référendum se tient le 23 mars 2003. Caractérisé par un taux de participation massif (plus de 85 p. 100) et par un plébiscite en faveur de la nouvelle Constitution (96 p. 100 de « oui »), il suscite de vives critiques parmi les observateurs russes et étrangers quant à sa légitimité (irrégularités, pressions exercées sur les électeurs). La nouvelle Constitution, qui invalide la Constitution séparatiste de 1992, entre en vigueur le 1er avril. Ce processus politique se poursuit avec la tenue de l’élection présidentielle le 5 octobre 2003. Sept candidats sont en lice, dont Akhmad Kadyrov, chef de l’administration tchétchène pro-russe et candidat du Kremlin. Alors que tous ses concurrents sérieux ont été empêchés de participer au scrutin, Akhmad Kadyrov est élu dès le premier tour avec plus de 80 p. 100 des suffrages à l’issue d’un scrutin fortement controversé. Pour les autorités russes, cette élection, qui délégitime définitivement Aslan Maskhadov, élu président de la république indépendantiste en 1997, est une étape-clé qui doit permettre d’accélérer le rétablissement de la paix en Tchétchénie. Pour nombre d’analystes, elle est en revanche loin de pouvoir mettre un terme aux violences. De fait, les attaques des rebelles tchétchènes contre l’armée russe et l’autorité pro-russe se poursuivent en 2004, ainsi que les prises d’otages revendiquées par Chamil Bassaïev (école de Beslan, en Ossétie, septembre 2004). Au mois de mai, le président Akhmad Kadyrov est tué dans un attentat à la bombe à Groznyï. L’élection présidentielle organisée au mois d’août suivant est remportée sans surprise par le candidat du Kremlin, l’ancien ministre de l’Intérieur Alou Alkhanov. En mars 2005, l’ancien président Aslan Maskhadov est tué par les forces russes. La mort de cet indépendantiste modéré, ayant multiplié les appels à la négociation et condamné les prises d’otages, laisse la guérilla tchétchène aux mains du chef de guerre islamiste Chamil Bassaïev (tué à son tour en juillet 2006). Le plan de « rétablissement du régime constitutionnel » en Tchétchénie élaboré par Moscou s’achève en novembre 2005 par la tenue d’élections législatives. Permettant la désignation d’un Parlement bicaméral composé d’une chambre haute de 18 sièges et d’une assemblée de 40 députés, ces élections consacrent la victoire (avec près de 60 p. 100 des suffrages) du parti Russie unie, pro-Kremlin. Qualifié de « farce » par les séparatistes tchétchènes, ce scrutin se déroule en présence de peu d’observateurs étrangers. Pour plusieurs organisations non gouvernementales, sa régularité est lourdement mise en cause par la campagne d’intimidation conduite par les forces fédérales russes, appuyées par des milices tchétchènes pro-russes. La Tchétchénie « normalisée » apparaît en effet soumise à un climat de terreur, entretenu, selon des organisations de défense des droits de l’homme, par plusieurs milliers de miliciens qui multiplient arrestations, enlèvements, mauvais traitements et racket. Ces miliciens seraient dirigés par Ramzan Kadyrov, fils de l’ancien président Akhmad Kadyrov et vice-Premier ministre du gouvernement local, qui semble s’imposer comme l’homme fort de la république. Superficie : 15 000 km2 ; population (2002) : 624 600 habitants.

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