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La technique domine-t-elle la nature ?

Publié le 14/10/2005

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La réalisation de tout ce qui est techniquement possible est fonction des possibilités que la technique offre au moment où l'on en parle. Originairement la technique s'attache à combler les déficiences naturelles de l'homme. L'homme est en effet dépourvu de moyens efficaces de se défendre : à la différence de nombreux animaux, l'homme est peu protégé et très mal équipé en armes défensives, et il ne possède aucun savoir faire inné. Bref, du point de vue physique, l'homme est inférieur à l'animal. Cependant il possède un esprit doué d'imagination. Platon exprime cela dans le Protagoras en reprenant à son compte le mythe de Prométhée. Prométhée dérobe aux dieux l'habileté et le feu et offre ainsi aux hommes les arts utiles à la vie. C'est en réalisant, grâce à ces atouts qui l'élèvent au-dessus de la condition animale, tout ce qui lui est techniquement possible que l'homme a pu survivre : il a dû exploiter cette ressource technologique primaire pour trouver les moyens de survivre, en fabriquant des outils et des armes en éloignant les animaux qui mettaient sa vie en péril. Aristote, en définissant la technè -tout ensemble art et technique- comme ce qui a pour caractéristique "de faire naître une oeuvre", soulignait la dette de l'homme à l'égard de la technique. C'est grâce à elle que l'homme peut exercer et développer sa créativité.
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« D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature.

La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement,artificiellement la nature. Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une nature désenchantée est encore le nôtre. Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »). Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait lamétaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relèvedu corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux àdes machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La« philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, jecrois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. » La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. [Heidegger : la technique moderne, provocation monstrueuse des énergies naturelles.] Trois siècles plus tard, Heidegger (1889-1976) écrit, à l'inverse, que latechnique moderne constitue une «provocation» par laquelle la natureest comme mise en demeure de livrer une énergie qui puisse êtreextraite et accumulée.Une centrale électrique, écrit-il, est mise en place sur le Rhin.

«Elle lesomme de livrer sa pression hydraulique, laquelle somme à son tour lesturbines de tourner» («La question de la technique», in Essais etconférences, 1954).

Le fleuve «apparaît, lui aussi, comme quelquechose de commis.

La centrale n'est pas construite dans le courant duRhin comme le vieux pont de bois qui, depuis des siècles, unit une rive àl'autre.

C'est bien plutôt le fleuve qui est muré dans la centrale» (ibid.). 1.

Le projet cartésienPour Heidegger, l'ère moderne réalise le projet cartésien de maîtrise etde domination de la nature.

Elle est l'ère où se manifeste dans touteson ampleur la technique, la mobilisation de toutes les forces en vued'une exploitation.

Toute la nature est devenue, non plus objet decontemplation ou de pensée, mais un fonds exploitable et calculable, ycompris l'homme lui-même qui n'en est que le gérant.

Ainsi, le Rhin, dontle poète savait dire le mystère, n'est plus qu'une énergie électriquepotentielle, qu'une source d'énergie sommée de se livrer (La Questionde la technique). 2.

La signification de la techniqueCette description du monde technique n'est pas, pour Heidegger, l'occasion de s'inquiéter pour l'homme, ausens où il le croirait menacé par des catastrophes, mais de diagnostiquer un nouveau rapport de l'homme àl'Être qui s'annonce.

D'une part, l'étant, l'ensemble de ce qui est, est sommé de se livrer sous une formecalculable (ainsi, le scientifique questionne tel ou tel phénomène pour en obtenir une maîtrise mathématique) ;. »

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