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Tchétchénie, guerres de

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Tchétchénie, guerres de, conflit armé opposant la Russie à la Tchétchénie, qui a duré de décembre 1994 jusqu’en mai 1996, puis a repris en septembre 1999.

Au temps de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), la Tchétchénie est une République autonome, membre de la Fédération de Russie. Elle est traversée par un oléoduc destiné à transporter le pétrole de la mer Caspienne, vital pour l’économie russe. Aussi, quand l'Union soviétique disparaît, fin 1991, Boris Eltsine refuse de reconnaître l'indépendance tchétchène proclamée en octobre 1991 par le général Djokar Doudaïev. Il décrète un blocus économique qui reste sans efficacité.

2   LE DÉCLENCHEMENT DE LA PREMIÈRE GUERRE

À la mi-décembre 1994, pendant l’hospitalisation de Boris Eltsine, la première guerre est déclenchée. Elle illustre la lutte entre les deux factions qui s'affrontent dans les coulisses du Kremlin. La première, composée de jeunes technocrates libéraux liés aux cercles de l'industrie civile et des finances, travaille aux réformes économiques. La seconde, composée de responsables des ministères de la Défense et de l'Intérieur, appuyés par le lobby de l'industrie militaire en crise, sait convaincre le président d'engager la guerre : Groznyï est bombardée et finit par tomber après trois mois de combats, en février 1995.

Mais cette victoire n'est pas décisive, car la guérilla empêche les Russes de contrôler le territoire, et le chef tchétchène Chamil Bassaïev réussit à prendre en otage une centaine de personnes à Boudennovsk, en Russie, en juin 1995. L'armée russe s'enlise, tandis que la mort du général tchétchène Djokhar Doudaïev, tué le 21 avril 1996 par un missile russe, ne met pas un terme au conflit. En effet, Chamil Bassaïev prend la tête des combattants, qui reconquièrent Groznyï. À Moscou, les mères des nombreux appelés du contingent tués au combat protestent alors que se profile l'échéance de l'élection présidentielle, ce qui incite le Kremlin à négocier.

Le général Lebed, candidat déclaré à l'élection, conclut en mai 1996 un cessez-le-feu avec le dirigeant tchétchène Zelimkhan Iandarbiev, suivi d’un accord de paix signé en août 1996 (accord de Khassaviourt). La Russie reconnaît la souveraineté de la Tchétchénie au sein de la fédération, mettant fin à une guerre particulièrement meurtrière pour les civils : de 40 000 à 100 000 Tchétchènes seraient morts au cours du conflit, dont 2 000 combattants ; plus de 4 000 soldats russes auraient été tués.

3   D’UNE CRISE ENDÉMIQUE À UNE NOUVELLE GUERRE

La situation reste tendue jusqu'en 1999, malgré la signature d'un traité de paix, en mai 1997, par Boris Eltsine et Aslan Maskhadov, élu président tchétchène en janvier 1997 : l'indépendance totale reste le but des autorités tchétchènes, ce que Moscou persiste à refuser.

Pendant l'été 1999, Chamil Bassaïev lance une insurrection avec des combattants islamistes au Daguestan voisin pour « libérer et unifier la région «. Au même moment, à Moscou, une série d'attentats fait des centaines de morts. Selon les autorités russes, ce sont les Tchétchènes qui en sont les responsables. Selon d'autres observateurs, la responsabilité incombe aux services secrets russes, qui cherchent un prétexte pour déclencher une nouvelle guerre.

La guerre débute en septembre 1999. Boris Eltsine, alors au plus bas dans les sondages, a besoin d'une victoire pour renforcer son image et gagner l'élection présidentielle fixée en avril 2000. Il limoge son Premier ministre et nomme Vladimir Poutine à la tête du gouvernement. Puis il démissionne, le 31 décembre. Vladimir Poutine, président par intérim et candidat à l'élection, mène la guerre avec le général Viatcheslav Ovtchinnikov. Le 1er février 2000, Grosnyï tombe aux mains des troupes russes, après des mois de bombardements.

4   L’ENLISEMENT DU CONFLIT

En Russie, la popularité de Vladimir Poutine, élu à la présidence en mars 2000, bénéficie de cette victoire, même si elle ne se révèle pas décisive dans la mesure où les troupes russes peinent à contrôler la totalité du territoire. Condamnée par la Commission des droits de l’homme des Nations unies pour les brutalités de ses forces de sécurité, la Russie est en outre confrontée à une montée de l’opposition à la guerre au sein de son opinion publique. Vladimir Poutine tente de normaliser la situation en instaurant en juin 2000 une administration tchétchène pro-russe, dirigée par le moufti Akhmad Kadyrov. En janvier 2001, il confie aux services de sécurité russes (FSB, ex-KGB) la direction des opérations en Tchétchénie, où la présence de l'armée doit être réduite. Le directeur du FSB, Nikolaï Patrouchev, est nommé chef de ce que la Russie nomme officiellement l’« opération antiterroriste «. Cependant, les indépendantistes tchétchènes, loin d’être défaits, continuent de harceler les forces fédérales par de nombreuses actions de guérilla. Les attentats se multiplient en Russie ; Moscou en fait porter la responsabilité sur les indépendantistes tchétchènes qui le nient. Ceux-ci tentent en outre de renforcer leurs soutiens internationaux — en mars 2001, leur ministre des Affaires étrangères est reçu à Washington. En juillet 2001, à la suite de la découverte et de la dénonciation d’exactions commises par les militaires russes (exécutions sommaires, sévices, disparitions), le président Poutine doit reconnaître les « abus « de son armée.

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les nationalistes tchétchènes, assimilés au terrorisme islamiste, se retrouvent au centre de la lutte mondiale engagée contre le terrorisme. Après que Vladimir Poutine a invité les indépendantistes à déposer les armes dans le cadre de cette lutte, le dialogue s’engage en novembre 2001 entre Viktor Kazantsev, émissaire du président russe, et Akhmed Zakaïev, représentant du président tchétchène Aslan Maskhadov.

La reprise des négociations reste cependant sans suite et le conflit s’enlise, dans l'indifférence de l'opinion et des gouvernements occidentaux. Alors qu’en janvier 2002, l’état-major russe affirme avoir remporté la victoire en Tchétchénie, au mois d’août, plus de cent soldats périssent dans le crash d’un hélicoptère russe abattu par les rebelles. Ainsi, tout au long de l’année 2002, les opérations militaires menées contre la guérilla répondent-elles aux attaques tchétchènes contre les forces russes et les responsables tchétchènes pro-russes. Le conflit tchétchène revient sur le devant de la scène internationale en octobre 2002, lorsqu’un commando tchétchène prend en otage plus de 700 spectateurs dans un théâtre de Moscou. Dirigé par Movsar Baraïev (23 ans), le commando réclame la fin des combats et le retrait des troupes russes de Tchétchénie. La prise d’otages se conclut tragiquement dans la nuit du 25 au 26 octobre par l’assaut des forces spéciales russes.

Tandis que cet acte terroriste fait craindre une radicalisation de la résistance tchétchène, la tenue du premier « Congrès mondial tchétchène « à Copenhague, quelques jours après la prise d’otages sanglante, permet à une centaine de participants de la diaspora tchétchène d’appeler la Russie à mettre fin aux hostilités et à engager des négociations avec le président indépendantiste Aslan Maskhadov. Mais la traque de cet indépendantiste modéré continue et, en mars 2005, il est tué par les forces russes. Sa mort laisse la guérilla tchétchène aux mains du chef de guerre islamiste Chamil Bassaïev, qui a revendiqué la prise d’otages de septembre 2004 dans l’école de Beslan (Ossétie), dont l’assaut s’est soldé par la mort de plus de 300 personnes, dont de nombreux enfants.

Depuis la reprise de la guerre en octobre 1999, la guerre en Tchétchénie a fait entre 10 000 et 20 000 victimes dans la population civile, les pertes russes s’élevant officiellement à 4 500 morts.

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